Me Mame Adama Gueye brise le silence. Il attend l’exécution de la décision du président du Tribunal d’instance de Dakar, soulignant que le recours intenté par l’Etat n’est pas suspensif. De façon générale, l’ancien candidat à la Présidentielle, qui dénonce les violations dans les décisions de justice et dans l’administration, en déduit que le Sénégal n’est pas un Etat de droit. Un avocat était à la barre du Jury du dimanche.
Me Mame Adama Guèye est formel. «Le Sénégal n’est pas un état de droit», a-t-il martelé. «En guise d’exemple, dans un État de droit, est-ce qu’une administration peut refuser d’appliquer une décision de justice, alors que le texte dit que c’est exécutoire ? Est-ce qu’on peut dire de manière absolue qu’on respecte la primauté de la loi ? Je suis désolée de le dire, nous n’avons pas encore un état de droit». Il ajoute : «Si l’administration ne peut pas respecter la loi, comment peut-on l’exiger des citoyens ? C’est cela l’enjeu aussi. Nos administrations ont tendance à se mettre dans des postures d’allégeance. Or, l’allégeance on ne la doit qu’à la République et à la loi, pas à un pouvoir qui passe. On a une administration très politisée et les conditions de sélection et de nomination sont parasitées par ces considérations politiques qui font que ceux qui sont dans l’administration, pour se maintenir ou pour être promus, se mettent en posture d’allégeance. Si on avait d’autres conditions de nomination fondées sur des bases objectives, de compétence, de transparence, d’éthique, on en serait pas là. Et aussi l’enjeu de cette élection au-delà du changement du personnel politique, c’est que tant qu’on n’ira pas au fond, on changera peut-être de régime mais pas le pays. Et ce pays a besoin d’un changement profond sur ces registres», a dit Me Mame Adama Guèye.
Ndèye Anna NDIAYE, Hamath KANE & Abdoulaye SYLLA (Photo)