Le Congrès organisé par la Société panafricaine en pathologie brûlure (Pabs), sur le thème « prise en charge des brûlés graves en Afrique : problématique, enjeux et perspectives » a pris fin ce vendredi 10 novembre 2023, après trois jours de travaux. Lors desquels 68 infirmiers sénégalais ont été formés.
Président du Comité d’organisation local, le médecin colonel Mouhamadou Mansour Fall tire un bilan positif de l’événement, soulignant lors de la cérémonie de clôture, que « ces trois jours ont été très riches ». « Nous avons débuté le premier jour par une formation grâce à la générosité du Professeur Oumar Kane, président du comité scientifique du Congrès, qui nous a ouvert les portes du Centre de simulation de la Faculté de Médecine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) », s’est-il réjoui, entre autres activités.
Il retient que « cette journée a été fortement appréciée, et je pense que dans la perspective de la création imminente de la société sénégalaise du traitement de la brûlure, d’autres ateliers sont envisagés aussi bien à Dakar que dans les autres capitales régionales. »
Par rapport au Congrès, relève-t-il pour s’en féliciter, « le thème principal a été disséqué à travers 55 conférences et communications. On s’est rendu compte de l’importance de la chirurgie. » Avant de lancer : « Nous les anesthésistes-réanimateurs, on aura beau être renforcés sur nos moyens humains et matériels, il nous faut cette chirurgie pour avoir un meilleur cadre de soins même dans les zones les plus reculées, et avoir un ou des centres de références pour réduire la mortalité qui est élevée. » Mais, « qui reste évitable », souligne le spécialiste. Qui évoque « un autre aspect » lié « au risque en général mais surtout celui industriel. » « On a vu ce qui s’est passé dans les autres pays africains qui exploitent le gaz et le pétrole depuis des années (avec) 5 000 morts dans 15 accidents en 12 ans dont 1500 sur site. Ces situations devraient nous pousser à réfléchir. »
Revenant sur les enjeux, il explique : « On avait tendance à crier victoire dès que le patient sortait de réanimation. » Le défi, indique-t-il, « doit aller de la phase de réanimation jusqu’à la sortie d’hôpital. » Dans ce sillage, préconise le médecin, « il faut savoir encadrer surtout ces traumatisés qui vivent ça dans leur chair. »
Prenant la parole, Pr Oumar Kane, président du comité scientifique, a salué « le dévouement, et la passion pour l’avancement de la science médicale dans le domaine de la prise en charge des brûlures » des chercheurs qui ont pris part au Congrès. Ce, pour dire que « les échanges dynamiques et les idées novatrices que nous avons partagés au cours de ces jours ont renforcé la compréhension collective et ouvert de nouvelles perspectives dans la lutte contre les brûlures. »
« Ensemble, nous avons jeté les bases d’une collaboration future fructueuse et avons contribué à l’avancement de la science médicale dans un domaine critique que celui de la brûlure », a-t-il ajouté.
Avant de conclure : « Je suis convaincu que les fruits de nos efforts communs auront un impact positif durable. »
Une des recommandations phares, « c’est qu’il faut qu’on se dote des moyens et centres (dédiés) pour une prise en charge optimale de la pathologie, a décliné Dr El Hadji Malick Niang, anesthésiste-réanimateur. « C’est important pour que quand un accident survient qu’on ait des structures capables d’accueillir les patients », justifie-t-il.
Pour le Directeur de Urgences et solutions médicales, « il faut qu’on travaille également sur la prévention », en « identifiant les risques », et en « les vulgarisant », à travers les médias, « afin que la population puisse également jouer son rôle contre les accidents domestiques qui sont la première cause de brûlures au Sénégal. »
A retenir que les médecins ont aussi insisté sur la prise en charge psychologique des malades. « Aujourd’hui, il est extrêmement important de savoir que le brûlé n’est pas seulement pris en charge par les urgentistes, les réanimateurs et les chirurgiens. Les nutritionnistes sont concernés, de même que ceux qui assurent la rééducation, pour éviter les séquelles. Le brûlé est malade victime d’un traumatisme. Il est important qu’il soit accompagné sur le plan psychologique et psychiatrique afin qu’il puisse reprendre une vie normale après sa guérison », décortique un spécialiste.
Les conclusions seront transmises au ministre de la Santé et de l’Action sociale, Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye, qui avait présidé la cérémonie d’ouverture.
Dié BA et Abdoulaye SYLLA (Photo)