Prévue pour être jugée le mardi 16 mai par la Chambre criminelle du Tribunal de Dakar, l’affaire dite Sweet Beauté, du nom d’un salon de massage, opposant l’ex-masseuse Adji Raby Sarr et le leader de Pastef, Ousmane Sonko avait été renvoyée en huitaine, en audience spéciale. Ce jour tant attendu est donc arrivé ce mardi 23 mai 2023. Emedia.sn se propose de vous faire vivre, minutes après minutes l’audience autour de cette affaire qui n’a pas fini de prendre en otage tout un pays.
Le rouge de Adji Sarr et le vidéoprojecteur
Sauf deuxième renvoi le procès de viol et menaces de mort opposant l’ex masseuse Adji Sarr à Ousmane Sonko, leader du parti Pastef les patriotes va se tenir, ce mardi 23 mai 2023, devant la chambre criminelle de Dakar en audience spéciale. Un important dispositif sécuritaire a été déployé au palais de justice de Dakar. La salle d’audience est remplie à moitié. Les avocats des deux camps notamment Mes Moussa Sarr, Ciré Clédor Ly, Adama Fall sont déjà dans la salle. À noter également la présence dans la salle du Dr Alfousseyni GAYE, gynécologue et du capitaine Touré. Adji Sarr, l’accusatrice de Sonko, vêtue en rouge est assise aux côtés de ses souteneurs comme Françoise Hélène Gaye, Abdou Nguer.
Poursuivie pour incitation à la débauche, diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs et complicité de viol, Ndèye Khady Ndiaye est également présente dans la salle. Le leader de Pastef Ousmane Sonko est absent. Selon certaines indiscrétions, il est toujours à Ziguinchor. Les techniciens ont fini de tester les micros et le vidéoprojecteur. Tout porte à croire que l’affaire sera jugée aujourd’hui. Au moment où nous écrivions ces lignes toutes les parties sont dans la salle attendant l’arrivée de la chambre. A suivre…
9 h 10 : entrée remarquée dans la salle d’audience de Adji Sarr
10h 20mn : Rejet de la demande de renvoi par le juge qui ordonne l’ouverture des débats
L’affaire Adji Sarr - Ousmane Sonko sera jugée ce mardi 23 mai 2023. C’est du moins ce que vient de décider le président de la chambre criminelle qui a rejeté la demande de renvoi introduite à l’ouverture de l’audience par les avocats de Ndèye Khady Ndiaye poursuivie dans cette affaire pour complicité de viol, incitation à la débauche et diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs.
C’est Me Moussa Baldé qui a pris la parole en premier pour solliciter le renvoi. « On parle de vidéos et d’images alors qu’on n’a pas reçu l’intégralité du dossier. Nous demandons d’avoir les photos et les vidéos versées qui sont des pièces maîtresses pour la défense de Ndeye Khady. Nous voulons l’entièreté du dossier », a-t-il dit. Me Moussa Sarr a pris la balle au rebond pour réitérer ladite demande. « Les conditions exigées par la loi ne sont pas réunies. C’est aujourd’hui que le dossier vient pour la première fois en audience spéciale. Nous avions sollicité un renvoi lointain pour nous permettre d’organiser notre défense parce que nous nous sommes constitués il y’a juste une semaine. Il y’a une jurisprudence suffisante pour cela. Des affaires criminelles ont été renvoyées pour permettre au parquet de s’organiser », indique l’avocat. Me Ibrahima Mbengue, de son côté, rappelle que les droits de la défense sont sacrés. Aujourd’hui, dit-il, c’est cette défense qui demande le renvoi. « Nous n’avons pas encore vu les vidéos. Je vois un vidéo projecteur ce qui veut dire qu’on risque de voir les images comme tout le monde. Je demande le renvoi parce que l’affaire vient d’être en état par rapport à vous, mais pas par rapport à nous », a-t-il déclaré.
