Avec 5 trophées continentaux remportés dans différentes catégories, le football sénégalais trône sur le toit de l’Afrique. Cette réussite est en partie liée à l’encadrement prodigué aux jeunes. C’est l’occasion pour Bés bi de faire un focus sur le coach Papa Jean Gueye qui encadre et soutient des jeunes footballeurs U12 qu’il a d’ailleurs menés à un sacre mondial après des victoires sur l’Ajax, l’Atletico Madrid et le Milan AC. Ce coach a également encadré le jeune Amara Diouf pendant 3 ans avant son départ pour Génération Foot.
D’où vous vient cette passion pour le football et l’encadrement des enfants ?
Ma passion du football vient, au-delà du destin, de la proximité du stade Demba Diop avec le quartier de mon enfance Niary Tally. En effet, la présence dans la zone de ce stade mythique qui a accompagné notre enfance, sa cohabitation avec des quartiers comme la Sicap, Niary Tally, les Hlm, Ouagou Niayes, Grand-Dakar et autres, a fait naitre chez la plupart des jeunes une passion folle pour le football. Personnellement, cet état de fait m’a conduit du foot de rue avec les amis ou l’école de football au championnat national aux Niayes de Pikine (devenu AS Pikine), en passant par l’UEASSU. Pour ce qui est de l’encadrement des enfants, c’est pour moi une manière de rendre la monnaie de la pièce, parce qu’ayant été encadré et soutenu durant ma carrière par différents encadreurs et entraineurs. Mais aussi d’une certaine manière un moyen de continuer à vivre ma passion pour le football, à travers la formation de jeunes.
Quel a été votre apport dans l’évolution de la jeune carrière d’Amara Diouf ?
C’est un cas sur lequel je n’aime pas trop m’épancher, parce que ce que j’ai vécu avec lui, ce que je lui ai apporté moi je le sais, Dieu le sait et cela s’arrête là. Son père est un grand ami à moi, et c’est ce qui l’a amené vers moi à un moment donné de sa formation pendant 03 ans. Au cours desquels il a eu à participer en ma compagnie, en 2018 à l’Universal Youth Cup en Italie. Il devait y retourner l’année suivante c’est-à-dire en 2019 et c’est entretemps qu’il a intégré Génération Foot. Je lui ai apporté ce que je pensais être en mesure de lui apporter pendant cette période. En tant que gamin et tant que fils, et la réussite c’est tout le mal que je lui souhaite.
Quelle est votre philosophie en matière de développement des jeunes joueurs de football ?
Pour moi, le football reste un jeu, même s’il est devenu aujourd’hui une grosse industrie qui nourrit bien tous ceux qui gravitent autour. Seulement la pratique de ce sport doit être une source de joie. C’est pourquoi il est primordial d’inculquer au jeune footballeur le plaisir de jouer. En lui enseignant à la base tous les rudiments liés à la bonne pratique du football, notamment en ce concerne les fondamentaux techniques, tactiques, physiques…… Non sans oublier les vertus du sport qui reposent sur la notion de fair-play, de sportivité, du respect de soi et des autres. De la discipline, qu’elle soit individuelle ou collective et pour terminer faire en sorte qu’il prenne goût à l’effort répété car c’est sur cela que repose en grande partie le football.
Qu’est-ce que la pratique du football peut apporter à l’éducation d’un enfant ?
Le football est un sport collectif, il est donc évident qu’il peut développer chez l’enfant un bon état d’esprit, basé sur le partage, l’acceptation et le respect de l’autre, une envie régulière et constante de vivre-ensemble. On peut citer également parmi ces facteurs, le respect des règles établies mais aussi l’acceptation de la sanction. Et pour terminer avec celui que l’on pourrait considérer comme le vecteur le plus important qui est le développement de l’intelligence. Puisque le football se définit comme étant une discipline qui requiert de l’intelligence en mouvement.
Quelles sont les principales qualités qu’il vous semble important d’inculquer à ces jeunes?
Le jeune footballeur doit être préparé au milieu auquel il aspire intégrer et pour cela il doit : avoir un esprit d’équipe et de fair-play, être discipliné en tout et partout, savoir se relever et rebondir après un échec, aimer travailler en extérieur, savoir se remettre en question à chaque fois que de besoin, avoir le goût du travail bien fait.
Pouvez-vous nous parler d’une expérience particulièrement gratifiante
que vous avez eue en tant qu’entraineur-éducateur de jeunes footballeurs ?
Bon cela peut s’avérer un peu délicat car avec les enfants j’ai vécu beaucoup de belles choses. Cependant il y en a eu une ou deux, voire même trois qui m’ont vraiment marqué, et elles se sont toutes déroulées en Europe précisément en Italie, lors de nos participations à l’Universal Youth Cup dans la catégorie des U12. En 2015, à ce moment nous étions à notre deuxième participation au tournoi qui regroupait à l’époque 48 équipes réparties en poules de 03 et seule la première devait se qualifier pour les huitièmes de finale. Cette année-là, nous avons accusé du retard dans notre planification, alors que nous devions jouer le match d’ouverture contre l’équipe d’Empoli. Nous sommes arrivés le jour du match à 12h et le coup d’envoi était prévu à 14h. Malgré toutes ces péripéties nous avons fait un match nul, un but partout contre le favori de la poule à savoir Empoli, après avoir mené au score. Lors de la deuxième journée nous étions exemptés, Empoli avait battu Emiliani par 14 buts à zéro. Et Au moment où tout le monde nous donnait pour éliminés y compris les dirigeants du centre, les gosses ont battu Emiliani par 18 buts à zéro et se qualifiaient pour les huitièmes de finale. Cette année-là nous avons terminé à la cinquiè- me place du tournoi en battant des équipes comme Chelsea 5 à 0, PSG 2 à 1…
La deuxième est celle de l’année de notre sacre en 2019, après avoir battu des équipes comme l’Inter Milan en huitième, l’Ajax en quart de finale, l’Athletico Madrid en demi-finale et le Milan AC en finale après prolongation.
Quels sont les défis et difficultés auxquels vous êtes confrontés en tant que coach ?
Les défis restent toujours les mêmes et ils consistent à aider le maximum de jeunes à donner un sens à leur vie, soit en tant que footballeur ou en réussissant ailleurs que dans le football. Car la réussite au football ne doit pas être une fin en soi. Pour ce qui des difficultés, elles ont pour nom le manque d’infrastructures notamment de pelouses de proximité dans les quartiers. Ce qui permettrait aux gamins de se familiariser très tôt avec la pelouse.
Comment préserver le bel élan du football sénégalais sur le toit de l’Afrique depuis quelques années ?
En investissant dans la formation des encadreurs et entraineurs mais aussi et sur- tout au niveau de la petite catégorie. A travers un championnat régulier et consistant avec autant de matchs que possible. En accompagnant les écoles de football qui font de leur mieux pour assurer un bon contenu de formation aux jeunes à la base.
Marly DIALLO