« Il appartient aux parties d’amorcer la fin des combustibles fossiles ». Cette déclaration du secrétaire exécutif des Nations-Unies pour le changement climatique en dit long sur le bras de fer autour des énergies fossiles. En effet, une semaine après le démarrage de la COP 28, Simon Stiell le reconnait : le dossier fossile risque de compromettre le texte final. Mais dans les coulisses, notamment du côté Sénégal, on reste inflexible. Une bataille dans les négociations qu’aura du mal à calmer le jour de repos déclaré ce jeudi au centre d’exposition de Dubaï.
Le pas pressé, le ton grave, la mine sérieuse. Le boss du climat de l’ONU donne le ton de sa conférence de presse. Simon Stiell demande aux parties, négociateurs de sortir de leurs « postures ». il estime qu’à une semaine du texte final, les négociations trainent encore. Au banc des accusés comme on pouvait s’y attendre : les énergies fossiles. Selon le diplomatique, les négociateurs peinent à accorder leur violon. Le fossé reste énorme entre deux camps. d’une part les pays qui veulent signer à Dubaï l’arrêt définitif des énergies fossiles (charbon, pétrole ou gaz). Et de l’autre, les pays qui se braquent au nom de leur développement. » Nous devons pas être obligés à choisir entre le développement et l’environnement « , a déclaré Macky Sall devant ses pairs à la tribune de la COP. La crispation autour de la sortie des énergies fossiles est bien là. Et pourtant, « des propositions sur leur élimination progressive sont sur la table de la COP 28 », annonce Simon Stiell. Mais il prévient : « c’est aux parties de résoudre ce problème et de proposer une déclaration au final ».
« Ce blocage est tout sauf une surprise » fulmine, un membre de la délégation sénégalaise. Ce dernier vient tout juste de participer à une session de négociation. Sa position est la ligne de conduite du Président Macky Sall. « Certains veulent nous imposer un agenda que nous n’allons pas accepté », ajoute le cinquantenaire sur un ton ferme. Un contexte tendu depuis le début des négociations et qui se poursuit. Une fumée noire qui plane sur le texte final. Face à cette situation, des organisations demande au Sénégal d’être plus flexible. C’est le cas de Greenpeace Afrique.
Dr Oulie Keita Directrice exécutive de Greenpeace Afrique : « Le Sénégal doit revoir sa position sur le gaz »
Dans une salle du centre d’exposition de Dubaï, le Sénégal est sur toutes les lèvres. Au menu des échanges : l’exploitation des combustibles fossiles en Afrique. Pour Dr Oulie Keita Directrice exécutive de Greenpeace Afrique : « Le Sénégal doit revoir sa position sur le gaz ». D’après elle, la ressource d’hydrocarbure ne saurait être considérée comme une énergie de transition au regard de ses effets néfastes sur la vie des communautés africaines. Elle invite plutôt le Sénégal à poursuivre ses « investissements dans les énergies renouvelables ». Au cours des débats, Dr Oulie Keita cite à plusieurs reprises l’exemple du Kenyan et propose les énergies renouvelables. Elle souligne que « le kenyan est leader dans ce domaine avec 70 % d’investissements et compte atteindre les 100% d’ici 2030 ». Pour y arriver, la Directrice exécutive de Greenpeace Afrique réclame un transfert de technologies des énergies renouvelables et l’accès aux financements pour les pays africains.
Pape Ibrahima NDIAYE (Envoyé spécial à Dubaï)