À l’invitation du gouvernement du Mali, Alioune Tine, expert des Nations Unies a effectué une visite officielle dans le pays du 6 au 17 février 2023. Dans sa déclaration de fin de mission, l’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali a déclaré : « je me réjouis des progrès réalisés dans le processus de transition démocratique et de la légère baisse des violations des droits de l’homme et des atteintes à ces droits documentés au cours du dernier trimestre de 2022. (…) Alors que le pays s’engage dans un processus électoral, un débat d’idées sur les programmes et les politiques doit être encouragé ». Il poursuit : « ma mission s’est déroulée dans un contexte tendu, marqué par le rétrécissement continu de l’espace civique, les attaques contre les défenseurs des droits humains et la société civile par des acteurs étatiques et non étatiques ». Toujours dans sa déclaration, il a renseigné que son arrivée au Mali le 5 février a coïncidé avec la décision des autorités maliennes, le même jour, de déclarer « persona non grata » le directeur de la division des droits de l’homme de la Mission de maintien de la paix des Nations unies au Mali (MINUSMA).
« Pour la première fois, à notre arrivée à l’aéroport de Bamako, mon assistant et moi avons fait l’objet d’une interpellation et d’un interrogatoire de la part d’officiers de police. Par la suite, j’ai protesté auprès des autorités qui ont exprimé leurs regrets. Malheureusement, ce climat lourd et malsain est entretenu par un groupe d’individus et d’organisations non étatiques qui menacent et jettent le discrédit sur la société civile et les institutions internationales et relèguent au second plan les progrès réalisés par le Mali », a-t-il souligné. Avant d’enchaîner : « je suis extrêmement préoccupé par le rétrécissement de l’espace civique, de la liberté d’expression et d’association, et par l’aggravation de l’autocensure, comme l’illustrent les attaques contre les défenseurs des droits humains dénoncées par plusieurs acteurs, dont la Commission nationale des droits de l’homme du Mali. J’ai moi-même fait l’objet d’attaques verbales sur les réseaux sociaux avant et pendant ma visite ».
Selon lui, les défenseurs des droits humains, les journalistes et les autres professionnels des médias ont évoqué des sujets tabous qu’ils n’osent plus aborder par peur des représailles des autorités maliennes de transition et de leurs partisans, notamment sur les réseaux sociaux. L’expert de l’ONU a indiqué que les violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits documentés par la MINUSMA au cours du dernier trimestre de 2022 ont connu une baisse de 7,46%. Tine a salué l’adoption le 1er février 2023 d’un projet de texte sur la création d’une Direction nationale des droits de l’homme et les efforts en cours pour poursuivre en justice une centaine de personnes impliquées dans des atteintes aux droits humains liés à l’esclavage par ascendance. Il a relevé, par ailleurs, les graves atteintes aux droits humains qui continuent d’être commises par les groupes extrémistes violents, notamment les meurtres, les enlèvements, les menaces contre les civils, le pillage du bétail et le viol des femmes et des filles. Il a déclaré avoir reçu des informations au cours de sa visite selon lesquelles des membres du personnel militaire et de sécurité russe (désignés sous le nom de « Wagner ») ont participé à des opérations militaires, terrorisé des villageois, exécuté des civils, volé des biens, notamment du bétail et des bijoux, et violé des femmes et des filles.
« Toutefois, je tiens à souligner, comme je l’ai fait dans de précédents rapports, que des sources crédibles m’ont communiqué des informations selon lesquelles des membres du personnel militaire et de sécurité russe russes participeraient bel et bien à des opérations de combat et commettraient de graves violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits », a déclaré l’expert. Il faut dire que l’expert indépendant présentera son rapport annuel au Conseil des droits de l’homme en mars 2023.
CMS
21 février 2023