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« L’HYPER PRÉSIDENTIALISME A FAIT TRÈS MAL AU SÉNÉGAL » (CHEIKH T. GADIO)

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Le 30 mai prochain a été retenu comme étant la date du démarrage du dialogue national. En effet, le président de la République, Macky Sall, a invité toutes les forces vives de la nation autour d’une table pour discuter de la situation du pays. Invité de l’émission Jury du Dimanche, Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères et actuel président du Mouvement politique citoyen a rappelé qu’il a eu l’honneur d’être invité dans le dialogue précédent et il était le président de la commission ressources naturelles pétrole – gaz.

« Nous avons fait un excellent travail mais la Covid nous a interrompus. Le travail a été suspendu et n’a jamais été ramené sur la table. Ce qui me gênerait, moi c’est que le dialogue soit une réaction à une crise qui est là larvée, une crise extrêmement grave qui touche à l’identité de notre pays et à notre peuple. Une crise qui a fait du Sénégal un peuple méconnaissable. Si on fait le dialogue avec l’objectif principal de résoudre les problèmes internes de la classe politique si c’est cela, c’est un dialogue pas national, mais un dialogue entre les politiciens. Or, le dialogue que nous voulons c’est le dialogue sur les fondamentaux de la République du Sénégal », a-t-il précisé.

Sur les ondes de la 90.3, Cheikh Tidiane Gadio souligne que l’absence de conversation nationale sur le Sénégal, sur l’Afrique nous a mené sur l’impasse. Et quand, dit-il, on décide de dialoguer, on circonscrit le dialogue à la question politique. « Le danger c’est que nous avons fait des hommes et des femmes politiques dans ce pays qui croient que le monde tourne autour d’eux. Et la classe politique sénégalaise est dans un naufrage profond. Pour cette raison, la classe politique a beaucoup plus d’écoute. S’ils n’écoutent pas les citoyens ils vont aller dialoguer pour quoi ? Alors que si on avait fait un dialogue national on allait débattre du désarroi de la jeunesse sénégalaise, la gravité de la situation de l’agriculture, de l’éducation, de la santé c’est des questions extrêmement importantes », a déclaré l’invité du Jury du Dimanche qui, a dénoncé les pouvoirs exorbitants donnés au président de la République au Sénégal.

« Quand vous voyez la marche d’un pays, tout tourne autour du pouvoir exécutif. Nous avons des constitutions monarchiques dans une République. L’hyper présidentialisme a fait mal partout dans le monde et aujourd’hui il fait très mal au Sénégal. Il faut l’arrêter. Il faut que le Sénégal ait le courage d’un virage très fort vers un système de partage du pouvoir et des gestions concertées du pouvoir. On doit arriver à faire réfléchir le président deux fois avant de prendre une décision. Mais dans notre système il n’y a pas de contrepouvoir qui dit non au président de la République », déplore-t-il.

Par ailleurs, à la question de savoir est-ce qu’il prendra part au dialogue, il a rétorqué : « vu que la crise est nationale, toutes les parties doivent prendre part au dialogue. S’il y’a une seule partie qui boycotte le dialogue, cette partie va handicaper le dialogue. Et ce serait malheureux pour des considérations personnelles ou des questions de stratégies politiques que certains discréditent le dialogue avant même qu’il ne se tienne. Ce que nous souhaitons encore une fois c’est du sérieux. C’est le Sénégal, son futur et son destin qui sont en jeu et beaucoup ne semblent pas le comprendre. Est-ce que la classe politique se rend compte que les sénégalais ont peur ? Est-ce qu’elle se rend compte que les sénégalais dorment mal ? Ils sont dans la prédiction des scénarios catastrophes et il faut que la classe politique arrête ».

Cheikh Moussa SARR
Pape Doudou DIALLO (Photo)

22 mai 2023


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