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UNE VEILLE DE KORITÉ TRÈS TENDUE

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Le marché est dans tous ses états à quelques heures de la célébration de la fête de l’Eid el fitr dite Korité au Sénégal. La cherté des prix est sur toutes les lèvres. Reportage au marché Tilène situé au cœur du populeux quartier de la Médina.

Mamadou Pouye, trouvé à l’angle de l’une des entrées du marché, semble déboussolé. Tout en sueur, le monsieur en chemise bleu et pantalon sombre, s’essuie le visage à l’aide d’un mouchoir rose. Un écouteur scotché à l’oreille, un autre pendant, il nous renseigne qu’il vient de terminer ses courses. Venu avec 50 000 F CFA, il a presque tout dépensé.

“C’est la première fois que je fais ça. Mais, j’ai comme l’impression que je me suis fait avoir parce que je suis un homme. J’étais venu avec 50 000 F CFA mais, il ne me reste presque plus rien. Que de la monnaie. Je n’ai pu avoir que 10 kilos de pommes de terre, 10 kilos d’oignon, et cinq poulets, à 4500 F CFA, l’unité”, liste-t-il, d’un ton amer.

Tous ses produits, un sac contenant les pommes de terre et les oignons, et un sachet pour les poulets, tiennent sur le Tiak Tiak qu’il a commandé. Pouye aurait souhaité en acheter plus avant de rallier Thiès où il compte célébrer la fête.

Astou Sène, qui vient de se faire tatouer les sourcils, se protège comme elle peut de la poussière ambiante. C’est le visage presque caché sous son foulard blanc qu’elle a répondu à nos questions. Ce, pour se lamenter sur la cherté des prix. Pour son cas, elle devra revenir pour continuer les achats. Les 25 000 F CFA dont elle s’était munie n’ont servi qu’à acheter un demi sac d’oignons à 5000 F CFA, le même prix pour le demi sac de pommes de terre, et d’autres condiments. “Je suis obligée de revenir pour les autres ingrédients accompagnants la sauce”, dit-elle.

Fatou Laye quitte le marché d’un pas pressé. “Marché bi deffa saf sap (c’est trop cher). Pour 20 000 F CFA, je n’ai pu acheter que de la pomme de terre, et la famille verte pour le nokoss. C’est vraiment abusé. Il me reste beaucoup de choses à acheter”.

Le constat est aussi fait que malgré des craintes sur sa disponibilité, le poulet est bien présent. Toutefois, fait savoir Issa Sari, vendeur, “il y en a mais pas comme d’habitude. Les stocks sont limités”. Il explique cette situation par la cherté de l’aliment de volaille. “Avant, on achetait le sac entre 14 000 et 14 500 F CFA. Maintenant, le prix a grimpé à 20 000 F CFA. Ce qui fait que certains ne souhaitent plus investir dans le secteur du fait du risque de vendre à perte”.

D’ailleurs, souligne notre interlocuteur, en raison du contexte économique, les clients viennent au compte-gouttes.

Reportage de Dié BA

20 avril 2023


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