image

RECYCLAGE DE BATTERIES À PLOMB : LA CRAINTE D’UN NGAGNE DIAW BIS À NDIAKHATE

image

La zone des Niayes en danger. Au grand dam des populations, une usine indienne du nom de Ganesha y pratique une activité de recyclage de batteries à plomb à moins de 50 m des habitations, des champs et du cours d’eau irriguant les plantations du village de Ndiakhatt. Un scandale écologique qui n’est pas sans rappeler le drame de Ngagne Diaw avec la triste histoire de contamination par le plomb. En 2008, dans ce quartier de Thiaroye-sur-mer, plusieurs enfants malades du saturnisme avaient trouvé la mort du fait d’une activité surabondante autour du plomb qui avait fini de polluer le sol.

À Ndiakhate, dans la commune de Keur Moussa (département de Thiès), la crainte d’un remake est grande. Alors que le code de l’environnement prévoit une distance minimale de 500 m « entre les usines d’installations classées et les habitations, les immeubles, les établissements recevant du public et les zones destinées à l’habitation, les cours d’eau et les voies de communication », l’usine de recyclage de batteries à plombs, installée par la société Ganesha foule au pied ces dispositions sécuritaires, si l’on en croit les ONG telles qu’ELAWUS (Alliance mondiale du droit de l’environnement) et CRADESC (Centre de Recherche et d’Action sur les Droits économiques, sociaux et cultures), qui ont impliqué des équipes de scientifiques pour des études géolocalisées.

PROXIMITÉ INQUIÉTANTE

Images à l’appui, ces techniciens ont constaté « un dépôt de déchet non couvert, une distance de 8m séparant le dépôt de déchets et le mur, une distance de 21,6 m de la route, une distance de 48,22 m entre le champ le plus proche et le dépotoir de l’usine, 48,22 m sépare l’usine Ganesha de la verdure environnante, la liste d’infractions est longue. » De quoi sonner l’alerte et appeler les autorités sénégalaises en charge de l’environnement et la communauté internationale à agir pour éviter un nouveau Ngagne Diaw.

Pourtant, en 2019, l’analyse de la conformité de l’étude d’impact environnemental aux textes sénégalais de protection de l’environnement à propos de la mise en place de ladite unité de recyclage, décelait déjà plusieurs irrégularités telles que des vices de procédure avec des doutes émis sur la réalité de l’audience publique environnementale. Le rapport indiquait également six (6) autres critères essentiels non remplis par l’usine de recyclage de batteries à plombs Ganesha.

PLUSIEURS CRITÈRES ESSENTIELS NON REMPLIS

Dans la foulée, un rapport de près de 300 pages détaillait les défaillances multiformes constatées autour de l’usine de recyclage et des dangers qu’encourent les populations. Contre toute attente, cela n’avait toutefois pas empêché le ministère de l’environnement et du développement durable d’autoriser, le 11 mai 2022, le démarrage des activités de collecte et de recyclage de plomb issu des batteries usagées.

Dans la même lettre, l’on indiquait pourtant que le constat de pollutions impactant les milieux récepteurs et les populations riveraines pouvait entraîner la suspension ou l’annulation de cette autorisation. Comble de paradoxe, d’autant plus que depuis cette autorisation, les alertes ne cessent de se multiplier venant des populations et des structures qui luttent pour la préservation de l’environnement.

Babacar Ndaw FAYE

22 mai 2023


------------------------------------

Vous pouvez réagir à cet article