Au Mali, plusieurs associations ont réagi ce dimanche à l’annonce officielle du 18 juin pour le référendum sur le nouveau projet de Constitution qui affirme “l’attachement à la forme républicaine et laïque” de l’État.
Religieuse, culturelles ou politiques, beaucoup d’associations maliennes ont pressé le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, de lancer des consultations en vue du retrait du principe de laïcité de l’État dans le projet de Constitution soumis à référendum. Si leurs revendications ne sont pas prises en compte, “elles feront campagne pour le non”, disent-elles dans une déclaration transmise à l’AFP au lendemain de l’annonce de la tenue du référendum prévu pour le 18 juin.
Pour préserver les valeurs religieuses et sociétales
La population malienne est musulmane dans son immense majorité. Et malgré les pressions exercées par des religieux, le texte soumis à référendum avec trois mois de retard énonce l’“attachement à la forme républicaine et à la laïcité de l’État”. “La laïcité ne s’oppose pas à la religion et aux croyances, affirme le projet de loi fondamentale. Elle a pour objectif de promouvoir et de conforter le vivre-ensemble fondé sur la tolérance, le dialogue et la compréhension mutuelle”.
Réunis au sein du collectif « Appel du 20 février pour sauver le Mali », des associations ont décidé d’empêcher par les voies légales la tenue de ce référendum. Leur objectif ? Demander l’annulation du décret qui convoque le corps électoral. Et pour y arriver, ils s’appuient sur l’argument selon lequel les autorités de la transition n’ont pas la légitimité pour poser cet acte. Les contestataires préviennent que la bataille se mènera également sur le plan politique. Pour eux, outre les problèmes d’organisation techniques du scrutin annoncé, ce référendum consacre “la partition du Mali, en remettant en cause l’unité nationale, plus des deux tiers du territoire étant plongés dans l’insécurité généralisée”.
Rétablir l’ordre constitutionnel
La Ligue malienne des imams et érudits (Limama), une influente organisation de responsables religieux, avait déjà appelé les fidèles à s’opposer au projet. De leur côté, les associations signataires de la déclaration de samedi disent s’unir dans un “Mouvement de soutien à la Limama contre la laïcité”. Elles affirment la nécessité d’adapter la Constitution aux valeurs religieuses et sociétales. Elles sont aussi convaincues qu’il ne saurait y avoir de vraie refondation possible au Mali, vieille terre d’islam, sans référence à Dieu.
La liste des signataires se compose de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS) de l’influent imam Mahmoud Dicko, figure tutélaire de la contestation qui avait précédé le renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta par les militaires en 2020. Quant à l’alliance de l’“Appel du 20 février pour sauver le Mali”, ils pressent pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel afin de tourner la page de transition.
Le débat sur la tenue ou non du référendum sur le projet de Constitution devrait encore plus déchaîner les passions cette semaine. Les partisans des autorités de transition ne se sont pas encore exprimés.
Marie Claire DIOUF (Stagiaire)
8 mai 2023