En septembre 2022, c’est Serigne Mountakha Mbacké, qui a été la première personne à qui vous aviez confié votre décision de vous présenter à cette Présidentielle. Pourquoi une telle approche politique ?
Avant tout, il faut savoir que c’est son épouse, Sokhna Baly Mountakha qui m’a introduit dans son cercle restreint. Bien avant même qu’il ne devienne khalife général des mourides. Et je suis fier de l’avoir comme père, conseiller et ami. Ce qu’il me rend merveilleusement bien, au delà de toute espérance. Une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de l’informer en premier de ma décision d’aller à la rencontre du peuple par les urnes. Il en était ravi et a formulé des prières à mon endroit. Mais c’est surtout aussi pour le fait que je nourris une grande ambition pour la ville sainte de Touba. Comme, entre autres, sa sécurité, le drainage des eaux pluviales avec les algorithmes de l’intelligence artificielle. La construction du musée Khadim Rassoul avec le minaret de la félicité de 230 mètres de hauteur qui devra intégrer le Guinness Word Record, de l’Aikr (Aéroport international Khadim Rassoul) et la tour du Mgf (Mouride Global Finance), ainsi que la porte de Touba, etc. C’est à travers d’ailleurs ces projets innovants que nous allons activer le P912 du tourisme religieux.
Vous avez lancé dernièrement la coalition dénommée Jammi reewmi. Est-ce parce que vous estimez que la paix ne règne plus dans ce Sénégal ?
Jammi reewmi est une coalition de partis, de mouvements, d’associations et de personnalités indépendantes. Nous avons besoin de paix à tout prix au moment où le Sénégal est entouré par un cercle de feu dense, où les nerfs sont extrêmement tendus partout dans le pays, où un groupe de personnes nous piétine, nous humilie, nous prive de tous nos droits, de toutes nos libertés. Tous ces aspects doivent être pris en compte. Les Sénégalais en ont marre de voir leurs familles vivre dans la souffrance, dans la précarité et à côté, de voir les familles du camp présidentiel vivre aisément dans les dorures de la République. Il faut donc anticiper dans la démarche de préservation de la paix sociale de manière intelligente, levier fondamental par lequel passe toute stabilité.
Est-ce un échec de la coalition Natangué que vous aviez formée aux dernières Législatives et qui s’est retrouvée avec des frictions internes ?
À son état d’embryon, Natangué avait porté nos candidatures aux législatives. Le bilan fut positif car la démocratie a triomphé en son sein. Tous les problèmes qui y sont intervenus étaient des solutions pour moi. Une belle aventure que j’avais portée. Un leader, porteur de projets et de bonnes nouvelles, ne doit jamais se plaindre. Son rôle est d’accepter les plaintes et les complaintes des autres et d’y apporter uniquement des remèdes. L’embryon Natangué est aujourd’hui devenu un bébé. Et si j’accède au pouvoir, il va porter le nom de la plus belle cité d’Afrique qui sera construite à quelques kilomètres de Dakar, Natangué Hills. Une smart City de 3 000 logements, de 2 tours (Natangué Towers), d’un lac artificiel, d’une aire prestigieuse de golf, de la plus belle mosquée de l’Afrique de l’Ouest, d’une église, d’une gendarmerie, d’une caserne de sapeurs-pompiers, d’un commissariat et d’un héliport. C’est dire que Natangué poursuit son chemin pour toujours répondre avec précision à la quintessence de son étymologie.
Quelles est l’état de vos relations actuelles avec le Président Macky Sall que vous disiez avoir offert un bélier comme cadeau suite à votre emprisonnement en 2014 ?
Elles sont au point mort. Il est en train de répondre au service des Sénégalais. De la bonne ou mauvaise manière, les Sénégalais l’y jugeront le moment venu. Je ne suis pas satisfait de sa gouvernance. Le Pse ne répond pas aux exigences et aux réalités de notre pays. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi d’annoncer que si les Sénégalais me font confiance au soir du 25 février 2024, je me départirai du Pse et ferai du Sénégal une puissance économique mondiale. Le soft power que j’ai rédigé, le Sénégal une merveille sur terre, évoque tous les mécanismes qui boosteront notre économie et qui la rendront performante et compétitive. À son préambule, j’y ai inclus un proverbe de Cheikh Ibra Fall : «Bellé souma ranié- Ranié souma bellé – Souma bellé ranié». Autrement dit, la précellence dans le choix.
