Invité du Jury du dimanche (Jdd), ce 5 novembre, le ministre des Collectivités territoriales, de l’Aménagement et du Développement des territoires, Modou Diagne Fada, fait le point sur l’état d’avancement des négociations avec l’intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales, qui poursuit son mouvement d’humeur pour réclamer la revalorisation de leurs salaires, entre autres doléances.
Il dit : « Nous travaillons à organiser la rencontre entre le Premier ministre (Amadou Bâ) et l’intersyndicale. Je dois dire que ça se passe très bien. J’ai déjà fait déposer le courrier qui renseigne sur l’état du recensement du personnel des collectivités territoriales. J’ai moi-même été à la rencontre avec le Premier ministre qui s’est tenu récemment à Mbour, quand il recevait les maires et présidents de département de la région de Thiès. C’était jeudi passé. Il a profité de cette rencontre pour dire qu’il va recevoir dans les meilleurs délais l’intersyndicale. »
La tutelle est optimiste quant à l’issue de la rencontre. « J’ai en face de moi des gens très fermes sur leurs positions mais qui sont aussi très courtois, très responsables. Ils sont conscients de ce qui peut être fait maintenant, et ce qui ne peut pas être fait. À partir de cette rencontre, j’espère qu’ils suspendront leur mot d’ordre de grève. C’est le but recherché. »
Le ministre de poursuivre : « L’État est prêt sur un certain nombres de choses. J’ai bon espoir que quand ils vont évaluer après la rencontre avec le Premier ministre, ils trouveront des arguments pour apaiser le climat, pour que les travailleurs des Collectivités territoriales retournent dans leur lieu de travail. »
Il rappelle que leur revendication ne porte que sur un seul point : « Du fait qu’on a augmenté le salaire des travailleurs de la Fonction publique, les enseignants, médecins et autres, il existe maintenant au Sénégal ce qu’on appelle la Fonction publique locale. Dans les textes qui régissent cette Fonction publique locale, ils disent qu’à chaque fois qu’on revalorise les salaires des fonctionnaires, on devrait aussi en faire de même pour les travailleurs régis par la Fonction publique locale. Ils se fondent, disent-ils, sur la loi, et nous pensons que c’est un point qu’il faut adresser. Il faut engager des discussions autour de ce point revendicatif pour lui trouver une solution. Maintenant, il faut quand même rappeler qu’ils sont employés par les collectivités territoriales (départements, villes, communes). Nous pensons qu’il y a des communes qui devraient avoir les moyens financiers pour pouvoir assurer la revalorisation des salaires. D’autres, par contre, n’en ont pas les moyens. » L’État est ainsi interpellé. »
Créé par décret, le Centre national de la Fonction publique locale et de la Formation procède au recensement des données du personnel, ajoute-t-il, expliquant : « Depuis huit mois, le ministère des Collectivités territoriales, à travers ce centre, est en train de faire le tour du Sénégal pour collecter des données. Parce qu’il fallait quand même savoir d’abord qui est personnel des collectivités territoriales et qui ne l’est pas. Qui sont les personnes régulières ? Et quelles sont les personnes qui ne sont pas régulières ? Ce recensement est bouclé. Je viens de transmettre le rapport au Premier ministre parce que le gouvernement ne peut pas s’engager sans identifier tous ceux qui tournent autour des Collectivités territoriales. »
« Après, il faudra mettre un dispositif pour veiller au recrutement du personnel. Ça doit faire partie des prérogatives. S’il n’y a pas de règles bien précises, les présidents de département et maires peuvent être amenés à recruter n’importe qui et à faire supporter les frais à l’État du Sénégal. Il faudrait bien qu’on mette de l’ordre dans la façon de procéder pour disposer de personnel des Collectivités territoriales comme dans le cadre de l’État central, il y a une commission nationale de recrutement qui siège qui recrute en tenant compte de profil, de niveau d’études, de qualifications, etc. », suggère-t-il.
L’impact de la grève est réel, note la tutelle. « Nous le subissons », reconnait le ministre. Qui s’empresse d’ajouter : « Par contre, depuis notre première rencontre, nous notons un assouplissement parce que la semaine où j’ai été nommé ils ont décrété 120 heures de grève. Quand nous les avons rencontrés, nous avons discuté avec eux, et le premier mot d’ordre après cette rencontre, c’était 48 heures. Aujourd’hui, ils ont sorti un communiqué pour se féliciter déjà de l’état d’avancement du dossier parce qu’ils savent que je suis engagé à organiser la rencontre avec le Premier ministre. Ils ont encore maintenu l’assouplissement en ne décrétant que 48 heures. ça s’améliore petit à petit. Mais, l’objectif est un arrêt de la grève ».
Dié BA et Abdoulaye SYLLA (Photo)