La partie civile s’est opposée au renvoi. Selon Me Adama Fall, les avocats Mbengue et Baldé se sont constitués depuis le début de cette affaire. Ils ont participé à l’audition depuis l’enquête préliminaire. « Depuis que cette affaire a été enrôlée aussi bien la partie civile et la défense ont été mis sur le même pied d’égalité. Le parquet a mis le dossier à la disposition des parties », soutient la robe noire. Me Abdou Dialy Kane souligne : « nous ne sommes pas devant une juridiction correctionnelle et nous savons tous comment ça se passe ici. D’aucuns disent qu’ils n’ont pas vu de vidéos ou d’images. À l’heure où je vous parle je n’ai vu aucune vidéo ni entendu un audio. En matière criminelle, les éléments sont discutés à la barre. Par conséquent, ils ont tous connaissance du contenu de ce dossier. L’affaire a été renvoyée à huitaine. Ils avaient donc suffisamment de temps pour prendre connaissance du dossier. Il faut retenir cette affaire et la juger une bonne fois ».
Me El Hadji Diouf a clôturé l’intervention des avocats de la partie civile en soutenant : « c’est une demande de renvoi par procuration. Les avocats de Sonko sont plus nombreux dans la salle. Ces derniers, par le biais de leurs confrères, demandent le renvoi pour quelqu’un qui a défié la justice, qui a décidé une désobéissance civique. Il s’agit d’une audience spéciale. Tout le monde devait prendre ses dispositions. Le terme spécial n’est pas respecté et ce n’est pas sérieux. C’est la défense qui a dit ici la dernière fois qu’il y a 471 pages et il y a des audios et des vidéos. La défense qui a parlé du contenu vient de nous dire qu’elle sollicite le renvoi. Ce n’est pas sérieux. Je vous demande d’aller au fond. Parce qu’on ne veut pas que le procès se déroule. Le poltron a fui ».
Le représentant du parquet, pour finir, a précisé que l’audience spéciale veut dire qu’on a pris toutes les dispositions pour que l’affaire soit jugée aujourd’hui. « Tout a été fait et les parties ont eu largement le temps pour prendre connaissance de cette affaire. Il n’y a pas un élément légal qui peut militer à la faveur du renvoi de cette affaire. Nous vous demandons donc de la retenir », a déclaré le maître des poursuites. Après avoir consulté ses assesseurs, le président de la chambre criminelle a rejeté la demande de renvoi avant d’ordonner l’ouverture des débats.
« Ndèye Khady Ndiaye est en état de grossesse de 8 mois »
Cependant, les avocats de Ousmane Sonko viennent de demander la parole pour solliciter à leur tour le renvoi. À les croire, leur client n’a pas reçu ce jour une quelconque citation. Raison de son absence ce matin. Me Ousseynou Ngom de dire : « à ce jour, Me Ousmane Sonko n’a reçu une quelconque citation. S’il y’a une citation dans le dossier elle ne peut pas nous lier parce que c’est un faux et je pèse mes mots. Je vous demande de renvoyer pour régulariser ». Me Bamba Cissé, également avocat de Sonko, a répondu à Me El Hadji Diouf. « Si vous n’avez peur de rien, laissez le tribunal renvoyer l’audience et Sonko sera là. Si vous voulez un débat contradictoire, il faut renvoyer pour nous permettre de nous organiser ». Par ailleurs, la défense demande au tribunal de permettre à Ndèye Khady Ndiaye de s’asseoir parce qu’elle est en état de grossesse de 8 mois. Ceci a provoqué un incident d’audience qui a été vite maîtrisé par le président de la chambre criminelle.
11 h 10 : Les avocats de Sonko demandent le renvoi pour permettre à Ndèye Khady Ndiaye d’accoucher
« Quand il s’agit de Sonko, tout est spécial. On ne comprend pas cette impression. M. le président, on demande si c’est pour respecter le calendrier des politiciens. J’ai entendu un confrère demander à) sa cliente, Mme Ndeye Khady Ndiaye de s’asseoir parce qu’elle est enceinte de 8 mois, mais on lui refuse cela. Où est l’humanité ? La justice devrait redorer son blason et tous les sénégalais disent que ce qui se passe avec Sonko est biaisé. Je vous invite à ne pas donner raison à tous ceux qui disent que la justice est partiale. Je vous invite à lever cette équivoque. Nous vous demandons de renvoyer ce procès. Une fois cette affaire renvoyée, nous allons prendre toutes les dispositions pour que Monsieur Ousmane Sonko puisse comparaitre et il y aura une confrontation », a déclaré Me Kayossi, avocat Sonko. Me Abdoulaye Tall a même, de son côté, sollicité le renvoi jusqu’au mois d’Aout ou septembre pour permettre à la dame d’accoucher correctement. Il a été précédé à la barre par ses confrères qui persistent et signent que leur client n’a jamais reçu de convocation pour comparaître devant la chambre criminelle.
