Marie, nom d’emprunt, est une lingère. Elle envisage de déménager à Grand-Yoff mais ce lundi 4 avril, elle a quitté Grand-Dakar, à l’aube, pour se rendre aux Maristes, où elle propose ses services. Nous l’avons rencontrée aux Maristes, en "Meulfeu-Saari", près du domicile de l’une de ses clientes. Il s’agit plutôt d’un immeuble. Les clients de la dame logent à l’avant dernier et 4e étage.
Cette année, musulmans et chrétiens jeûnent ensemble bien que les seconds aient démarré depuis le 2 mars dernier. Là où pour les premiers, les démons de la division ont encore sévi. La majorité a commencé le dimanche 3 avril, après une minorité qui a plongé samedi. Au contact de l’eau presque toute la journée, la jeûneuse, âgée d’une quarantaine d’années, précise qu’elle ne ressent pas les effets de la soif. Par contre, après plusieurs allers et retours entre le 4e étage et la terrasse pour y étaler le linge, elle explique que la fatigue se fait ressentir de plus en plus. Comble de malchance, il arrive qu’elle retourne chez elle à 20 h passées, bien après l’heure de la rupture. « Du coup, je romps le jeûne à 21 heures », se lamente-t-elle. Heureusement pour elle, tous les jours ne sont pas lundi. Ainsi, il arrive qu’elle rentre plus tôt, à 11 h, 12 h ou 13 h, après une prestation chez d’autres de ses clients aux familles moins nombreuses.
Chrétiens et musulmans
« Par la grâce de Dieu, notre fête nationale se tient en période d’intense ferveur spirituelle avec le ramadan et le carême », s’est réjoui le chef de l’État, Macky Sall, dans son traditionnel message à la Nation du 3 avril, veille de la fête de l’Indépendance du Sénégal. Ce, pour souhaiter que « l’esprit de foi et de concorde que porte ce temps béni (puisse) raffermir notre vivre-ensemble dans la paix, la stabilité et l’harmonie nationales ». Notre interlocutrice apprécie cette coïncidence mais à un tout autre niveau. « C’est très bien parce que si vous (musulmans) jeûnez et nous (chrétiens) non, nous vivons un véritable calvaire. La preuve ! Dimanche, nous ne jeûnons pas. Mes trois enfants et moi avons dû nous passer de petit-déjeuner, faute de pouvoir se procurer du pain. On a dû préparer un repas ».
Dié BA
5 avril 2022