Le scrutin présidentiel mauritanien s’est déroulé le 29 juin dernier et vous continuez à contester les résultats. Pourquoi ?
C’est parce que ce sont des élections fraudées de manière avérée, parce que dans les villes où il y’a la présence des représentants des candidats dans les bureaux, dans les grandes villes, Ghazouani a été battu à plate couture par le candidat que je suis. Et il y’a eu un taux de participation de 29%. Lui, il est battu dans toutes les villes, les agglomérations urbaines, là où il y’a les habitants, là où habitent les mauritaniens. Ces gens ont créé des bureaux dans des contrées où il n’y a pas d’habitants et ils ont transféré là-bas des dizaines de milliers de citoyens qu’ils ont inscrits sur place. Et en complicité avec des militants, avec la Ceni, ils chassent son représentant et bourrent les urnes. Et à travers ce bourrage dans ces bureaux installés dans le désert, Ghazouani a eu un surplus qui, selon la Ceni, le place en position de vainqueur. Nous refusons d’abord totalement ces résultats obtenus par la fraude entre une Ceni domestiquée et un pouvoir multinational corrompu et vomi par le peuple.
Pour le moment, il y’a quatre morts dans les contestations. Allez-vous appeler à arrêter les manifestations ?
Je n’appelle pas à arrêter les manifestations parce que ce sont des manifestations légales. Il n’y a pas eu de mort dans les manifestations ni de confrontations. Il y’a eu des arrestations massives avec des milliers de Mauritaniens mis dans les cachots improvisés et dans des camps d’internement improvisés par le pouvoir, par des forces de répression de la police politique. Et c’est dans ces camps que les gens meurent et continuent de mourir, mais il n’y a pas de confrontation dans les rues parce que les manifestants ne sont pas armés et ne sont pas violents. Ils exercent, un droit constitutionnel qui est le droit de manifester.
Jusqu’où vous êtes prêts à aller ?
Jusqu’au bout, jusqu’à la victoire du peuple, contre cette dictature malsaine qui a appauvri et divisé les peuples. Mais aussi qui a une position de bourgeoisie, issue du détournement de deniers publics, de la corruption et de la connivence avec les multinationales étrangères qui pillent les richesses du pays et avec l’aide de certains pays occidentaux qui instrumentalisent l’Etat mauritanien.
Propos recueillis Antoine Diouf