En tant qu’homme politique, quelle lecture faites-vous de la désignation de Amadou Ba par Macky Sall comme candidat de Benno ?
Je ne m’immisce pas dans les affaires des autres. Mais c’est tout à fait normal, dans une démocratie, qu’il y ait de l’animation surtout à quelques encablures d’une consultation aussi cruciale que cette Présidentielle pour toutes les organisations politiques. Maintenant, il faut comprendre que la sociologie politique du pays est en déphasage avec la démarche du leader de Benno bokk yaakaar. Le Président Macky Sall partira sans nous imposer son dauphin. Il a intelligemment mis en place une équation à trois inconnues que j’ai décelée. En plus clair, placer Amadou Ba candidat, se construire une opposition qui lui est favorable issue de Benno et faire sortir son candidat au premier tour et au lendemain de la prestation de serment, appeler à une retrouvaille de la famille de Benno. Pour freiner cette démarche, il faut comprendre comment Karpov a placé un coup fatal à Kasparov lors d’une finale de jeu d’échec en 1988. Les doués de raison comprendront.
En 2019, après avoir déclaré votre candidature, vous aviez finalement soutenu Idrissa Seck. Aujourd’hui, comment appréciez-vous la candidature de ce dernier ?
Je ne le connais pas bien. Heureusement d’ailleurs pour moi. A l’époque, j’avais seulement participé à l’élan de solidarité d’une large coalition de l’opposition qui voulait le départ de Macky Sall. J’étais logique avec ma démarche. Son avenir politique ne m’intéresse guère. Je ne crois pas en sa démarche ni en sa capacité à mener les masses vers des lendemains meilleurs. La charge de la prison a pesé sur lui, et sa colère vis-à-vis de celui par qui est passé cet événement douloureux n’a pas encore désenflé. Ce qui amplifie sa haine. Il fait partie du problème et ne peut guère constituer un élément du puzzle et être en même temps la solution. En 2024, le Sénégal devra présenter au monde en mouvement de nouveaux hommes qui ont compris la vitesse de sa marche, capables d’inclure notre pays dans cette course, et d’en faire un vrai champion. L’histoire raconte que chez les Zulus, quand un roi décédait, ces plus grands sbires se portaient volontiers pour l’accompagner et lui tenir compagnie dans la tombe.
Jusqu’à quel niveau mesurez-vous vos chances de remporter cette élection présidentielle ?
J’ai mesuré mon envie d’y participer qui est grande et excite mon désir de servir mon pays. Car ma mission est de servir l’humanité à travers la créature humaine. Je me réjouis de cette posture qui prouve à suffisance mon insignifiance en tant qu’être humain. Maintenant, je suis un croyant, qui comprend que le pouvoir est en exclusivité entre les mains de Dieu. Il le donne à qui il veut. Victoire ou défaite sont pareilles pour moi. Et j’ai demandé au Tout-puissant en me référant à la Sourate Baqara à son verset 186, de nous donner la victoire dès le premier tour. Et toute autre décision nous plaira tant qu’elle émane d’Allah.
Quelle est l’urgence dans la gestion du pays, selon vous ?
La fluidité et la rapidité dans le déplacement des hommes, des biens et des services. L’employabilité des jeunes, la prise en charge effective et efficiente de nos braves femmes. Les réformes profondes de l’administration sénégalaise, qui est un outil d’encadrement non de développement. L’eau potable dans chaque maison. Les inondations. L’éducation. L’agriculture. La sécurité. La santé publique. Tout est urgent dans notre pays. Et ce «tout» doit être écrit en majuscule et en rouge danger.
C’est quoi, selon vous, l’offre programmatique phare que vous portez ?
C’est d’abord le Tgv (Train à grande vitesse) que nous allons construire de Saint-Louis à Ziguinchor, qui va desservir toutes les capitales régionales, sans l’apport de l’Etat et sans usage de la garantie souveraine. Nous allons le financer à travers deux piliers majeurs. Il y a aussi le musée virtuel Cheikhoul Khadim et la Conférence internationale virtuelle sur la vie et l’œuvre de Cheikhal Islam. Mouride Global finance (Mgf) et Al Fayda Finance (A2f) seront les deux pôles financiers au cœur de sa réalisation. Toutefois, les algorithmes de l’intelligence artificielle y joueront un rôle primordial. Et 800 millions de dollars seront récoltés en 24 heures. Le reste du schéma nous l’exposerons à la présentation du programme inshaa Allah. Sans compter mon projet de réalisation de la banque des femmes- Allô Soxna Maï (Bdf) où nous injecterons 580 milliards de FCFA en passant par le Waqf qui est le fonds islamique pour l’éradication de la pauvreté dans le monde.