11 h 30 : Me Ciré Clédor Ly : « Que Ousmane le veuille ou non, nous lui faisons comparaître »
Les avocats de Sonko continuent de prendre la parole pour demander le renvoi. Me Ciré Clédor Ly a promis au juge que s’il renvoie cette affaire, la défense prendra toutes les dispositions pour que Ousmane Sonko comparaisse. « Que Ousmane le veuille ou non nous lui faisons comparaître. Sinon, il nous démet. Il ne faut pas douter de ma parole monsieur le Président. Il y’a des formalités que nous nous engageons à remplir pour être là à l’audience prochaine », a-t-il plaidé.
Parlant de Ndeye Khady, la robe noire estime qu’elle doit disposer de l’ensemble de ses moyens pour un procès équitable. « Elle doit être mise dans des conditions humaines. Parce que chaque seconde constitue une torture pour elle », a aussi dit Me Ly.
Auparavant, Me Abdoulaye Tall renseigne que le commissaire Massaly en service à Ziguinchor a commis une forfaiture. Il dit avoir remis une convocation le 11 à Ousmane Sonko alors qu’il s’est présenté à son domicile le 15 mai.
Le Juge : « je précise que c’est votre cliente Ndeye Khady Ndiaye qui refuse de s’asseoir »
11 h 50 : Le juge rejette toutes les demandes de renvoi
Le Procureur : « c’est son comportement de Ndiayenne qui l’oblige à s’entêter à vouloir être sur cette position intenable. Ndèye Khady a été invitée à s’asseoir ».
Évoquant la demande de renvoi formulée par les avocats du leader de Pastef, il a laissé entendre : « je me pose beaucoup de questions sur les avocats de Sonko. C’est leur client qui a soutenu devant l’opinion qu’il ne va pas se présenter devant la justice. Il a dit depuis 15 jours il observe une désobéissance civique. Ce qu’ils ne disent pas c’est que nos Opj (Officiers de police judiciaire, ndlr), ont été empêchés de faire leur travail. Sonko a été cité les 2, 9 et 11 mai. L’officier de police judiciaire a amené la citation chez lui et au siège du Pastef. Il n’a trouvé personne. Il a retourné la citation le 9 mai et cela résulte du dossier. Les Opj se sont rendus à Ziguinchor le 11 mai 2023. C’est vous dire que la citation est parfaitement régulière. L’huissier a utilisé même la voie de l’accusé de réception. On a fait toutes les formalités mais apparemment nous avons affaire avec quelqu’un qui fuit. Il devait se présenter devant le greffier de la chambre criminelle le 15 mai pour s’assurer de sa représentation en justice et il ne l’a pas fait. Les avocats de Sonko sont des plaisantins. Nous estimons que les droits de la défense sont suffisamment respectés. Le dossier est en état et nous vous demandons de le retenir », a dit le maître des poursuites.
12 h 00 :
Le Juge : « il n’y a aucun empressement à juger l’affaire. Maintenant qu’il ait des affaires étrangères ne m’engage pas. Les droits de la défense ont été suffisamment respectés. La citation est régulière. La constitution d’un nouvel avocat ne peut pas retarder une procédure et nous le savons tous. C’est par courtoisie que je vous ai écouté parce que quand l’accusé n’est pas présent, ses avocats n’ont pas droit à la parole. Par conséquent, l’affaire est en état et il sera jugé ».
L’audience est suspendue pour 15 minutes
C’est le Juge Issa Ndiaye qui préside l’audience de la chambre criminelle
12 h 50 : Les avocats de Ndeye Khady Ndiaye et de Sonko se retirent
Après une suspension de 15 minutes, le procès vient de reprendre. Le fait marquant c’est que les avocats de Ndeye Khady Ndiaye et de Ousmane Sonko viennent de se retirer. Selon Me Ousmane Ngom, constitué pour assurer les intérêts de la dame, ils ne peuvent pas continuer à plaider dans la mesure où leurs confrères nouvellement constitués n’ont pas été mis dans les dispositions pour plaider correctement. Sur ce, ils ont décidé de se retirer. Ils ont été suivis par les avocats de Ousmane Sonko qui, ont également décidé de quitter la salle d’audience.
