Le 12 mai 2023, les Nations Unies publient un rapport sur la tuerie qui s’est déroulée à Moura, centre du Mali, du 27 mars au 1er avril 2022. Selon cette enquête, au moins 500 personnes auraient été exécutées par les forces armées maliennes et leurs supplétifs russes. Des accusations jugées fallacieuses par les autorités maliennes de transitions qui ont annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire contre la mission d’établissement des faits des Nations unies.
Un rapport de Human Right Watch
La mission a enquêté pendant sept mois à Bamako, Douentza, Mopti, Ségou et Sikasso. Plus d’une centaine d’entretiens ont été conduits, notamment avec des personnes qui ont fui Moura à la suite de l’opération militaire, ainsi que des personnes arrêtées au cours de cette opération et qui ont été par la suite libérées. Des membres de la société civile, des humanitaires, des autorités civiles et militaires maliennes ont également été approchées par les enquêteurs, assure le rapport.
C’est sur la base de ces informations collectées que le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCR) estime qu’au moins 500 personnes, dont des femmes et des enfants, auraient été tués dans ce gros village d’environ 6 800 habitants, connu pour être un lieu de transit des djihadistes de la Katiba Macina. Des viols et autres violences sexuelles ont aussi été rapportés sur "au moins 58 femmes et filles".
Le Mali ouvre une enquête
“Espionnage”, “atteinte à la sûreté extérieure de l’État”, “complot militaire”. Telles sont les accusations prononcées samedi 13 mai par Bamako contre la mission d’établissement des faits du Bureau des droits de l’homme des Nations unies après la publication du rapport de 42 pages.
Pour Fousseyni Ouattara, vice-président du Comité de défense et de sécurité du Conseil national de la transition, qui constitue l’organe législatif du Mali, le rapport de l’ONU n’est pas crédible. " Sur un terrain de guerre, chaque fois que nous agissons, pourquoi l’ONU ou d’autres trouvent que ce sont des civils ? Ce sont des gens qui avaient des armes… Les gens qui étaient à Moura étaient des terroristes. Le rapport de l’ONU est un rapport fallacieux, tendancieux qui n’est basé sur aucune preuve”, réagit Fousseyni Ouattara.
Bamako riposte donc en dénonçant un “récit fictif” et en annonçant l’ouverture d’une enquête contre cette organisation, notamment pour “atteinte à la sécurité de l’État”. Un travail qui « va concerner les aspects liés à la prise des images par les satellites utilisés par la commission d’établissement des faits des Nations unies, explique sur RFI Mahamadou Konaté, docteur en droit public, spécialiste du droit international et du droit humanitaire à l’université de Bamako. Donc il s’agirait pour l’enquête de déterminer si ces satellites ont violé l’espace aérien malien ou pas. Il y a bien sûr une certaine hauteur qui rentre dans l’espace souverain de l’État. Dans la pratique, généralement, c’est 22 km au-dessus du territoire. Au-delà, c’est considéré normalement comme l’espace aérien international. »
Marie Claire DIOUF (Stagiaire, avec Rfi)
16 mai 2023