C’est une patate chaude qui risque de brûler bien des ambitions. Des alliés, groggy par l’ouragan du 24 mars, qui ne peuvent faire autrement que d’être «logiques». Des opposants, dont les jours sont comptés, qui sont partagés entre l’orgueil et le réalisme politique. Pds, Taxawu, Pur, Benno… Voici quelques pistes de ce que devrait être la plénière sur la dissolution du Hcct et du Cese.
Le Pds logique avec lui-même
Le Président Faye prendrait-il autant de risque devant une majorité braquée par un refus de Dpg s’il n’avait pas la garantie de ses soutiens. Parmi eux, le Parti démocratique sénégalais (Pds) qui, même s’il ne participe pas au gouvernement Sonko 1, a encore des attaches avec Diomaye Président qu’il avait soutenu le 24 mars. Les Libéraux peuvent-ils faire autrement d’ailleurs que de voter ce projet de dissolution du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) et du Conseil économique, social et environnemental (Cese) ? D’ailleurs, ils ne se sont jamais offusqués que le Premier ministre n’ait pas tenu sa Dpg. Ils ont plutôt joué aux média- teurs en proposant la mise à jour du règlement intérieur. «C’est une mesure que personne n’attendait. Elle a pris de court tout le monde», a dit Serigne Abo Mbacké Thiam, député du groupe parlementaire Liberté, démocratie et changement dirigé par le Parti démocratique sénégalais (Pds). Si le président de son groupe, Lamine Thiam, n’a pas encore convoqué les membres du groupe pour discuter et dégager une position commune, tout indique que le Pds et ses alliés vont s’aligner sur la volonté de Diomaye. «Ce que je peux dire, c’est que nous députés membres de ce groupe parlementaire, n’avons jamais voté les budgets 2023 et 2024 de ces institutions que sont le Hcct et le Cese. Pour nous, ce sont des institutions budgétivores. D’ici jeudi (jour de l’ouverture de la session extraordinaire), on pourra se réunir».
TAS sur la ligne de Diomaye
Son collègue Thierno Alassane Sall devrait adopter la même attitude. Dans son programme de candidat à la Présidentielle de Mars 2024, il avait cloué au pilori ces deux institutions. «Le Sénégal compte deux assemblées consultatives : le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) et le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Ce sont des institutions dévoyées et qui manquent de crédibilité du fait de leur déficit de légitimité et de pertinence. Leur efficacité reste à démontrer. L’opinion publique les perçoivent comme des institutions dont la seule finalité est le recasement de la clientèle politique du parti au pouvoir et de ses alliés politiques. Le Hcct et le Cese sont budgétivores à l’heure où les Sénégalais sont assaillis de priorités d’ordre essentiel, voire vital. En effet, la Loi no 2022-22 du 19 décembre 2022 portant loi de finances pour l’année 2023 affecte 16,7 milliards FCFA de crédits au fonctionnement annuel de ces deux institutions (9,160 milliards FCFA pour le Hcct et 7,541 milliards FCFA pour le Cese)», avait diagnostiqué le député non inscrit dans son projet de société. Par conséquent, sauf changement, TAS, rarement d’accord avec le régime de Diomaye-Sonko, devrait être l’une des voix de la mise à mort des institutions dirigées par Abdoulaye Daouda Diallo et Aminata Mbengue Ndiaye.
Le dilemme de Taxawu : Khalifa pour un «recentrage» du Cese
L’autre qui taraude les esprits, c’est quelle sera l’attitude des députés de Taxawu. Leur leader Khalifa Ababacar Sall, dans son programme Motalli Yeene n’était tranchant sur la suppression des deux institutions. Il s’était contenter juste de proposer de «rationaliser le Conseil économique, social et environnemental dans son organisation, dans sa composition et dans son fonctionnement pour le recentrer dans sa mission d’organe consultatif». C’est un choix délicat pour l’ancien maire de Dakar et ses hommes puisque le score décevant de mars 2024 ne plaiderait pas en sa faveur s’il rejetait le projet, lui qui cherche à se relever de sa chute.
Pur malgré lui
Dans son programme Nite ak Naatange, le Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) ne précise pas sa volonté de supprimer le Hcct et le Cese, mais le candidat Aliou Dia avait émis des «réformes phares» dont la création d’un «Conseil supérieur de la jeunesse (Csj), le Pôle de développement durable (P2D), le Haut conseil des sages (Hcs)». Quoi qu’il en soit, le Pur, qui est encore membre de Yewwi askan wi -qui ne se réunit plus- ne devrait pas s’éloigner de la ligne de Diomaye-Sonko.
Malick SY