Avec la crise des années 1970 et 1980, les Etats africains ont réduit les dépenses budgétaires et le social en a été particulièrement affecté. Progressivement, les premières dames ont commencé à se préoccuper de causes délaissées ou pas suffisamment prises en compte par le pouvoir central.
Aujourd’hui, la plupart des 1ères dames du continent sont investies dans au moins une œuvre caritative. Souvent, aux moyens d’une Fondation. Au Sénégal, la Fondation Servir le Sénégal de Marième Faye Sall, dissoute le 11 août dernier selon le journal Le Quotidien, dans son édition du vendredi, était destinée à aider les plus démunis. Avant elle, Viviane Wade avait mis en place la Fondation pour l’éducation et la Santé. Au Mali, Aminata Keita était active dans la lutte pour la scolarisation des enfants et contre le mariage des filles. Au Cameroun, la Fondation Chantal Biya se fixe un objectif assez vague de «réduire la pauvreté et lutter contre les maladies». Au Kenya, Margaret Kenyatta était active dans la lutte contre la mortalité infantile. En Côte d’Ivoire, la Fondation Children of Africa de la 1ère dame Dominique Ouattara œuvre au bien-être des enfants défavorisés. Chacune de ces fondations ou associations met en avant des réalisations concrètes et des avancées indéniables. Des personnes vulnérables ont reçu une aide précieuse, des infrastructures (école et hôpitaux) ont été érigées et dans certains cas, les campagnes ont favorablement changé les mentalités et incité à l’abandon de pratiques telles que les mariages précoces ou l’excision.
Vaines bonnes intentions ?
Toutefois, fait remarquer François Soudan dans Jeune Afrique, «ces Fondations agissent sur les effets du mal à savoir la souffrance des populations. Pendant ce temps, les causes dont l’éradication relève de l’Etat restent intactes». En d’autres termes, elles s’attaquent aux symptômes et non à la maladie qui est souvent causée par les dérives démocratiques, la corruption ou encore la mal gouvernance. Néanmoins, il est vrai que leurs fonctions ne leur permettent aucune emprise sur ces causes profondes. Autre problème indexé, la gestion problématique de certaines Fondations.
Au Sénégal, la société civile a longtemps réclamé l’audit de la Fondation Servir le Sénégal dissoute récemment. Au Cameroun, les fonds de la Fondation Chantal Biya proviennent du Groupe Bolloré. Il se pose aussi le problème de la continuité une fois que la 1ère dame et bienfaitrice quitte le pouvoir. Souvent, sa successeure arrive avec ses propres projets et monte sa propre Fondation. Si elle n’était pas solidement implantée avec des sources de financements transparents et non subordonnés aux privilèges liés au pouvoir, la Fondation précédente périclite lentement. Les infrastructures et programmes qu’elle a aidés à réaliser ne lui survivent généralement pas. Au Sénégal, l’hôpital de Ninifécha, joyau de la Fondation Education et Santé de Viviane Wade a connu de graves difficultés en 2013 suite à la défaite électorale des Wade. D’après un article du Quotidien, l’hôpital est devenu un poste de santé tandis que sa grandeur d’antan n’est plus qu’un souvenir.