65% des Sénégalais n’ont pas accès à des toilettes. La révélation est faite par Lansana Gagny Sakho, le directeur général de l’ONAS. D’où la nécessité de voir comment démocratiser l’accès aux toilettes dans les centres périurbains et urbains, relève-t-il, lors de l’atelier de restitution du Programme national de développement durable de l’assainissement autonome au Sénégal, qui s’est tenu ce jeudi 21 mars à l’hôtel Pullman. Il dit : « Ce que nous avons fait aujourd’hui entre en droite ligne de la politique d’amélioration des conditions de vie des populations dans le cadre de l’assainissement. Vous avez deux types d’assainissement (collectif et autonome). Une innovation majeure en matière de politique d’assainissement, qui va permettre au plus grand nombre d’avoir accès à des toilettes. Donc, l’atelier est destiné à partager une réflexion sur les grandes lignes mais surtout comment accélérer les politiques d’accès à l’assainissement essentiellement en milieux périurbain et urbain. »
Lansana Gagny Sakho de poursuivre : « Dans le domaine de l’assainissement, tout est priorité mais la première chose, c’est la volonté politique que nous avons aujourd’hui d’investissement par le gouvernement du Sénégal. La deuxième chose, c’est la forte implication du secteur privé. Depuis 1996, il faut qu’on change d’orientations stratégiques. Cela figure dans les documents de cadrage et le plan stratégique de l’ONAS. Justement, cette stratégie d’assainissement autonome rentre également dans ce domaine-là. L’assainissement, ce n’est pas seulement les conduites, les égouts, c’est également un volet très important de l’assainissement autonome » avec des « investissements très importants. »
Selon lui, le troisième axe d’intervention qui « doit être engagé très vite, c’est impliquer le secteur privé et naturellement le faire accompagner par le secteur bancaire. » Sur ce point, explique-t-il : « Il faut savoir qu’aujourd’hui les objectifs de développement durable sont beaucoup plus contraignants, on ne parle pas que de toilettes mais de dispositif d’accompagnement comme le lavage des mains. »
Pour intéresser ledit secteur, des exemples ont été cités comme le fonds mis en place au Burkina Faso où le secteur privé participe par un certain ratio et bénéficie d’une exonération de TVA.
Budget du projet
Déjà, des partenaires tels que l’USAID, l’Alliance française de développement (AFD), la Fondation Bill et Melinda Gates, la BID, se sont « fermement » engagés à accompagner le projet. Ce qui constitue, à en croire le Directeur général de l’ONAS, « des signaux encourageants qui montrent que les enjeux sont très bien compris ainsi que les priorités. »
Le défi du comportement
« L’assainissement, c’est également un comportement », indique Lansana Gagny Sakho. Qui déclare : « Le gros défi, il est là, c’est celui du comportement des Sénégalais. On doit tous travailler ensemble pour sensibiliser les gens, leur expliquer qu’un bien de l’Etat est un bien qui appartient à tout le monde. » Aussi, plaide-t-il : « Quand on parle eau, on pense eau potable alors qu’eau c’est eau et assainissement. Il faut rééquilibrer l’assainissement. Aujourd’hui, l’ONAS a moins de 15% de la redevance sur le prix de l’eau. Je pense qu’il faut rééquilibrer les choses (50-50), revoir la part de la SONES (Société nationale d’exploitation des eaux du Sénégal) dans le prix de l’eau mais également celle de l’ONAS. L’ONAS, c’est 1996 avec zéro (0) investissement. Nous sommes en 2019 avec des investissements qui ont été multipliés par vingt (20). Donc, il y a un travail de fond à faire pour revoir la part de l’ONAS avec la nouvelle réforme de l’hydraulique qui est en cours. C’est cela qui nous permettra de rééquilibrer. »
100 mille toilettes d’ici 2021
Mohamadou Gueye, le directeur du programme de structuration du marché des vidanges du Sénégal, insiste, lui, sur le programme entre l’Etat du Sénégal et la Banque mondiale (BM). Ce, « pour construire 100 mille toilettes d’ici 2021. Dans ce programme, nous privilégions l’accès aux pauvres et aux populations démunies et dans ce travail, nous sommes en train d’avancer. Les appels d’offres sont déjà lancés mais comme le dit le directeur de l’ONAS, nous allons faire un focus sur le prix auquel ces toilettes seront cédées aux ménages. Nous allons y travailler avec le secteur privé. Tous ces éléments sont contenus dans le dossier d’appel d’offres. L’accès aux toilettes va être de plus en plus facilité avec les nouveaux programmes que nous avons avec l’Etat du Sénégal qui y contribue beaucoup. »
S’agissant des toilettes publiques, des participants ont insisté sur l’intégration de l’hygiène menstruelle.
DIÉ BA
21 mars 2019