Selon la Direction de la prévision des études économiques (Dpee), en 2018, le secteur informel a contribué à hauteur de 41,6% du PIB et 39,8% de la production nationale dans notre économie – malgré ces chiffres. A Sandaga, les marchands ambulants ont ressenti de plein fouet les crises. Reportage…
Il est presque que 11h au marché Sandaga. Le soleil s’installe petit-à-petit en jetant ses premiers rayons qui font disparaitre la fraicheur matinale et annoncent l’après-midi. L’avenue Lamine Gueye est en pleine ébullition. Les embouteillages provoquent une longue file indienne qui s’est rapidement formée le long de l’avenue. L’ambiance très chaude est alimentée par les cris stridents, les klaxons des voitures, les discussions et parfois des disputes entre conducteurs en colère. Les voitures, les passants, les vendeurs et surtout les marchands ambulants se bousculent sur la route. Des tables de vendeurs de divers produits, des voitures garées devant des magasins et le garage des motos tiak-tiak juste au bord de la route s’ajoutent au décor riche en couleurs et en sons.
«Des salariés viennent nous concurrencer parfois»
La fumée dégagée par les voitures et les motos pollue l’air qui pique les narines des passants obligés de slalomer entre les véhicules pour s’éloigner de cet embrouillage infernal qui rend l’avenue invivable. Certaines motos parviennent facilement à se frayer un chemin dans ces bouchons en concurrence avec quelques passants téméraires qui n’hésitent pas à se faufiler entre deux voitures. Pendant ce temps, certains marchands ambulants en profitent pour proposer leurs articles aux automobilistes. Ils sont d’ailleurs nombreux dans ce marché et faciles à identifier grâce aux produits détenus et leur mobilité permanente. Trouvé à quelques encablures de l’avenue, un marchand ambulant d’une cinquante d’années est debout à côté d’une voiture stationnée devant un magasin. Le visage couvert de rides et pensif, il est en train d’attendre certainement un futur client. Sous le couvert de l’anonymat, le vieil homme qui connait bien le marché pour l’avoir fréquenté pendant plus de dix années accepte de se confier en tenant entre les mains des chaussures fermée neuves. «Ce marché n’est plus ce qu’il était. Les temps sont durs et on ne gagne plus assez», a-t-il-rétorqué, le cure-dent à la bouche avec un air désespéré. «Les clients se font rares et on a tous les problèmes du monde pour écouler nos articles», a-t-il renchéri, avant de marteler : «Il arrive même que des fonctionnaires ou des salariés viennent nous concurrencer à cause des situations difficiles que le pays est en train de vivre.» Non loin de là, Kabirou Tambédou, un vendeur de bracelets, a étalé ses produits sur une petite table devant un grand magasin de tissus de marque.
Demba THIAM