À ses débuts en 1957, l’Université de Dakar était la 18ème université française. Elle est aujourd’hui la 1ère université d’Afrique francophone. Le chemin parcouru fut jalonné de gloire et de troubles. Dès le départ, elle a servi de pépinière d’élites pour les pays africains nouvellement indépendants. La qualité de l’enseignement et de la recherche qui y sont menés a résisté aux vicissitudes du temps si bien que l’Université conserve encore une réputation d’excellence en Afrique. Toutefois, le chaos, la violence et le désenchantement ont été de fidèles compagnons de route. A travers des témoignages d’historiens et de chercheurs ainsi que les confidences d’archives dépoussiérées. L’Université de Dakar tarde à rouvrir ses portes. Une petite incursion dans cette immensité silencieuse et déserte permet de prendre pleinement conscience du sentiment mitigé qui doit animer l’Université. D’un côté, elle jouit d’une tranquillité dont elle a rarement droit. Et de l’autre, elle est temporairement dessaisie de sa mission. Bés bi fait une plongée spacio-temporelle au cœur de ce temple du savoir… et du bazar.
Depuis sa création en 1957, l’Université de Dakar a accueilli des centaines de milliers d’étudiants mais en cette matinée, cet endroit verdoyant est désert. L’Institution est encore fermée si bien qu’à la place du bourdonnement habituel, un silence impérial s’est emparé des lieux. De temps en temps, on croise çà et là un individu ou deux. Mais pour l’essentiel, l’environnement est dominé par une nature flamboyante, d’imposantes bâtisses et des arbres dont le feuillage touffu atténue l’omniprésence du soleil. Ce sont là des témoins séculaires muets qui ont vu se succéder des générations d’étudiants et assisté aux grands évènements qui ont secoué l’espace universitaire. S’il leur avait été donné la possibilité de s’exprimer, ils nous auraient sûrement narré des moments clés.
La Faculté de médecine maintient le flambeau
En 66 ans d’existence, l’Université a connu troubles et gloires mais rarement un silence aussi assourdissant en période d’ouverture. Quelques instants plus tard, on arrive au niveau de la Faculté de médecine et là on tombe sur un attroupement. «Il s’agit d’une soutenance», précise-t-on. Quel subtil clin d’œil de l’histoire ! Dans une Université au point mort, la Faculté de médecine reste debout comme elle l’a été depuis 1918. L’école de Médecine a été la première institution d’enseignement supérieur en Afrique coloniale française. Avant cette date, c’est l’École normale William Ponty qui préparait les populations autochtones aux trois métiers qui leur étaient accessibles : instituteurs, administrateurs et aide-médecins. Le niveau des apprenants devenant de plus en plus élevé, on a dû créer une école de Médecine pour former des médecins auxiliaires devant assister les médecins coloniaux. C’est le Docteur Aristide le Dantec qui inaugure et dirige cette école qui va devenir la Faculté de Médecine après la création de l’Université de Dakar en 1957. L’école continue de former des générations de médecins africains dont le premier Président ivoirien, Félix Houphouët Boigny.
Marly DIALLO