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GANDOUL, UN DON DE LA STATION TERRIENNE DE TÉLÉCOMMUNICATIONS

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Gandoul est un village chargé d’histoire qui a abrité la première station terrestre de télécommunications par satellites de l’Afrique construite en 1972. Malgré ce glorieux passé, le village dispose de moyens limités. La construction d’infrastructures par la Fondation Sonatel pourrait-il changer la donne ? Emedia est allé à la rencontre des principaux acteurs.

Essayer de passer en revue les gestes qui composent votre quotidien et contribuent à l’enrichir. Il vous arrive d’utiliser votre téléphone pour communiquer ? D’écouter la radio ou de regarder la télé pour l’information et le divertissement ? De vous connecter à internet pour faire tout ce qui a été précédemment cité et bien plus ? Si vous faites tout cela à partir de l’Afrique de l’Ouest, vous devez une fière chandelle à un petit village situé dans la commune de Diass : Gandoul. En effet c’est à Gandoul qu’a été construite la première station terrienne de télécommunication par satellite de l’Afrique de l’Ouest en 1972. Avant cette date, toutes les télécommunications venant ou partant du Sénégal étaient établies grâce au câble sous-marin. Avec le lancement de Spoutnik an 1957, les Russes ont été les premiers à lancer un satellite. À partir des années 1960, on a commencé à utiliser cette technologie pour établir des communications à distance au même titre que le câble. Cependant, il faut attendre le début des années 1970 pour que l’Afrique intègre le cercle des bénéficiaires du satellite.

La Station de Gandoul a permis, pour la première fois, de connecter, le Sénégal et l’Afrique au reste du monde par satellite. Le choix de ce village n’est pas arbitraire. En effet, il est situé dans une zone propice pour permettre à cette station abritant une immense antenne parabolique de 32 m de diamètre de mieux capter le rayonnement solaire. C’est sur ce site qu’en 1972, le Président Senghor émis le premier appel téléphonique par satellite depuis l’Afrique en direction de son homologue français Georges Pompidou. « Monsieur le Président, bonsoir, Senghor au bout du fil. Je vous envoie du soleil depuis le Sénégal », tels sont les premiers mots de cet échange entré dans l’histoire au même titre que Gandoul.

Dans les années 1980, ce village vaudra un autre honneur au Sénégal. En effet, la station terrienne sera mise à contribution par la NASA pour les préparations du lancement de la navette Columbia. Malgré ce glorieux passé, Gandoul était resté un village isolé aux moyens limités. Une fois l’autoroute à péage dépassée, la voiture qui nous y mène s’engage sur une route en latéritique bien moins lisse tracée dans un environnement dépeuplé et désertique. De la terre de couleur orangée qui tapisse la zone se dégage une poussière tenace dont l’effet est accentué par un vent particulièrement violent. Enfin, après cette brève traversée du désert, on arrive à ce village qui se dresse telle une modeste oasis. On distingue des maisons sans prétention mais spacieuses et propres. Le village a été fondé il y a deux siècles par des socés mais la population actuelle est majoritairement sérère. L’endroit est calme et semble dépeuplé.

On finit par comprendre que tous les habitants sont réunis à l’école pour assister à l’inauguration des infrastructures réhabilitées et construites par la Fondation Sonatel. Sur place, il règne une ambiance festive entretenue par des hommes, femmes et enfants visiblement enchantés et chaleureux. C’est un jour spécial, l’occasion pour les Gandoulois d’étrenner leurs dernières acquisitions offertes par la Fondation Sonatel : Une école de 7 classes avec cantine et terrain multisport, un daara moderne, un poste de santé et un marché. Ces réalisations entrent dans le cadre du projet Village de la Fondation qui cible des communautés rurales à travers le Sénégal et leur construit des infrastructures liées à l’éducation, la santé et le bien-être des populations. Gandoul a été le huitième village ciblé et le coût total des investissements est estimé à 400 millions de FCFA. Les habitants sont visiblement fiers et reconnaissants.

“Dans les 19 villages autour de Gandoul, il n’y a pas un seul disposant de telles infrastructures. Je suis particulièrement heureuse qu’on dispose d’un marché car il nous fallait auparavant parcourir des km jusqu’à Sébikotane pour faire nos courses”, se réjouit Astou Sall, membre du Groupement des femmes de Gandoul. Même soulagement et enthousiasme de la part de Aliou Ciss, Infirmier en chef du Poste de santé : “les populations avaient d’énormes soucis liés à l’absence d’établissement sanitaire proche”.

Tout en se réjouissant de ces réalisations, Ousmane Diouf, Chef de village rappelle que le plus important sera de préserver ces joyaux par des comportements exemplaires. Il faut dire que l’école qui a été réhabilité était dans un état de délabrement avancé et manquait de presque tout. En plus de la reconstruction, des nouveautés ont été introduites : l’éducation numérique avec des tablettes pour accéder à des contenus éducatifs diversifiés et le concept école verte qui met l’accent sur des activités agricoles et de préservation de l’environnement.

Emmanuel Diouf, 1er instituteur du village en poste depuis 1999, est satisfait : “Nous évoluons aujourd’hui dans un environnement idéal source de motivation et quand on est motivé, on peut réussir beaucoup de choses”. Les effets de ces innovations commencent déjà à se faire sentir avec une augmentation des effectifs qui sont passés de 180 à 225 élèves. Cette croissance est en partie due au fait que les villages environnants envoient leurs enfants à l’école de Gandoul pour qu’ils aient accès à la meilleure éducation possible. Juste en face de l’école, le Daara a aussi bénéficié d’une cure de jouvence dont elle avait grandement besoin. “Auparavant, le daara était dans un état délabré. Lorsque le vent soufflait, le toit flottant en faisant un grand bruit, faisait peur aux enfants”, se souvient Oustaz Mbaye Ciss, Directeur du daara. Au-delà de la satisfaction, tous semblent déterminés à joindre leurs efforts pour que ces réalisations portent leurs fruits et marquent la renaissance d’une zone chargée d’histoire.

Marlyatou DIALLO (Envoyée spéciale)

20 février 2023


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