À Charm El-Cheikh, Maguette Ba tentera de convaincre les dirigeants du monde de l’urgence de passer à l’action pour un changement climatique. Greta Thunberg ne sera pas à la Cop 27. La jeune activiste sénégalaise pourrait porter ce chapeau. Découverte.
Elle est une jeune fille, très fun, de taille moyenne, teint noir, la tête bien voilée. Elle est une activiste et une amoureuse du climat. Maguette Ba chérit la nature comme si c’était son bébé. Native de Keur Massar, étudiante en électricité, spécialisée en énergies renouvelables au Lycée Seydina Limamoulaye de Guédiawaye, cette jeune sénégalaise aux mains vertes, fréquente les pépinières de la forêt classée de Mbao. Avec force et abnégation pour la défense de la nature, elle a été choisie pour représenter le Sénégal à la Cop 27 qui doit se tenir en terre égyptienne du 6 au 18 novembre prochains.
Le lien entre elle et l’écologie est naturel et la réponse simple. Elle a grandi dans un environnement assez vert. « Ma maison se trouve dans un jardin. Tous les soirs, j’accompagnais mes parents à cultiver la terre. Et durant les vacances, on cultivait du bissap, (oseille), de la tomate, bref tout ce qui peut accompagner la vie quotidienne de la famille. C’est comme ça que j’ai eu l’amour de la protection de l’environnement, de la nature plus précisément », relate-t-elle avec fierté. Avec son sens de l’observation, de fil en aiguille, elle apprend la notion du changement climatique et son impact sur notre vie. « Je me suis décidée à protéger cette nature », dit-elle.
À la Cop 27 pour défendre les droits des femmes et des filles…
Très ambitieuse, même si c’est sa première fois, Maguette ne compte pas être simple spectatrice à cette Cop 27. « Nous serons à la Cop pour défendre les droits des femmes et des filles en termes de changement climatique », annonce la fille qui évolue dans une Ong en tant que jeune volontaire pour l’environnement. Et c’est grâce à un partenariat avec Plan international qui a financé le voyage pour deux jeunes filles, dont elle. Son plaidoyer qu’elle compte lancer devant les autorités de la Cop 27 sera axé sur deux messages. Le premier, selon Maguette Ba, concerne les femmes et les filles. « En temps de guerre ou de crise, elles sont toujours les premières victimes. Donc, aujourd’hui, elles doivent être devant et participer aux prises de décision pour une meilleure gestion des crises climatiques », plaide-t-elle. « Le deuxième message, c’est à l’endroit des pays développés qui nous ont promis de financer le climat à hauteur de 100 milliards de dollars depuis 2020. Nous sommes en 2022, jusqu’à présent, il n’y a pas de décaissement », se désole-t-elle.
« L’heure n’est plus au bavardage »
Pour Maguette Ba, l’Afrique subit le plus les effets du changement climatique. Mais la présidence de l’Egypte exige que cette Cop soit « une Cop de mise en œuvre », souligne-t-elle. « Il faut qu’on concrétise tous ces textes qu’on a écrits. Il faut qu’on passe aujourd’hui à l’action. Je le répète toujours, l’heure n’est plus au bavardage. Cette Cop se passe en terre africaine, donc, en tant qu’Africains, on doit hausser le ton et exiger que nous passions à l’action », insiste-t-elle. Maguette Ba a, dans ses messages aux dirigeants du monde, quelque chose de Greta Thunberg, la militante suédoise pour le changement climatique.
Adama Aïdara KANTÉ
8 novembre 2022