Le Président Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko ont composé un gouvernement de 25 ministres et de 5 secrétaires d’Etat. Une rupture qui se lit à travers notamment le choix de deux Généraux à la retraite aux Forces armées et à l’Intérieur. Mais aussi avec un magistrat, Ousmane Diagne, à la Justice, pour la reddition des comptes.
L’accouchement a été dificile c’est vrai. Mais à l’arrivée, c’est un gouvernement au front, de guerre contre toutes ces urgences qui attendent Diomaye-Sonko. 25 «soldats» assistés de 5 Secrétaires d’Etat pour 5 priorités. Donc, comme le nombre de ministre du premier gouvernement de 2012 qui n’a pas résisté aux pressions des alliés. Le Premier ministre, sous la conduite du Président Bassirou Diomaye Faye, parle d’un «gouvernement de rupture» conforme au projet qu’ils ont pour le Sénégal. De nouveaux visages pour changer le visage d’un pays qui sort d’une crise politique sauvée de justesse par une élection sans contestation. Tout cela pour impulser une «transformation systémique». Peut-être une première qu’un militaire soit à la tête du ministère des Forces armées, en l’occurrence le Général Birame Diop, un ancien Cemga de Macky Sall. Une réponse à ce contexte d’insécurité et de montée des extrémismes comme le terrorisme qui frappe à nos frontières. Mais aussi, peut-être un message à la rébellion casamançaise dont certaines factions font du bruit depuis quelques jours pour se faire entendre. La carotte du dialogue ou le marteau du feu ? Ces men aces d’insécurité aussi ont sans doute présidé au choix d’un autre Général à la retraite à la tête du ministère de l’Intérieur. Cette nomination du Général Jean Baptiste Tine est aussi une réponse à la neutralité de l’organisateur des élections, que le Pastef a toujours revendiquée, comme l’opposition et la société civile.
Ce sera avec une Commission électorale nationale indépendante (Ceni) en principe.
Ousmane Diagne pour la traque
Il y a aussi pour un autre poste de souveraineté un haut magistrat, Ousmane Diagne. Un ancien procureur de la République redoutable qui semble avoir pris une revanche sur sa carrière. Puisque dans sa bataille contre Mimi Touré, alors ministre de la Justice, il avait fini par être envoyé au «frigo» de la Cour suprême, loin des projecteurs. «J’ai été procureur de la République et non du gouvernement. Je n’ai aucun regret. Si c’était à refaire, je le referais», avait-il lâché lors de sa passation de service avec Serigne Bassirou Gueye en 2013. Ces dernières options en tant qu’avocat général ont été souvent contre la hiérarchie.
Comme le pourvoi de l’Agent judiciaire de l’Etat contre la décision du juge Sabassy en novembre 2017 dont il avait demandé le rejet parce «non fondé».
Mais dans tous les cas, c’est une véritable traque qui s’annonce et qui sera «sans répit» comme l’a promis le chef de l’Etat dans son message à la nation du 3 avril.
Abdourahmane Sarr, l’économie et la monnaie
Pour la touche économique, la mise en œuvre du «projet», le Premier ministre ne s’est pas privé de s’entourer d’hommes qui maitrisent son programme, celui de Diomaye Président. Il a misé sur un économiste de renom. Abdourahmane de renom. Abdourahmane défaut de parrainage, comme Youssou Ndour et Kéba Keinde, va matérialiser cette vision de la nouvelle équipe en tant que ministre de l’Economie, du plan et de la coopération. Mais aussi cette souveraineté tant prônée par Diomaye-Sonko. «La vision souverainiste, notamment au plan moné- taire d’Ousmane Sonko est la seule offre réellement différente de celle du pouvoir mais elle est collectiviste et conservatrice aux plans social et culturel», avait déclaré Abdourahmane Sarr il y a quelques mois. Président du Centre de financement du développement économique local (Cefdel), un think tank basé au Sénégal, fonctionnaire du Fonds monétaire international (Fmi) pendant 14 ans.
Hamath KANE