Pour le commun des mortels, le balai n’est rien de plus que cet outil qui sert à nettoyer la saleté, ce qui dérange ou gêne. Mais, dans nos sociétés traditionnelles, il a aussi une fonction mystique. On l’adore à bien des égards. On l’abhorre à certains lieux et moments. Le candidat Bassirou Diomaye Faye a-t-il, sous ce rapport, dissimulé une «arme» mystique derrière un message politique ? A l’occasion de la deuxième édition de la Journée nationale de mobilisation sociale «Setal sunu rew» prévue aujourd’hui, Bés bi balaie plus large et décortique cet objet dans tous ses sens. Histoire, mystique et signification dans les communautés, message politique, interdits, usage domestique, chaine de fabrication, la résistance malgré le balai moderne…
Ses usagers sont multiples. Ses valeurs sociales traditionnelles sont tout aussi mystiques. Le balai sert à rejeter les impuretés, saletés, mais recèle bien d’autres vertus. Ce sont là les fonctions propres et dérivées de cet objet. Plusieurs finalités. Surtout qu’il présente différentes formes pour divers usagers au gré du milieu dans lequel on est. Les balais traditionnels africains et asiatiques, ce sont des brindilles de tige de sorgho, de coco ou de paille de riz qui sont employées pour nettoyer la maison, de la cour à la devanture, en passant par les différents coins et recoins par les femmes. Outil de ménage, le balai est présent partout, dans tous les pays et toutes les traditions. Selon les origines et les traditions des uns et des autres, il détient une place particulière. En lui-même, il est un symbole d’unité à travers ses tiges assemblées.
Des croyances médiévales européennes, aux réalités traditionnelles africaines
Dans l’Europe médiévale, le balai est associé à la magie et à la sorcellerie. Ainsi, dans l’imaginaire populaire, il était courant d’affabuler les sorciers aux êtres maléfiques qui se déplaçaient en volant sur des balais. En Afrique, des us et coutumes étaient également associés au balai, dans le but de donner une identité et surtout d’avoir en soi des repères bien précis. En lui-même, il est un symbole d’unité. Par les tiges assemblées, il représente un peuple, une nation unie, d’où l’anecdote «l’union fait la force» que son format suggère. Cela met en avant le fait qu’un seul individu ne peut tout faire. Cet objet domestique joue dans certains cas le rôle de détenteur et traqueur «du vrai ou du faux». En Afrique, le balai est aussi symbole de purification, de nettoyage spirituel. Il a une forte valeur mystique et mystérieuse, car à la fois utilisé comme moyen pour se débarrasser du mauvais œil et des mauvais esprits. Mais aussi comme arme de protection. D’où l’attention très particulière que les Sénégalais ont portée sur le balai que le candidat Bassirou Diomaye Faye a brandi à chacune de ses sorties durant la campagne électorale qui l’a menée à la présidence de la République du Sénégal au soir du 24 mars 2024.
Adama Aïdara KANTE