Ainsi, le juge précise que les avocats ont refusé de plaider. Sur ce, la chambre criminelle a commis d’office Me Malick Lo, pour assurer la défense de Ndeye Khady Ndiaye. Cependant, ce dernier est parti au même titre que les avocats de La Défense.
La dame Ndeye Khady Ndiaye à Adji Sarr : « elle m’a amené ici et elle ne cesse de me demander pardon »
« Elle ment », rétorque Adji Sarr.
Le procès se poursuit et le juge a ouvert les débats…
13 h 40 : Ndeye Khady Ndiaye se plaint de douleur. Le juge l’ordonne de s’asseoir et elle a finalement accepté.
Adji SARR a également demandé une chaise pour s’asseoir.
La greffière est en train de lire l’ordonnance de renvoi devant la chambre criminelle.
14h : 11mn : Communiqué publié par Maître Cire Clédor Ly après avoir quitté le tribunal
« La justice sénégalaise se saborde. Elle est décidée à livrer une commande.
La retenue du dossier a été décidée malgré les irrégularités grossières de la procédure , le non-respect des droits de la défense et l’absence de tous les témoins essentiels dont les dépositions crèveraient l’abcès du complot d’état dont Adji Sarr n’est que l’otage et l’agneau du sacrifice.
L’audience a commencé et Ndèye Khady Ndiaye accusée est sans défense.
La justice Sénégalaise imbibée du syndrome politique est en folie ».
15 h 10 : Ndeye Khady Ndiaye à la barre
« J’ai surpris un jour Adji Sarr sur un client »
Les débats d’audience ont démarré devant la chambre criminelle avec l’interrogatoire de Ndèye Khady Ndiaye, patronne salon Sweet beauté et poursuivie pour complicité de viol, incitation à la débauche et diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs. Dans sa déclaration, elle a révélé avoir surpris un jour Adji Sarr sur un client. « J’étais sortie avec mon époux. À mon retour, j’ai vu que toutes les filles étaient assises dehors. Pendant ce temps, Adji Sarr était à l’intérieur avec un homme. Elle était assise sur ses pieds alors que le gars était en grand boubou. Dans l’autre pièce, Adji faisait attendre un autre qui devait faire du gommage », a-t-elle renseigné. Avant de poursuivre : « ce jour-là je l’ai renvoyé parce que je n’accepte pas de tels agissements. Par ailleurs, lorsque j’ai accouché prématurément, j’avais décidé de fermer l’institut. Adji m’a dit qu’elle pouvait rester dans la maison parce que n’ayant pas où aller. Mieux, elle a appelé une copine avec qui elle était restée dans l’institut ».
À la question de savoir est-ce que Sonko choisissait Adji Sarr à chaque fois qu’il venait à l’institut ? Ndèye Khady Ndiaye a répondu qu’elle n’a jamais tenu de tels propos. Auparavant, elle a informé avoir ouvert Sweet beauté en 2018. Elle dispose de tous les papiers nécessaires qui lui permet de pratiquer la profession. « Je faisais le massage dans un institut pendant 3 ans. J’ai également travaillé 6 mois dans un cabinet. C’est par la suite que j’ai ouvert mon institut. Il y’a un salon de coiffure, SPA, pose ongle, etc. J’avais une page Facebook SPA beauté Dakar. Beaucoup de filles sont passées là-bas », a-t-elle indiqué.
Elle a confié au juge que les masseuses avaient des tenues de travail. Elles ne sont jamais nues. « Je n’ai jamais dit que j’avais des clients vip. Ils sont tous égaux mes clients. Nous sommes des professionnelles », a-t-elle insisté.
15h 49mn : Adji Sarr prend la parole
Elle explique les différents massages qui existaient à Sweet beauté
Adji Sarr : « il n’y a pas de massage qui se termine par des parties de jambe en l’air »
« On faisait les massage tonifiant, relaxant, savonnage, nourou massage, body body, sensuel,… Les clients étaient complètement nus. Après le massage, on mettait de l’huile sur les parties intimes des clients et on les caressait jusqu’à éjaculation. Je précise qu’il n’y a pas de massage qui se termine par des parties de jambe en l’air », a expliqué Adji Sarr. Sur une relance du juge qui lui a dit que Ndèye Khady Ndiaye a nié ces genres de massage dans son institut, elle a répondu : « si tel est le cas comment Ousmane Sonko a pu laisser son liquide sur moi ? ».
