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YOUNOUSSA MBALLO, SUR LES TRACES D’UN CHEVALIER DE LA TERRE

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De sa plume féconde, l’écrivain Idrissa Sow dit « Gorkoodio » vient d’immortaliser Younoussa Mballo, « l’homme de développement et de culture », au cœur de la marche du Fouladou depuis des décennies. Dans ses codes biographiques, le long de cette œuvre, il dépose, entre les lignes, un flambeau comme legs au profit de la nouvelle génération.

Tout est parti d’un rêve. Comme en proie à une révélation nocturne, un homme, qu’il n’avait jamais croisé auparavant, s’infiltre dans sa chambre. En plein sommeil, au beau milieu de la nuit, le visage de l’intrus plane sur sa vue. Puis disparait… Au matin de bonheur, « Gorkoodio », l’écrivain du haut de la cinquantaine, s’arrache de son lit, la mine stupéfaite. Des nuits plus tard, il est seul dans sa gîte lorsque l’homme refait surface, une nouvelle fois. L’écrivain est aussitôt frappé par le même songe. Comble de l’étonnement, il s’en ouvre à sa vieille mère. L’exercice de décryptage du rêve est lancé.

« C’était comme le cas Cheikh Oumar Foutihou qui m’apparut en rêve pendant que ma femme portait un enfant. A la naissance de ce dernier, je l’ai baptisé Cheikh Oumar. Devenu mur maintenant, mon fils m’interpelle tout le temps au sujet de son homonyme, en me disant qu’il est le seul de mes enfants à n’avoir pas vu son homonyme. Et je ne fais que lui montrer la photo de Cheikh Oumar Foutihou », raconte Idrissa Sow dit Gorkoodio. Seulement, cette fois ci, selon l’auteur, l’inconnu qu’il ne cessait de voir en rêve est bel et bien vivant. Il s’agit d’un certain Younoussa Mballo, ingénieur agronome et président de l’association culturelle « Jenku Fouladou ».

« Mais à vrai dire, on ne s’était jamais rencontré dans le passé. Je vis à Vélingara et lui, qui est de Kolda, vis à Dakar, à 500 et quelques kilomètres de chez moi. Mais l’idée d’écrire un livre sur lui est venue de ce songe », se souvient l’écrivain. Maitre dans l’art de la narration, dépositaire d’un encrier inépuisable, l’auteur de la publication Le nid de la torture, s’arme de sa plume puis se lance sur les traces de l’inconnu. Une quête dont les fruits sont aujourd’hui parsemés dans un ouvrage biographique, intitulé Younoussa Mballo, l’homme de développement et de culture, paru en octobre dernier aux éditions Aminata Sow Fall.

Ce samedi, à Dakar, dans une salle pleine à craquer, sous le rythme d’une musique traditionnelle, plongeant l’assistance jusqu’aux entrailles de la culture peule, a pris place l’écrivain Idrissa Sow, entouré de sommités intellectuelles du Fouladou. Entre autres, le Grand prix du chef de l’Etat pour les Arts et les Lettres, Seydi Sow, le docteur Ousmane Diao, et l’universitaire Mamadou Ndiaye. La cérémonie de dédicace du livre vient de s’ouvrir.

La question du progrès humain entre les lignes
Dans les cinq chapitres de son livre consacré à l’agronome, l’auteur, orfèvre de la plume qu’il est, s’est attelé à semer, dans l’esprit du lecteur, les graines du développement humain. Sur ce, « Gorkoodio » s’est fondé sur le parcours remarquable de son personnage. Younoussa, jeune paysan né le 8 juillet 1963 à Saré Pathé, un patelin dans les profondeurs de Kolda, devenu ensuite ingénieur agronome, hissé au grade d’officier de l’Ordre national du lion par le chef de l’Etat en 2019.

Philosophe, dans une casquette de critique littéraire, Alpha Diamanka, feuilletant l’ouvrage, décèle, au troisième chapitre, « la présence permanente de l’éducation, de la fidélité, de l’assimilation des principes socio-existentiels, pour ne pas dire de valeurs cardinales du personnage principal ». Et de fil en aiguille, remarque-t-il, les valeurs transmises par les parents ou la culture et l’efficience en soi pour les autres font corps dans tout le texte. « Justement, c’est cette imbrication entre développement et culture chez Younoussa qui amène à formuler les questions suivantes : le développement est-il le produit de la culture ou bien devrions-nous dire que la culture est le produit du développement ? Ces deux paradigmes mettent de loin les considérations autour du personnage de Younoussa », interprète le professeur de philosophie.

Falilou MBALLO et Adama AÏDARA

7 février 2023


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