Joindre l’utile à l’agréable. C’est ce que les artistes ont fait, samedi soir, jour de la Korité, avec un plateau spécial sur itv. Bon nombre d’entre eux ont lancé un cri du cœur par rapport à la situation de la musique sénégalaise et au comportement de certains artistes.
Après un mois de diète, les artistes ont repris leurs activités musicales. iTv, la télévision du groupe Emedia invest, a déroulé le tapis rouge à des artistes, toutes générations confondues. C’était samedi soir, à l’occasion d’un plateau spécial Korité qui a été animé par Dj Padros, Billy Borso Ba et Fafa. Tous rayonnant de mille feux, drapés dans des tenues traditionnelles, avec leurs invités, ils ont renoué avec l’ambiance musicale. Sur un plateau en son et lumière, un décor simple, des fauteuils en velours avec des coussins pour mettre à l’aise les invités. Le plateau n’était pas que musical : les différents artistes qui se sont succédés ont partagé comment ils ont vécu le mois béni du Ramadan. Beaucoup d’entre eux en ont profité pour se concentrer afin de sortir un nouveau produit. Ils sont également revenus sur leurs projets, la situation des artistes, le milieu du show bizz, entre autres. Dans une belle communion entre les artistes, à l’image de Pape Birahim Ndiaye et Demba Guissé, chacun vantait le mérite de l’autre, avant de faire un playback sur un nouveau single, respectivement, « Menoumala Bayi », qui est une ode d’amour.
La qualité de la musique en question
L’enfant de Medina a profité du plateau pour asséner ses vérités par rapport ce qu’on voit maintenant dans le landerneau de la musique sénégalaise. « On voit maintenant du n’importe quoi : manque de professionnalisme, de personnalité, de dignité, de rigueur dans les textes. Le talent n’existe plus, que de l’amateurisme et beaucoup de clans. Ce qui ne fait pas avancer la musique sénégalaise », tance-t-il. « Ce manque professionnalisme on le voit jusque sur les plateaux de télé. Les personnes qui n’ont pas droit à la parole, c’est elles qu’on invite pour dire du n’importe quoi, insulter tout le monde. Nous avons transgressé nos valeurs. Y a plus de kersa, ni de jom ». Prenant la balle au rebond, Demba Guissé, après avoir interprété le morceau « Welly », dira que la musique sénégalaise est en retard.
La jeune génération clouée au pilori
« Pis, on recule par rapport aux autres pays d’Afrique. On ne prend plus le temps de bien travailler la musique, on fait une chanson pour le buzz, ou pour tik-tok. Résultats, c’est des musiques kleenex. Alors que pour nos ainés comme Youssou Ndour, Thione Seck, Baba Maal, Ismaila Lo, leur musique ne souffre d’aucune ride grâce à la qualité. Il faut que la jeune génération se ressaisisse. Il faut thématiser la musique, arrêter de copier. Il faut créer, un artiste doit être complet. Nous avons des références dans la musique », peste Elage Keita.
La fête a été rehaussée par la présence de Alioune Mbaye Nder et la jeune génération n’a pas tari d’éloges à son endroit. « C’est un honneur, un plaisir, nous ne sommes ni des ministres, ni des procureurs, mais nous sommes très respectés », dit-il, bien sapé dans son boubou 3 pièces de couleur blanche. « Grand boy Nder » ne mâche pas ses mots et tonne : « J’ai un public exigeant, que je respecte, je n’ose pas sortir n’importe quoi. La réalisation, la production d’un album a un coût financier, alors que les albums ne vendent plus. Beaucoup d’artistes remplissent des salles, ils offrent la moitié des billets. Les artistes souffrent, il faut les épauler. Les autorités doivent avoir une politique culturelle car on ne peut pas dépenser plus de 30 millions FCFA pour un album et, en retour, on ne gagne rien », dénonce-t-il.
Le talent seul ne suffit pas
Pour Mbaye Nder, l’artiste doit vivre de son art et dépasser les quêtes. « Qu’on arrête de se leurrer. Seul, le talent ne suffit pas, ku buzz fal, buzz molay folli », lance-t-il. Titi, quant à elle, fait savoir qu’elle n’a pas de problème avec les artistes. « J’écoute tout le monde, mais je ne suis pas du genre à aller là où je ne suis pas invitée. Je suis réservée parce que j’ai vécu beaucoup de déception, mais Titi n’a de problème avec personne », insiste l’artiste. Des jeunes comme Kane Diallo, Thiat Seck, Pendo Guissé, Dieyla, Momo Dieng, Bamba Sow étaient de la partie.
Aussi, la direction générale de Emedia, représentée par Mamadou Ndiaye et Alassane Samba Diop, a rehaussé de sa présence cette soirée spéciale.
Adama Aidara KANTÉ
Pape Doudou DIALLO (Photo)