Par ailleurs, elle a soutenu qu’elle n’a jamais fait de formation.
15h 55 :
Adji Sarr : « Ousmane (Sonko) me faisait faire du tout »
C’est une Adji Sarr sans retenue qui s’est présentée, ce mardi, à la barre de la chambre criminelle de Dakar. Elle est revenue sur le viol dont elle aurait été victime de la part de Ousmane Sonko. Elle a confié au juge que : « lorsque Sonko est venu, il a commandé le massage tonifiant. C’est lorsqu’il s’est déshabillé que je l’ai reconnu. Il a enlevé ses armes qu’il a posé à côté. J’avais peur lorsque j’ai vu les armes mais, il m’a vite rassuré en me disant qu’il se protège en l’absence de ses gardes du corps. Après le message, il m’a dit que ce n’est pas fini. J’étais en robe mais j’avais pas mis de slip. Sonko m’a dit que les masseuses sont des menteuses. Elles se glorifient d’avoir massé un tel ou un tel ». Et d’ajouter : « il m’a pris dans ses bras et m’a dit qu’il va entretenir une relation sexuelle avec moi et si je le raconte après, personne ne va me croire parce qu’il est un responsable politique. Il a versé de l’huile sur moi. Je précise qu’il ne m’a jamais pointé une arme. Il m’a caressé et il s’est versé de l’huile aussi. Par la suite (...). Il a promis de me faire virer ou de me mettre en rapport avec des enfants qui feront le sale boulot à sa place. Ces derniers vont me tuer sans trace. Je n’avais pas le choix c’est pourquoi j’ai accepté ».
Poursuivant sa narration des faits, elle a indiqué que la deuxième fois, c’était le 21 décembre vers les coups de 14 h 30. « Quand il a sonné j’ai ouvert la porte comme par hasard. Il a voulu faire un massage tonifiant et jacuzzi (...) Ousmane me faisait faire du tout », a-t-elle aussi déclaré.
16 h 17 : La patronne de Sweet beauté a balayé d’un revers de main les déclarations faites par Adji Sarr à la barre. « Adji ne m’a jamais dit qu’elle était victime de viol dans mon institut. Si on l’avait violé j’allais la soutenir. Mes employées reconnaissent toutes que Sonko se faisait masser le dos. Il se mettait tout le temps sur la chaise ».
Ndeye Khady de poursuivre : « sa collègue maman a dit que Adji était en train de chanter ce jour après avoir massé Sonko. Elle était seule avec Sonko c’était, dit-elle, pour lui demander 10 mille francs pour acheter le dîner.
17h 17 : Adji Sarr : « Pourquoi j’ai dit que j’étais enceinte »
« Je dis que j’étais enceinte parce que ma patronne ne voulait pas que je quitte. Elle m’a dit de prendre du café et coca cola pour avorter. La grossesse était un prétexte pour moi de quitter les lieux. Également, je ne connais pas le député Mberry Sylla. Je n’ai jamais vu la voiture de Mamour Diallo. C’est Dr Gaye qui est venu me récupérer là-bas pour m’amener à l’hôpital. J’ai fait des prélèvements et on voulait faire un test ADN », ajoute Adji Sarr.
19 h 58 : Défilé des témoins : l’une des masseuse contredit Adji Sarr
Les témoins cités dans cette affaire commencent à défiler devant la barre de la chambre criminelle de Dakar. C’est l’ex collègue d’Adji Sarr, Aissata Ba, qui a ouvert le bal. Elle a confié à la chambre : « J’ai fait une semaine à Sweet Beauté avant que cette affaire n’éclate. C’est Adji Sarr qui m’a mis en rapport avec Ndèye Khady Ndiaye. Elle m’a dit que sa patronne désirait une bonne. Lorsque je suis venue, je faisais du massage. Il y’a différentes formes de massage. Tonifiant, relaxant, sportif, etc. ».
