Faisant l’historique des réformes, le Directeur exécutif de la Cosydep, Cheikh Mbow, a rappelé, devant le JDD, ce dimanche 12 février 2023, que les années qui ont suivi l’Indépendance obtenue en 1960, « on nous parlait de nos ancêtres les Gaulois, à travers un prolongement du système éducatif français. » C’est ainsi qu’a-t-il rembobiné, les premières réformes sont survenues dans les années 1962, « où nous avons essayé de revoir les programmes. Ensuite, « on a avancé vers les années 1971, qui est aussi restée une date repère, après mai 1968, où nous avons essayé de revoir un peu les contenus. » C’est-à-dire que « nous avions un programme fondamentalement marqué par un bourrage. C’était comment faire pour donner le maximum de connaissances aux enfants. Il y avait beaucoup de disciplines. Et donc, c’est là où on était dans cet enseignement généraliste. » Après, il y a eu les états généraux de 1981, une des réformes phares de notre système éducatif.
Sauf qu’à la question de savoir : Est-ce qu’on a procédé à une véritable évaluation de toutes ces réformes ? Cheikh Mbow a répondu que « c’est ça notre problème fondamental, au Sénégal, nous n’évaluons pas toujours. »
Poursuivant, il a donné l’exemple des phases pilotes sous le règne du Président Abdou Diouf. « Nous l’avons vécu pendant longtemps, ça n’a jamais été évalué. Après, on a fait un bond pour aller dans l’approche par compétences. » D’où sa suggestion : « il ne faudrait pas, pour redéfinir ou repenser notre système éducatif en termes de programmes, qu’on saute l’étape de l’évaluation. »
Pourquoi ? « Il faut systématiser l’évaluation, apprendre de ce que nous avons vécu pour pouvoir se projeter. Autrement, on sera dans du pilotage à vue ou juste être dans de la réaction. Toutes les réformes étaient des demandes extérieures, de partenaires, de syndicats. Cette fois-ci, c’est la demande d’apprenants. Il est essentiel de comprendre aujourd’hui qu’il nous faut d’abord entrer par une évaluation objective, profonde du programme actuel avant de nous lancer. Pour nous, c’est un élément essentiel. On ne peut pas simplement nous suffire de perception pour aller vers un changement de programmes. C’est du sérieux. »
Malheureusement, a-t-il constaté, « nos États étaient toujours dans une posture de réaction. On n’a jamais été anticipatoire ni prospectif. C’est ça qui fait que jamais ces réformes n’ont été pour la plupart sérieusement évaluées. Sans l’étape de l’évaluation, c’est souvent des controverses : qu’est-ce qu’il faut enseigner ? Comment faut-il enseigner ? »
Dié BA
Abdoulaye SYLLA (Photo)