Pourtant sur le plan des infrastructures, le régime de Macky Sall s’est illustré par des réalisations d’envergure comme le Ter, le Brt, etc…
Si, aujourd’hui, j’avais à noter le Président Macky Sall, je dirais tout simplement que c’est un bon élève. Mais de la France. Parce que durant tout son magistère, il n’a fait que satisfaire le désir des multinationales de ce pays. Et c’est sur ce bilan que se trouve le Ter, le Brt, la finition de l’Aéroport international Aibd. Sauf que tous ces projets ne nous ont pas sorti du lot des 25 pays les plus pauvres du monde. Pour preuve, les jeunes sont en train de prendre les pirogues à la quête de lendemains meilleurs. On ne parle que de Nicaragua. Et nous, notre diagnostic est clair. L’Acte 4 de la décentralisation que nous comptons mettre en œuvre va vite régler le cas de la capitale. Parce qu’une fois élu Président, je supprime la mairie de Dakar pour aller vers la communalisation intégrale. Le département de Dakar n’aura plus que 5 communes de plein exercice au lieu de 19, avec des budgets annuels qui avoisinent les 15 milliards de francs Cfa. A la place d’un maire, il sera alors question d’un Président du conseil communal, une personnalité indépendante, choisi sur la base de critères apolitiques. En ce qui concerne le domaine social, nous sortirons les populations de la précarité par ce que j’appelle la solidarité triangulaire «Rabbal la mbaal – Yattal la gaal». Ce sera avec la création du ministère des cultes et de la solidarité nationale, du Fonds solidaire et d’un Haut conseil de la solidarité nationale (Hcsn) qui remplacera le Hcct et le Cese. Et tant que chef de l’Etat, pour donner l’exemple, je mettrai fin aux fonds politiques et transférerai cet argent dans le compte du Hcsn. L’Agence d’assistance à la sécurité de proximité (Asp) sera aussi remplacée par une brigade de surveillance des quartiers.
Que peut-on attendre de vous sur la bonne gouvernance et l’exigence de lumière sur les dizaines de morts notées dans les manifestations ayant secoué le pays ?
Si les Sénégalais m’accordent leur confiance, je vais ressusciter la Crei que Macky Sall vient de supprimer de notre arsenal de répression des crimes financiers. Mais cette fois ci, elle ne marchera pas le jour mais la nuit avec un processus intéressant dénommé le Plan Djigo. Le moment venu, ce plan sera révélé au grand public. Et le soir du 25 février 2024, inshaa Allah, en tant que président de la République, mon premier discours sera d’appeler tous les Sénégalais au pardon, quelles que soient nos fautes. Ce sera durant la nuit du pardon. Oublier nos blessures, nos peines et tous les dégâts qui nous avaient poussés à la colère et à la violence et engager un nouveau pacte social d’unité. Je recevrai le 5 avril, solennellement, toutes les familles des personnes disparues dans ces manifestations et je me rendrai le 11 avril à la Mecque avec à bord un invité-surprise. Lui et moi aurons la lourde responsabilité de cheminer ensemble pour maintenir notre pays dans une parfaite stabilité.
Sur quel levier comptez-vous s’appuyer pour le financement de cette panoplie de projets que vous venez de lister ?
Actuellement, je dirige un think tank basé à Abu Dhabi, composé de 400 hommes d’affaires qui viennent un peu partout dans le monde. Je les ai convaincus de s’intéresser à l’Afrique et particulièrement au Sénégal. C’est pour vous dire que nous n’aurons aucune difficulté à financer la réalisation de mon programme de campagne. Au niveau national, le défi sera aussi relevé. Car depuis plus d’un an, c’est comme une toile d’araignée que je suis en train de constituer en rencontrant des leaders politiques de ce pays, des porteurs de voix de la banlieue jusque dans l’intérieur du pays. Et ceux-ci sont avec moi pour porter ce projet qui va révolutionner le Sénégal que nous voulons exposer comme l’exemple le plus patent pour la transformation d’autres pays africains.