«Parfois les artistes sont très fragiles, même s’ils ne le montrent pas»
«Alhamdoulilah, je vais très bien maintenant. Je rends grâce à Dieu. Me voilà de retour dans la musique qui a fait de moi ce que je suis. Parce que je suis née et j’ai grandi dans une famille artistique, donc je ne connais que l’art. Tout est art chez moi, c’est l’art qui me définit. Il faut être un artiste pour vivre de l’art. Pour moi, ce n’est pas facile, c’est un choix d’un métier qui est diffèrent. Car, si vous êtes artiste, vous n’êtes plus comme un citoyen lambda, il y a un surplus. Je me dis même parfois, tu parles avec les djinns, parce que ‘’waye yeufu djinnela’’. C’est pourquoi seuls des artistes ou son entourage peuvent comprendre certaines réactions des artistes. Malheureusement, en Afrique, c’est très difficile, car on ne valorise pas l’artiste. On ne peut pas comprendre son niveau. C’est la raison pour laquelle, en Afrique les artistes vivent des incompréhensions. La société vous juge et vous critique facilement. On ne vous pardonne rien. Les gens ne comprennent pas que vous êtes un artiste et que vous devez être différent d’eux. Mais il faut garder la foi, parfois les artistes sont très fragiles, très vulnérables, même s’ils ne le montrent pas».
«L’artiste vend du rêve, et donc il doit faire rêver»
«L’artiste vend du rêve. Et quand tu vends du rêve, il faut faire rêver. Parce que le rêve, c’est être inaccessible sans être inaccessible. Maintenant, il faut savoir gérer les deux. Tout est important, car votre image reflète quelque chose, ça renvoie à l’envie, au rêve, à la joie de vivre, au bonheur. J’espère que je diffuse de la joie par ma présence. Mais ça, c’est à vous (Dj Boub’s), aux téléspectateurs, mélomanes d’en juger. J’essaie toujours de rester moi-même, de ne rien forcer, d’être naturelle. Et si ma présence donne du bonheur aux personnes, alors j’en suis flattée, c’est tout ce que souhaite. Je rends grâce à Dieu».
«Ma mère me chouchoute comme si j’étais toujours une petite fille»
«La mère est le porte-bonheur de son enfant (elle se répète). Cela fait partie de nos valeurs, je suis attachée à ma mère, elle me le rend très bien. Jusqu’à présent, elle me chouchoute comme si j’étais toujours une petite fille. L’enfant ne grandit jamais aux yeux de ses parents, surtout une mère. Même si vous avez 60 ans et qu’elle a 100 ans, une mère reste une mère et il faut bien en profiter».
«C’était comme un tremblement de terre, des nuits d’insomnie»
«Ce n’était vraiment pas facile du tout. D’abord, c’est difficile de l’assumer soi-même. C’est encore plus difficile de l’annoncer à sa mère. Car, pour moi, au début, c’était juste une extinction de voix. Et de jour en jour, votre voix change, jusqu’à ce que vous vous rendiez compte que c’est votre corde vocale gauche qui s’est déplacée. C’était des moments difficiles. Et ma maman ne pouvait pas comprendre. J’avais également pris une douloureuse décision pour l’annoncer à tout le monde dans mes différentes plateformes. Ma mère n’était même pas au courant et elle ne l’aurait jamais acceptée. Car il y a des tabous africains que je ne renie pas, genre on ne doit pas exposer sa maladie. Mais pour moi, c’était d’assumer de dire la vérité aux personnes qui m’aiment. C’était des nuits d’insomnie, car la famille venait de partout, les médias, l’appel des collègues africains. La nouvelle était comme un tremblement de terre. La pression était grande. Après, automatiquement, la voix s’est éteinte. Peut-être aussi que c’était psychologique».