Elle continue : « J’ai été dans un institut qui était à Ouest-Foire. J’ai travaillé là-bas comme femme de ménage. Parfois, je faisais du massage. C’est ma tante qui était là-bas. À Sweet Beauté, le client n’est pas totalement nu au moment du massage. Il met un cuissard blanc et la masseuse a sa tenue comme celle que les médecins portent ».
Revenant sur la présence de Sonko, elle a expliqué : « Le jour où Sonko venait j’étais avec Adji Sarr. Lorsqu’il a sonné je lui ai demandé d’aller ouvrir. Mais, elle m’a dit de faire comme si je ne le reconnaissais pas. On l’a massé avec de l’huile. Sonko a demandé qu’on le masse fort parce qu’il avait vraiment mal au dos. À un moment donné, Adji m’a fait signe me demandant de sortir. C’est sur ces entrefaites que je suis sortie, la laissant seule avec Sonko. Quelques instants après, je l’ai entendue parler au téléphone. C’est là que je lui ai dit : "tu manigances quelque chose". Elle m’a offert 10 000 FCFA ce jour-là. Elle disait au téléphone : "Venez vite me chercher, Sonko a éjaculé. Je ne pensais pas à une affaire de viol. Je croyais qu’elle allait utiliser le sperme à des fins mystiques. »
21 h 21 : Le médecin confirme la présence de sperme dans le sexe de Adji Sarr
Le témoignage du Dr Al Fousseyni Gaye du nom du médecin qui avait consulté l’ex masseuse après les faits présumés était très attendu. À la barre, le sachant a souligné : « Le 3 février 2021 j’ai été amené à examiner la dame Adji Sarr. J’ai fait les examens classiques comme recommandé par le ministère de la Santé. J’ai vu deux fois la dame. On m’a parlé d’une agression sexuelle qu’elle aurait subie. Ne connaissant pas la nature de la blessure, j’ai l’obligation en tant que médecin puisque j’ai prêté serment de porter assistance à Adji Sarr. C’est vers 21 heures qu’on m’a appelé. J’ai fait un prélèvement vaginal et j’ai également prescrit une pilule du lendemain ».
Dr Gaye poursuit : « L’analyse du laboratoire m’a montré qu’il y’avait des spermatozoites vivants dans le sexe de Adji Sarr. Je confirme avoir récupéré la dame mais je ne suis jamais rentré dans le salon. Si je ne l’avais pas fait, on aurait pu me poursuivre pour non assistance à personne en danger. J’étais avec monsieur (Sidy Ahmed) M’Baye dans mon véhicule ».
Selon lui, la présence de sperme peut s’expliquer par une conjonction sexuelle ou une injection. Il précise également que le certificat médical ne qualifie pas le viol mais il permet d’établir qu’il y’a des spermatozoides vivants.
Sur le test ADN, il a fait entendre qu’il a reçu une réquisition (lui) demandant d’examiner la dame. « J’ai répondu à cette réquisition en faisant un prélèvement en vue des tests ADN. Je ne peux pas répondre à la question disant est-ce que le test ADN peut montrer la paternité des spermatozoides ».
Puis, le procureur lui a demandé : « Vous êtes un sachant. Vous pouvez répondre quand même. » Me El Hadji Diouf de rebondir : « Si Sonko avait décidé de faire le test on n’en serait pas là aujourd’hui. »
22 h 08 : L’ex capitaine Oumar Touré confirme la modification du PV d’enquête
A l’époque officier de police judiciaire, le capitaine Touré avait mené les auditions après la plainte de Adji Sarr contre Ousmane Sonko pour viol et menaces de mort. « J’ai mené toutes les auditions. Je confirme que Aissata Ba a dit que Adji Sarr lui a dit de sortir pour faire la finition à Sonko. Finition c’est un terme de massage. Je ne sais pas ce que ça signifie. Pour moi c’est la finition du massage puisqu’elle a parlé de viol suivi de menaces de mort. Pour moi, quelqu’un qu’on viole ne demande pas à l’autre de sortir », a-t-il témoigné. Toutefois, il dit sincèrement qu’il ne peut pas dire que Sweety beauté est un lieu de débauche.
« Vous avez reproché au procureur d’alors d’avoir retranché des passages de vos appréciations personnelles ? », lui a demandé le maître des poursuites.
