Comme chaque année depuis 2013, la Grande Rentrée Citoyenne offre à la jeunesse sénégalaise l’opportunité de rencontrer et d’écouter des personnes au parcours inspirant. Cette année, 5 mentors issus des Sciences, de la Technologie et du Sport était au rendez-vous.
Le chemin qui mène à la réalisation de soi et à l’atteinte de ses objectifs peut être parsemé de doutes, d’échecs et de désillusions. Il est donc important pour un jeune d’avoir un modèle qui va l’encourager, le guider et le soutenir. C’est la raison d’être de la Grande Rentrée Citoyenne qui met en contact élèves, étudiants et entrepreneurs avec des modèles de réussite. “Il ne s’agit pas de culte de la personnalité mais de transmission d’énergie”, explique Amy Sarr Fall, Directrice d’intelligences Magazine et promotrice de l’événement qui s’est tenu au Grand Théâtre. Pour cette 11éme édition, les mentors choisis viennent du monde de la science, de la technologie et du sport.
Il s’agit du Pr. Amadou Alpha Sall, Directeur de l’Institut Pasteur de Dakar, de Mme Marième Ndoye Decraene, Directrice Générale de la Société Africaine de Raffinage (SAR), de M. Youga Sow, Président-Directeur Général de Sococim Industries, de Mme Birame Sock, Directrice Générale de Kwely, et enfin, de M. Amadou Gallo Fall, Président de la Basketball Africa League (BAL) de la NBA. Pour ces mentors, c’était l’occasion de revenir sur leurs parcours inspirants et de prodiguer des conseils à la jeunesse. Un ensemble d’enseignements et de leçons de vie ressortent de ces récits.
Le chemin qui mène au succès est pavé d’épreuves de sacrifices et de difficultés. Ainsi, pour Birame Sock, les débuts de sa carrière d’informaticienne aux Etats-Unis sont marqués par le dénuement. Travaillant pour une startup confrontée à des difficultés à lever des fonds, elle a dû rester 4 mois sans percevoir de salaire. “Je vivais de nouilles, de coca et de dettes”, se souvient-elle. Cependant, consciente du fait que “sans faire face aux réalités du présent, il n’y a pas de futur”, elle refusait de se plaindre et redoubla plutôt d’efforts. Une abnégation qui a généré ses fruits. En plus d’avoir créé Shazam, l’une des applications les plus populaires au monde, elle dirige aujourd’hui Kwely, une plateforme en ligne similaire à Amazon ou Alibaba, mais destiné à la mise en valeur du Made in Africa.
Un autre enseignement concerne l’importance de suivre sa passion et d’avoir un impact positif sur la société. Amadou Gallo Fall est aujourd’hui le Directeur Afrique de la NBA. Pourtant, il n’a pas grandi avec le rêve de devenir Basketteur. Voulant aider les autres, c’est vers une carrière de médecin qu’il semble destiné dans un premier temps. Toutefois, arrivé aux Etats Unis, il se découvre une réelle passion pour le sport et les valeurs de travail et de résilience qui lui sont associés. Il comprend aussi que le Basket peut être plus qu’une passion, un moyen de créer de la valeur et de servir sa communauté. Aujourd’hui, il travaille à rendre le basket ball plus accessible, à offrir des opportunités à de jeunes prodiges et à répandre en Afrique le système sport-études qui fait la force des Etats-Unis.
L’histoire du Pr Amadou Alpha Sall illustre l’importance de l’éducation pour se forger un destin de Leader. Une expérience en particulier l’a fait s’intéresser à la santé. Quand il était un peu plus jeune, sa mère tenait un restaurant. Entre l’âge de 10 et 18 ans, il lui était confié la responsabilité d’amener le repas à des personnes malades dans les hôpitaux. Côtoyer ces personnes qui souffrent lui fait réaliser l’importance d’être en bonne santé et d’avoir de l’empathie. C’est ainsi qu’est né son intérêt pour la biologie qui le conduira, après de brillantes études, à devenir un éminent chercheur. Cependant, il prévient la jeunesse que le talent seul ne fait pas le succès. “La foi, le travail et l’éthique” qui ont été les piliers de l’éducation qu’il a reçu de sa famille ont grandement contribué à sa réussite. En 2016, il devient le 1er africain à diriger l’Institut Pasteur et durant la pandémie de Covid19, son leadership a été déterminant.
Mariéme Ndoye et Youga Sow ont des parcours assez proches. Tous les deux sont issus de milieux modestes et sont devenus à force de travail des capitaines d’industries. Marième Ndoye a grandi à Colobane, un quartier qu’elle même qualifie de “quartier qui traine une certaine réputation”. Après des études au Lycée Kennedy, elle intègre l’Ecole Polytechnique de Thiès et devient ingénieure. Elle travaille d’abord dans une entreprise de BTP avant de rejoindre Agetip et Ageroute. En novembre 2020, elle devient la 1ére femme à diriger la Société Africaine de Raffinage (SAR). De son côté, Youga Sow a grandi dans une famille de bergers du Ferlo. Après son Bac obtenu au Lycée Blaise Diagne, il rejoint l’Institut des Sciences et de la Terre (IST). Pendant six ans il travaille pour une compagnie minière à Kédougou dans des conditions difficiles : “En plus de la chaleur, il y avait des serpents partout”. Toutefois, il s’accroche et ne renonce qu’après la chute des prix de l’or qui complique la situation économique de son employeur. Il rejoint donc brièvement la fonction publique avant d’intégrer la Sococim dont il est devenu le PDG en 2012.
Outre ces récits inspirants, les mentors ont prodigué des conseils déterminants dont trois sortent du lot : La nécessité d’avoir une passion et de l’entretenir par des efforts et de la persévérance, l’importance de servir son pays et de se rendre utile à travers sa passion et son travail et enfin, le besoin crucial pour l’Afrique de suivre les filières scientifiques et techniques. Et Amy Sarr Fall de conclure par un appel aux jeunes à ne laisser aucune distraction les détourner de leurs objectifs : "Ne perdez pas votre jeunesse dans l’euphorie ou dans l’indignation. Concentrez-vous sur vos objectifs pour construire un avenir dont vous pourrez être fiers”.
Marly DIALLO
28 février 2023