Il y a un produit qui fait fureur actuellement et qui s’appelle le «tababa» et que les femmes introduisent dans leurs parties génitales. Que pouvez-vous nous en dire ?
Oui, il y’a un produit qu’on appelle le «tababa». A l’époque, il y’a à peu près cinq à six ans, ça s’appelait le «tabac». Et, semble-t-il, ce produit fait fureur dans le sud du pays et que les femmes l’utiliseraient pour avoir du plaisir. Et donc ce serait une sorte de tabac mélangé à des substances plus ou moins inconnues que les femmes mettraient à l’intérieur de leurs parties intimes. Il parait que c’est en circulation même à Dakar et que cela se vendrait ici sous cape. Personnellement, j’en ai jamais vu, mais j’ai eu à aider une journaliste de France 24, il y’a quelques années, pour faire son reportage sur ça, elle m’a montré les images et des échantillons de ce produit.
Avez-vous eu des cas de consultation après utilisation de ce genre de produit aphrodisiaque ?
Non, je n’ai jamais reçu en consultation une personne qui a eu recours à ce «tababa». J’en ai entendu parler de la part de collègues qui suivaient des personnes qui ont utilisé ce produit-là, et qui ont eu des lésions au niveau du vagin et du col de l’utérus, assez sévère, voire précancéreuse. Et cette pratique serait plus répandue au niveau des régions sud du pays qu’ici dans la capitale.
Quelles sont les conséquences de ces actes sur la santé de la femme ?
Ces produits utilisés et mis à l’intérieur des parties intimes sont extrêmement dangereux, parce qu’ils peuvent être à l’origine d’infections vaginales graves. Ces produits peuvent être responsables aussi de l’apparition de lésions précancéreuses au niveau de ses parties intimes, notamment au niveau du col de l’utérus ou d’accélérer le processus de survenue du cancer, surtout s’ils sont associés à une infection au HPV, qui est le facteur initiateur du cancer du col de l’utérus. Il a aussi été rapporté un phénomène de dépendance par rapport à ces produits-là, qui sont des produits psychoactives, qui vont créer une sorte de dépendance à l’instar du cannabis chez ces patientes-là, avec toutes les conséquences psychologiques et psychiatriques que cela peut créer. Il y’a surtout une sorte d’isolement sexuel et ces femmes qui utilisent ce genre de produits-là, on arrive à un stade où elles ne peuvent pas avoir de plaisir qu’en utilisant ce produit-là. Et donc, elles ne peuvent pas avoir de plaisir avec leur partenaire.
A ce qu’il paraît, des hommes l’utilisent aussi dans le traitement de l’hydrocèle. Que pouvez-vous nous en dire ?
Je ne suis pas au courant de cette information quant à l’utilisation de ce produit pour traiter l’hydrocèle. Je ne le savais pas. Je pense qu’il faut demander à nos amis urologues, certainement, ceux qui sont au sud du Sénégal, ils en sauront certainement plus.
Vous dites souvent que le vagin n’est pas une cuisine ou une poubelle. Quels conseils donnez-nous aux femmes pour maintenir propre et saine leurs parties intimes ?
Comme j’ai l’habitude de le dire, le vagin n’est pas une cuisine. Il n’est pas conseillé de mettre tout et n’importe quoi, à l’intérieur du vagin. Mais malheureusement, on voit souvent les patientes, pas pour des raisons de plaisir, mais pour des raisons d’hygiène soi-disant, mettre à l’intérieur des parties intimes beaucoup de choses. Que ce soit de l’ail, du beurre de karité, de la menthe ou le «tababa» dont vous parlez et pleins de petites choses qu’on retrouve habituellement dans les cuisines, pour le mettre dans leurs parties intimes. Il faut savoir que la fragilité des parties intimes est faite de telle sorte que si on y introduit ces produits qui ont des propriétés actives, cela va entrainer des lésions à court et à moyen terme, qui vont donner des infections graves qui peuvent avoir un impact sur la fertilité et surtout qui peuvent déclencher ou accélérer l’apparition d’un cancer, notamment, le fameux cancer du col de l’utérus. On sait que toutes ces substances-là, mises à l’intérieur du vagin, peuvent justement donner le cancer. Donc, il est fortement déconseillé de mettre quoi que ce soit à l’intérieur des parties intimes. Le meilleur service que vous pouvez rendre à vos parties intimes, c’est de les laisser en paix. Le lavage du vagin, le lavage des parties intimes, les bains vaginaux doivent être fait de manière assez rare, une fois par semaine, avec du savon ordinaire, ou avec n’importe quel gel intime, à condition de le diluer. Ce, au risque de déséquilibrer la flore, de se créer une infection et de se retrouver un jour avec une lésion précancéreuse, voire une lésion cancéreuse.
Ndèye Anna NDIAYE