L’image du pays du Sénégal a été écornée à cause des agissements de certains hommes politiques. Invité du Jury du Dimanche sur Iradio, Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal souligne : « aujourd’hui, nous rasons les murs. Tous les sénégalais rasent les murs y compris nous qui critiquons ce gouvernement-là. Parce que notre fierté, c’était le modèle démocratique sénégalais. Même s’il était imparfait, nous le critiquons. Parce que nous avons vu quand même des journalistes français se donner à cœur joie quand même, expliquer que la démocratie sénégalaise était en réalité juste illusoire, qu’elle n’était pas réelle. Mais vous vous rendez compte ? Il y a eu cette menace du Sénat américain. C’est impensable. Le Parlement britannique a également demandé à ce qu’une motion soit votée. C’est impensable. L’Union européenne, etc. C’est impensable. Donc, vraiment, Macky Sall doit des excuses au peuple sénégalais. Il nous doit des excuses. Nous n’accepterons ces excuses que si Macky Sall organise, une élection libre, démocratique et transparente. Il transmet le pouvoir de façon ordonnée à son successeur. S’il n’y a pas évidemment une victoire au premier tour, il doit y avoir un deuxième tour, comme le Conseil constitutionnel l’a déjà indiqué, que le président de l’Assemblée puisse continuer le processus et transmettre le pouvoir de façon ordonnée », a-t-il déclaré.
L’autre fait qui a écorné l’image de notre pays à l’international c’est les accusations de corruption contre le conseil constitutionnel. À ce propos affirme Seydi Gassama : « Jusqu’à ce jour, on n’a aucune preuve de ces accusations. Quand vous voyez les gens du PDS dans les débats à la télé, ils sont tous très prudents parce qu’ils savent ce qu’ils attendent. Vous accusez ouvertement un magistrat d’être corrompu, mais il porte plainte contre vous. Il y a combien de gens qu’on a arrêtés, qu’on a mis en prison, simplement parce qu’ils ont critiqué des magistrats. M. Diomaye Faye lui-même a été envoyé en prison, n’est-ce pas ? Avant que, évidemment, la procédure contre lui-même ne soit lancé. Il était en prison parce qu’on l’a accusé de faire outrage au magistrat, de dénigrer l’exécution judiciaire. Mais là, on a des accusations particulièrement graves contre l’institution judiciaire et on ne voit rien du tout. Je ne dis pas qu’il fallait aller arrêter des députés libéraux, non. Mais, encore une fois, c’est deux poids deux mesures. Quand on est proche de Macky Sall, quand on fait l’affaire de Macky Sall, on peut critiquer ouvertement des magistrats sans que ça soit outrage à magistrats ».
Donc, selon lui, il faut réformer l’institution judiciaire. « C’est une obligation du futur président. Et nous allons vraiment insister. Mais c’est une priorité parce qu’il va de la stabilité du pays. Un pays ne peut pas se développer sans la stabilité. Or, la stabilité du Sénégal aujourd’hui dépend de la confiance que les citoyens ont en l’institution judiciaire. Dans une démocratie, l’institution judiciaire est la seule habilitée à arbitrer des conflits. Et lorsque les arbitres, les citoyens doivent adhérer. Mais pour qu’ils arrivent, il faut qu’ils aient confiance dans l’institution. Mais lorsque l’institution, n’est-ce pas, de par la loi, est entièrement sous la coupe de l’exécutif, évidemment, il y a quelques juges rebelles qui se revivent, qui sont très indépendants, mais globalement, beaucoup de juges évidemment, sont sous la pression de l’exécutif. Une pression énorme de l’exécutif qui peut s’exécuter de différentes manières, y compris par justement le non-respect, l’immobilité des judiciaires, en plus évidemment de la menace et de la consécration de l’investissement.
Cheikh Moussa SARR et Pape Doudou DIALLO (Photo)