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ASSAITOU MARONG, UNE SUCCESS STORY GAMBIENNE

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Touche à tout, Assaïtou Marong surnommée Iso (prononcé Aïsho) a finalement trouvé sa voie. La Gambienne, de mère sénégalaise, excelle dans l’art de la coiffure. Elle fait des merveilles avec tout type de cheveux. Avant de revenir sur son parcours, elle insiste sur ses origines. « Je suis née en Gambie mais j’ai grandi entre la Gambie et le Sénégal. Ma mère est d’origine sénégalaise mais elle a vécu en Gambie. Pour moi, c’est un même pays. J’ai des parents dans les deux pays. Ma mère, Sarata Sadio, vient de la Casamance plus précisément de Thionck-Essyl », nous confie-t-elle. Elle connait également bien Saint-Louis où elle a passé des vacances, chez son oncle, le grand-frère de sa mère. La ville de Touba lui est également familière. Pour la petite histoire, sa mère, membre d’un dahira mouride, l’a faite conduire dans la ville sainte, alors qu’elle vivait les affres de l’accouchement.

Iso envisage, aujourd’hui, d’investir dans son pays. En ce moment, elle quitte l’hôtel avant 09 heures et rentre, éreintée, le soir. Elle avoue, toutefois, qu’il n’est pas du tout facile de le faire en Gambie compte tenu de plusieurs facteurs. Au-delà de prendre toutes les précautions pour protéger son investissement, pour le secteur dans lequel elle exerce, il lui faudra aussi s’assurer que les jeunes qu’elle emploie soient bien formés. A l’en croire, il ne suffit pas seulement de traiter les cheveux, « il arrive que des clients veulent se confier. Il faut être psychologue aussi. » Elle a développé ces atouts, quand elle a rejoint Vienne, en 2004.


Rencontrée à l’hôtel Baobab, à Bijilo, quartier résidentiel situé à quelques kilomètres de Banjul, la capitale gambienne, elle rentre au bercail après une longue absence. Après son cursus scolaire, elle a enchaîné les petits boulots, elle a même été employée de maison. Avant d’ouvrir son propre mini marché. Mais, elle cédera son commerce pour rejoindre son époux à l’étranger. Elle ne regrette rien, dit-elle. C’était en 2004. « J’ai dû presque reprendre à zéro. C’était très difficile au début. Parce que je ne parlais même pas la langue. » En véritable débrouillarde, elle y est parvenue. Formée en business management, elle a su se réinventer pour profiter des opportunités qui se présentaient à elle. Sa voix tremble quand elle raconte qu’elle était, à l’époque, obligée de laisser son bébé, à contre-cœur, pour aller faire une formation. « Mon bébé était âgé de trois mois. Cela m’angoissait de le laisser à la maison. Je n’avais pas l’esprit tranquille. Ce n’est vraiment pas facile pour une mère. C’est alors que j’ai arrêté parce qu’il arrivait que je descende tard. Heureusement que tout cela est derrière moi, aujourd’hui. J’ai su très vite gagner la confiance de mes employeurs. Mes clients (es) ne peuvent plus se passer de moi. »

« La femme doit être indépendante »

Avant d’embrasser la coiffure, don qu’elle a hérité de sa mère, Iso a toujours excellé dans le business. « Entre 10 et 11 ans, déjà, j’avais l’habitude d’économiser mon argent jusqu’à réunir un petit pécule. J’achetais de la farine, des œufs et du sucre, je préparais des beignets ou des cakes que je vendais à mes copines. Je n’ai jamais manqué d’argent », observe-t-elle

Après 17 ans d’absence, elle jette un regard neuf sur la Gambie. « Je vois qu’il y a eu du changement. J’ai l’impression que les gens ne dorment pas, ici. Ils sont hyperactifs. Je vois des femmes se débrouiller. Les hommes aussi. Des jeunes enchaînent deux boulots. Ils crient beaucoup mais ils sont amicaux. C’est rassurant. » La campagne présidentielle ne la laisse également pas indifférente. Elle est surtout rassurée par l’ambiance. « Je suis contente de voir cette atmosphère de paix. Chacun est libre de supporter le camp qu’il préfère. C’est vraiment important. Pourvu que cela continue comme ça. L’élection ne doit pas changer la donne », plaide la citoyenne d’ethnie socé, priant pour un scrutin pacifique samedi.

Son autre plaidoyer porte sur la condition des femmes. Parmi les six candidats en lice pour la présidentielle gambienne du 4 décembre, aucune femme n’y figure. Elle le regrette. « On doit donner leur chance aux femmes. Parce que la femme a aussi son mot à dire », défend-elle, toutes griffes dehors.

Par contre, relève-t-elle : « les femmes doivent apprendre à être indépendantes. La place de la femme n’est pas qu’à la maison ou dans la cuisine. Elle joue déjà ce rôle. Mais, elle peut exercer une profession, pour son épanouissement. Elle ne doit pas dépendre que de son mari ».

Elle cite son exemple : « Mon époux vit au Canada. Il travaille comme moi. Il est ingénieur. Mais, la distance n’est plus un problème. On trouve le temps de se voir quand il le faut ».

Dié BA, envoyée spéciale

4 décembre 2021


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