Un temps de l’illusoire malgré des coups de com’. Sur le chemin de la Présidentielle du 25 février 2024, beaucoup découvrent leur génie malfaisant. Le jeu n’est plus sur une toile où l’on investit sur des «stocks d’options virtuelles». Rien que des illusions créées, des espérances incarnées. Une direction n’est plus dans un désordre des évènements, un bouillonnement, une joie de se consumer. Ils ne sont plus maîtres de leur destin. Pas de rush aux guichets de la Cdc (Caisse des dépôts et consignations) après une ruée à la Direction des élections pour un retrait des fiches et autres dossiers pour candidats à la candidature.
Demain suivra l’aube d’une désillusion nouvelle. Une traque des fake de glaneurs de parrainages. En attendant, des communautés d’actions se sont disloquées. Difficile d’établir des communautés de réactions. Pourtant des bras s’étendent pour repousser des périls. Une concurrence va être ouverte. Une lutte démocratique, une bataille peut-être féroce… Mais, par rapport au destin du Sénégal, un seul mot d’ordre salutaire : union et accord pour la sauvegarde d’un pays évoluant dans un contexte géopolitique et sécuritaire complexe. Voici le devoir qui incombe à chacun. La seule victoire qui mérite d’être remportée.
Des populations savent être sans désespérer. Seulement, elles en ont tant vu que leur cœur bât encore plus fort. Quels dangers elles ne redoutent pas. Quel feu la prochaine fois ? Tout est épreuve dans leur vécu. Jamais l’épreuve ne leur a épargné son visage hideux. Toute sagesse venant des choses, ces épreuves passées et présentes suffisent à les convaincre que les agendas sont différents. Plus de dépits devant des choses fausses. Des perceptions l’emportent sur un réel. Personne ne s’accorde sur le principal et l’accessoire. Tout devient énigme à élucider. Qui du cœur ou de l’esprit est dupe de l’autre ? Le vent souffle et transporte des bruits, des messages qui n’alertent plus des oreilles. Tout s’effondre qui se réduit à l’horreur. Personne n’est responsable parce que c’est la faute de l’autre. Personne ne renoncerait à convoquer un drame pour étancher une soif de ses désirs.
«Plus rien ne me touche…»
Avec une décadence de la politique, voire des mœurs, «le souci constant et scrupuleux de la vérité» n’est plus un but poursuivi. Il n’est plus quand «une cause défendue n’a pas besoin de mensonge, de calomnie, de procédés obliques… Elle n’a pas besoin ni qu’on diminue ou rabaisse injustement les adversaires, ni qu’on mutile les faits…». Aujourd’hui n’est-ce-pas l’époque des agitateurs sans talent et sans scrupule ? Hier, sans être jusqu’au-boutiste, l’opposition savait dialoguer, faire avancer un jeu démocratique. Elle n’en était pas moins réprimée. Elle avait su recevoir et donner des coups. Elle a souvent ramé contre des foules. Elle savait s’arrêter près du gouffre, ne jamais précipiter un chaos, préserver une paix sociale même précaire. Le pays lui doit, entre autres : l’interdiction des campagnes électorales déguisées au cours des mois précédents le scrutin électoral, l’identification des électeurs par une pièce d’identité pour l’inscription sur le fichier électoral, comme pour le vote, l’utilisation de l’encre indélébile pour éviter les votes multiples, le passage de la majorité électorale de 21 à 18 ans, le passage obligatoire par l’isoloir pour tout électeur, le vote des Sénégalais de l’étranger, la création d’un observatoire indépendant des élections – la Cena -, la garantie d’une immunité aux candidats pendant la durée de la campagne électorale, etc.
L’opposition avait-elle «été trop lucide durant une vie trop longue» ? Aujourd’hui, malgré la fureur et le bruit, cette foule qui lynche plus sur des réseaux sociaux, beaucoup diraient comme Samba Diallo dans L’aventure ambiguë (livre qui devrait servir de bréviaire pour la campagne électorale à venir) : «(…) je ne résonne plus. Je suis comme un balafon crevé, comme un instrument de musique mort. J’ai l’impression que plus rien ne me touche.» Samba Diallo confessait une perte d’un «monde de connaissance privilégié… (où) … toute chose (le) portait au plus essentiel d’elle-même…». Méditons sur ses mots : «Nous sommes vides de substance et notre tête nous dévore. Nos ancêtres étaient plus vivants. Rien ne les divisait d’eux-mêmes». Que faire pour que le Sénégal ne se divise pas de lui-même ? Peut-être vivre et agir comme la Grande Royale «chez qui la réalité ne perd jamais ses droits». En effet, sur les sentes sinueuses de la politique politicienne, c’est facilement que tout devient «un peloton de fil embrouillé qui se noue ici quand on le dénoue là».
Par Assane SAADA