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AMADOU LAMINE SALL : DES NOCES DE MAMAN BINTA À LA SAGA DE POULELE

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En ce mois de mars à la condition féminine dédiée par la communauté internationale, une sorte de parfum exaltant d’amour exhale du dernier ouvrage du divin Amadou Lamine SALL intitulé les NOCES DE MA MERE. Ouvrage qu’il me fit l’honneur de m’offrir gracieusement en même temps que le recueil de poème POULELE SONG MON OURSE DES SAVANES.
Binta DIALLO muse silencieuse du poète hier comme aujourd’hui Poulèle. Binta la peulh intrépide, bergère ardente des verdoyantes prairies de Mpal.
Mpal au soleil cinglant. Mpal aux pâturages ondoyants. Binta nourrice autant que nourricière à la sève féconde ……
Un doux parfum de prédestination…
Sève féconde dont elle irrigua si tendrement un certain
Mohamed El Amine fils de son père, petit fils de Bocar….
Sève fécondante de fécondité. Sève qu’un
certain poète à la faconde inégalée but à la lie.
Un certain Amadou Lamine SALL à la plume incandescente.
Amadou Lamine SALL dont le geste poétique emprunte de façon religieusement sacrilège au poétiquement démiurgique du verbe divin !
Décidément il en faut de tout le superbe d’un poète nourri tout à la fois de sine, de seine, de sel et de saloum pour dire les noces de sa propre mère.
A parcourir les lignes du récit si court si-long, seulement gros de soixante-neuf versets pour quatre-vingt-seize vers
Trésors incommensurables pour nos imaginations, autant de leçons de vie.
Quel régal ! Quels souffles d’airs purs. Quelle candeur, Quelle naïveté, Quelle innocence tant enfantines que célestes !
Des noces de sa maman Binta à la saga de Poulèle Song, il y est mêment question d’amour, de mort c’est dire de vie, d’enfance et possiblement de destinée.
De l’amour il n’y a sans doute de plus belle figuration que celle du père du poète Dembel littéralement subjugué tel l’aigle l’éclair par l’indicible, l’ineffable de la beauté sauvagement mais suavement foudroyante d’une sorcière – « passante considérable » nommée Binta ! Binta pour Dembel, météorite d’une après-midi ensoleillée de Kaolack.
Dembel subitement tel un forcené immobile à grand pas. Dembel tel achille devant la tortue.
Dembel arraché à lui-même, l’âme tourmentée, le corps errant, quêtant empêcher les rayons du soleil se repaitre de la beauté fulgurante de Binta- la fugueuse de Mpal
Mpal furieuse telle Joal l’ombreuse
Mpal pour Binta autant terre d’heurs que d’heurts.
De Mpal à la quête du graal kaolackois.
De la mort Mohamed El Amine fit la terrible expérience avec le décès du pater protecteur, adulateur. Dembel fils de Ndioguel SALL, Ndioguel le mystique aux rapports si particuliers avec Dieu ! Mort brutale de Dembel. Abysses du chaos pour Mohamed EL Amine orphelin à jamais !
A jamais ? Que non ! juste le temps d’un tango, d’un tam-tam, d’un chant pour Poulèle.
Poulèle en la besace du poète Amadou Lamine SALL lui-même redoutable chasseur d’une espèce rare, l’ourse des savanes. Poulèle-l’ourse joyeuse, joyeuse de sa captivité se sachant conquérante triomphante solitaire du cœur si rebelle du poète. Poulèle vainqueur enjouée de la partie de chasse... Au soir des comptes. Et le poète de célébrer sa défaite consentie, sa victorieuse capitulation par cette oraison funèbre à la mort de la mort :
« il est des amours que la mort ne peut vaincre
et le nôtre est le bourreau de la mort
la mort qui sépare
la mort qui n’a pitié
la mort qui ne sourit pas qui ne rit pas qui ne dort pas
la mort qui ne se souvient de rien qui ne vit que du présent
la mort ne se souvient pas des douleurs et des solitudes engendrées elle oublie vite le sang sur son épée
elle oublie vite les larmes de l’orphelin ». Ecrit le poète
Volant à Miles Davis le sulfureux de sa trompète,
à Socrate l’audace de sa maïeutique
à Platon le poétique de sa philosophie,
Mohamed El Amine à genoux devant sa Poulèle, ourse indomptée.
Amadou Lamine SALL saignant d’amour, sanglotant comme naguère « les violons de l’automne » : écrit toujours
« Je te conte tout cela mon cœur
car je suis le plus comblé des hommes depuis que tu es venue habiter
et mon cœur et mon sang et mes veines et mon sommeil et mes rêves
il n’y a si longtemps que je ne rêvais plus
et tu es venue résumer tous mes rêves
tu étais et tu es mon unique rêve le seul songe d’une vie
et quand tu es arrivée je suis devenu propriétaire de la terre
propriétaire du ciel maitre des anges et gardien du paradis
je t’aime
et tout se tait ».
Merci Amadou Lamine, tout se sait !
Merci Mohamed El Amine éternel écologiste de l’esprit.
Pour que mots ne meurent.
OUI tout se sait.
J’ai compris.
Désormais Poulèle ne pleura plus.
Tant que Mante des aurores continuera à livrer le secret des Amantes d’Aurores.
J’ai compris en même temps ton pieux blasphème « Dieu est femme ».
J’ai compris aussi avec toi le secret que tu as volé aux vierges de ndayane aux pagnes pures…

Pr El Hadji Songdé DIOUF

11 avril 2022


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