Candidat déclaré pour l’élection présidentielle de février 2024, Dr Abdourahmane Diouf prône une nouvelle République, une nouvelle constitution basée sur nos réflexions. « Actuellement, nous avons la République du Sénégal. La République du Sénégal vient de la colonie du Sénégal. Est-ce que vous avez déjà entendu parler de la République de France ? Il n’y a pas de République de France. Il y a la République française. Nous, on n’est pas la République sénégalaise. On est la République du Sénégal. Quelle est la différence entre les deux ? La différence, c’est que nous continuons à fonctionner comme un appendice, comme une excroissance de la France. Il n’y a rien dans nos institutions, rien dans nos façons de faire, rien dans notre façon de vivre, rien dans notre façon de concevoir notre économie, qui soit pensée par nous-mêmes. Alors, il est évident qu’on n’est jamais venu ici, et on ne peut servir que par soi-même. Le Sénégalais est suffisamment intelligent pour ne pas aller hériter d’un modèle de développement économique et institutionnel de la France. Et c’est l’erreur de base qui a été commise au moment des indépendances. Et nous nous sommes dit, tant que nous vivons avec les idées des autres, nous n’aurons pas la capacité de développer notre potentiel », a-t-il indiqué sur le plateau du Jury du dimanche de iradio.
Pour lui, il est temps qu’on passe d’une République du Sénégal à une République sénégalaise. Suivant trois principes. Le premier principe, c’est que toutes nos institutions doivent être changées. « Regardez l’institution du président de la République. Il peut tout, il sait tout, il fait tout. C’est un monarque de droits divins, le président de la République. Il y a trop de pouvoirs. Trop de pouvoirs que nous avons hérités de la 5ème République française. Nous avons dit qu’il faut limiter les pouvoirs de ce président de la République, amorcer une démocratie de concordance, qui lui permet de comprendre que ce n’est pas parce qu’on est là, qu’on est élu, qu’on est le roi, mais qu’on doit être constamment en discussion, en négociation avec l’opposition, avec le secteur privé, avec la société civile, pour que le Sénégal puisse être gouverné suivant des décisions consensuelles.
Tout à l’heure, on a parlé des grands projets de l’Etat sur les investissements. Nous, président de la République, nous préconisons un seuil au-delà duquel tous les projets d’infrastructures, par exemple, doivent être soumis au vote de l’assemblée nationale, et doivent être soumis au contrôle de toutes les autres institutions existantes. Un président de la République ne doit pas pouvoir se lever un matin et dire j’investis 100 milliards dans un projet sans pour autant qu’il y ait un débat national sur l’opportunité et sur le montage financier ». Et d’ajouter : « nous, nous nous engageons à réduire ces pouvoirs du président de la République. Donc toutes nos institutions doivent être sénégalisées, basées sur notre façon de faire, réduire le pouvoir du président de la République, retravailler à l’équilibre des différences, réduire les différents pouvoirs. Le deuxième pilier, c’est le secteur privé. Mais il y a un troisième pilier social extrêmement important. Au Sénégal, il n’y a que 20% des Sénégalais qui ont un régime de protection sociale. C’est-à-dire qu’ils peuvent aller se soigner sans difficulté quand ils sont malades, qui ont une retraite, etc. Nous avons mis en place un système basé sur le social, par exemple un système d’assurance maladie… Différent de la couverture maladie universelle ? C’est totalement différent. Sur l’idée, c’est la même chose. Sur la projection, c’est la même chose. Mais sur les modalités, ce n’est pas la même chose. Donc si vous mettez en place la réforme des institutions que nous préconisons, le développement du secteur privé à travers le patriotisme économique, et toutes ces réformes sociales de base que nous faisons, vous avez un Sénégal sénégalisé qui nous appartient et qui a une croissance introvertie qui nous permet de nous développer ».
Cheikh Moussa SARR