« Je ne reproche rien à mes supérieurs. Je ne peux comprendre qu’un pv soit ramené à la section de recherches pour qu’il soit changé. On ne doit pas changer une virgule dans un procès-verbal. Si je suis responsable de l’enquête pourquoi on modifie ce que j’ai écrit ? C’est le capitaine El Hadji Diop qui a apporté des modifications. Je confirme que le procès-verbal a été modifié », a-t-il rétorqué.
23 h 57 : « Quand Adji cède, elle ne consent pas » Me Anta Mbaye, avocate d’Adji Sarr
« On considère Adji Sarr comme étant une personne indéfendable. Lorsque les opinions sont diverses l’avocat doit résister. Parce que je porte bataille pour une femme. Je porte bataille pour une victime. Nous avocats nous ne vivons que de la contradiction. Adji Sarr c’est la seule partie civile qui a un nom parce qu’il se révèle que 15 personnes sont mortes. Il y’a d’autres comme Adji Sarr qui sont jugées avant l’heure. Pour une simple affaire on aurait vu des associations de femmes se lever. Personne ne s’est levée pour elle. Aujourd’hui je défends Adji Sarr, femme et victime. Mon indignation a donné naissance à plusieurs associations de femmes », a-t-elle plaidé.
Avant de continuer : « pour la débauche, Ndeye Khady Ndiaye et les filles qui travaillent là-bas n’ont aucun diplôme. Les messages ne sont qu’érotiques. Ils ne sont qu’autre chose. Elle a créé un espace de débauche. Elle a créé un espace de plaisir dans un creux de rue. Personne n’est venu de façon spontanée. Peut-être qu’elle a un réseau de clients. Le théâtre des faits est établi. Ce n’est pas un travail. Lorsqu’un travail n’est payé qu’à la tâche il a un autre nom. Donc, elle est coupable des faits qui lui sont reprochés ».
Elle rappelle que : « Lorsque des personnes entrent en cabine, elles ne sont pas dérangées. La connotation entre Adji Sarr et Sonko est réelle. L’argument selon lequel il n’y a pas de preuves n’est pas pertinent. Quand elle est fatiguée d’être un objet sexuel elle a fini par le dire à quelqu’un. Ce n’est pas un homme banal, Ousmane Sonko. Il draine des foules. C’est un homme de pouvoir. Quand Adji cède, elle ne consent pas. Elle avait peur. Je vous demande donc de rendre la dignité à Adji Sarr. Tout le monde l’a décrit comme une prostituée, comme une fille frivole. Si on reconnaît son mal et que l’accusé est condamné, ça ne sera que justice ».
00 h 30 : Me Ousmane Thiam a pris la parole pour sa plaidoirie.
03h18 : Le procureur requiert 10 ans contre Sonko, 5 ans contre Ndeye Khady
10 ans de réclusion criminelle, c’est la lourde sentence requise par l’avocat général contre Ousmane Sonko. Il a été jugé par à la barre de la chambre criminelle pour les faits de viol et menaces de mort. Ce n’est pas tout puisque le maître des poursuites a également requis à son encontre 5 ans de prison ferme pour corruption à la jeunesse. Pour la menace de mort, le parquet a requis un an ferme et une amende de 2 millions FCFA.
Pour étayer ses propos, il a dit que Sonko accusé pour viol a choisi de ne pas comparaître. « C’est son doit le plus absolu. L’accusé qui est poursuivi pour viol a fui les débats. Adji Sarr n’a jamais varié depuis l’enquête préliminaire. Les faits de viol ne souffrent aujourd’hui d’aucune contestation. L’acte de pénétration sexuelle ne peut pas être nié par l’autre partie. Parce que ça a été scientifiquement démontré », a-t-il dit.
Pour ce qui concerne la dame Ndèye Ndiaye, le maître des poursuites a demandé de la déclarer coupable des faits qui lui sont reprochés. Pour la répression, il a requis 5 ans de réclusion criminelle et 100 mille FCFA d’amende. Pour l’incitation à la débauche, il a requis un an ferme contre la dame.
L’affaire a été mise en délibéré pour jugement devant être rendu le 1er juin. Si le juge décide d’aller dans le sens du maître des poursuites, le maire de Ziguinchor et candidat à la prochaine élection présidentielle de février 2024 perdra ses droits civiques et sera écarté de toutes les prochaines échéances électorales.
Cheikh M. SARR
23 mai 2023