«Je me levais à 3h du matin pour prier, faire le ‘’wird’’…»
«J’étais sous les projecteurs de Dieu pendant ces moments, c’est ce qui m’a permis de lutter contre la maladie. J’estime n’avoir rien perdu. Au contraire, j’ai tout gagné dans ce retrait. Car dans la vie, tout est écrit avant la naissance. Dans ces moments difficiles, j’ai rencontré énormément de belles personnes, des docteurs, etc. J’ai beaucoup appris, comme le piano. Je suis partie à La Mecque, donc j’étais sous les projecteurs d’Allah. Je prie pour que tout musulman puisse aller à ce Lieu Saint. Là-bas, j’ai ressenti des sensations. Je me levais chaque jour à 3h du matin pour prier, faire le ‘’wird’’ jusqu’à 7h. Les vœux se sont exaucés donc «Sant Rek». Je ne trouve pas les mots pour remercier le peuple sénégalais qui m’a soutenue dans ces moments difficiles. Je me sens redevable envers ce peuple. Toutes les personnalités d’ici et d’ailleurs étaient aux petits soins, je rends grâce à Dieu. Le meilleur retour sur investissement, c’est le relationnel et la crédibilité. Ce n’est pas toujours l’argent. Ça, c’est le fruit du travail de plusieurs années».
«Jusqu’au jour-J de mon retour, à 17h, j’avais des difficultés»
«J’avais ressenti beaucoup d’émotions après 3 ans d’absence de retrouver mon public. Ce n’était pas évident. C’était également des moments de stress, car jusqu’à la veille de l’événement, j’avais des difficultés au niveau de ma voix. Et jusqu’au jour-J, à 17h, j’avais des difficultés. J’ai appelé jusqu’à l’étranger pour qu’on m’envoie d’urgence un médicament qui s’appelle Solupred, car j’avais très mal. La pression était aussi du côté du public, de la famille, des artistes. Est-ce que je vais chanter ? Est-ce que je suis guérie pour chanter ?»
«Je suis un cas social…»
«Moi-même je suis issue du social, parce que je suis un cas social (rires). En effet, je suis issue d’une famille socialement modeste, je marchais de Grand-Yoff à Arafat pour aller à l’école. J’habitais dans une seule chambre à Thiaroye, après à Guédiawaye, à Pikine, puis Grand-Dakar. Donc, je connais ce que les gens vivent dans ces milieux. Je suis une fille de la banlieue, une fille du Sénégal de toutes les couches. Je connais les réalités et les difficultés sénégalaises, car je les ai vécues. Et aujourd’hui, il est de mon rôle d’aider la société en toute modestie, c’est très important pour moi».
«Beaucoup de difficultés durant ces 3 ans»
«C’est difficile, mais il faut se surpasser, rester très professionnel, essayer de camoufler ses émotions, ses soucis pour faire rire le public. Il faut avoir une forte personnalité et un mental fort pour faire la part des choses entre l’artiste et l’entrepreneur. Il y a eu beaucoup de difficultés durant ces 3 ans, collée au lit. Vous ne pouvez pas parler, vous voyez des choses qui ne vous plaisent pas, vous ne voulez pas que votre entreprise ferme. Mais comme on dit chaque chose a son temps».
«Depuis que je suis revenue de loin, j’ai une autre vision de la vie»
«Encore une fois, c’est le projecteur de Dieu qui me suit toujours. Durant mon absence, c’est une sorte de renaissance pour moi. Car j’avais le temps d’écouter, d’apprendre. Il faut savoir retourner des situations à son avantage. Je me suis dite qu’avec ce single, je vais rendre grâce à Dieu. Car je reviens de loin. Et quand on renait, il faut un autre fonctionnement. Ce qui m’anime maintenant, c’est que je m’amuse, je ne me prends plus la tête, je ne vais plus me stresser, je ne planifie plus rien, je laisse les choses se faire comme ça doit se faire. Raison pour laquelle, j’avais envie de faire une autre musique, plus recherchée. Le thème est très profond, car ça montre que ‘’aduna dara diaroufi rakadiou’’. Depuis que je suis revenue de loin, j’ai une autre vision de la vie, car Dieu parle avec nous, mais on ne l’écoute pas».