À une semaine de la fête de Tabaski, Dakar garde toujours son visage quotidien. Le décor des rues est marqué par un calme plat. Les populations vaquent à leurs occupations comme à l’accoutumée. Aucun trait d’un quelconque engouement pour la fête sur le visage. Au quartier de Niary Tally, seul un atelier de couture aperçu de loin assure l’ambiance de la préparation de la Tabaski. Des dames sous un arbre à palabre évitent les sujets liés à la fête. « Je préfère ne pas en parler parce que cela me traumatise » lâchent-elles. À côté, une jeune mère de famille qui essaie d’oublier ses pensées se réfugie dans les « khassidas ».
Assise sur une chaise marron la voile entre les deux mains pour se couvrir la tête, Fatoumata Camara déclare : « je n’ai pas l’impression que la Tabaski c’est dans une semaine. Elle se prépare avec des moyens et nous avons pas d’argent pour vivre l’engouement. Au temps j’achetais des tissus et tout pour moi et mes enfants mais cette année, je n’ai même pas la tête pour cela je me contente juste du ravitaillement pour le jour-j même si je n’ai pas encore d’argent pour la nourriture. Je garde quand même espoir que d’ici la fin de la semaine les choses vont bouger mais pour le moment tout est au calme chez moi ».
Sa camarade Ndeye Wouly Wade se préoccupe, elle, du mouton et de la cherté des denrées. «Cette année, je me limite à l’achat des denrées et du mouton puisque tout est cher et les moyens ne sont pas là. Je suis encore jeune, mais je n’ai même cherché à acheter des vêtements pour moi l’essentiel c’est de passer la fête dans la tranquillité mais il n’y pas d’ambiance dans les ruelles sauf si ce n’est qu’au match ».
À l’atelier de couture de la même ruelle le tailleur Mamadou Ndiaye continue de prendre les commandes des derniers venus. Les sénégalais dit-il sont dans l’attente d’un miracle financier pour payer les avances alors que « nous avons aussi des charges pour la Tabaski. Et cela prouve que les gens n’ont pas d’argent contrairement aux années précédentes où on sentait vraiment l’engouement des sénégalais à l’approche de la Tabaski. Normalement, rajoute-t-il, si tout se passait comme les autres années, je n’oserais jamais prendre des commandes en une semaine de la célébration de la Tabaski parce c’est le moment de récupérer les commandes. J’évolue dans ce métier depuis 1992 et jamais je n’ai assisté à la Tabaski dans une ambiance aussi morose. »
Adama Sene, vendeuse de beignets accompagné de café Touba se dit très désintéressée par la fête. «Malgré le fait que je sois pas rester les bras croisés je n’arrive pas à trouver des sous pour m’assurer une Tabaski digne de nom comme les années précédentes. »
Et la trentaine de poursuivre que « même si je trouve quelque chose à faire c’est toujours dans la désillusion que je passe les fêtes et c’est uniquement parce que tout est devenu cher dans ce pays. »
La Tabaski sera célébrée au Sénégal le lundi 17 juin prochain par la majeure partie des musulmans. Seulement, ces derniers restent toujours dans la morosité ambiante pour faute de manque de moyens afin de vivre l’ambiance qui régnait dans les quartiers à l’approche de la célébration de la fête.
Arame Fall NDAO