Comme bon nombre de Sénégalais, le brillant écrivain Mohamed Mbougar Sarr s’est dit attristé par la mort, suite à une crise cardiaque, de l’ethno-anthropologue, Abdou Ndao décédé vendredi. Voici le texte de Mbougar publié par Gorgui Wade Ndoye de ContinentPremier.
« Très attristé, comme tant de gens, par la nouvelle du décès de Abdou Ndukur Kacc Essiluwa Ndao. Je ne peux pas dire que je le connaissais, mais je me sentais, sur bien des aspects, proche de lui. Tant de fois, j’ai voulu lui écrire ; autant de fois, la pudeur m’a retenu. Je le lisais, et pas seulement ici. Je le trouvais, au sens propre, décalé, et au sens propre, centré -ou ancré. Il était parfois contradictoire, comme nous tous, j’imagine ; mais il me paraissait être capable d’assumer ses contradictions, même les plus agaçantes, et d’en tirer une cohérence. Cela n’est pas commun et cela le distinguait.
Il y aurait beaucoup à dire, sur la liberté, l’exigeante et belle liberté de l’esprit, qui est une dimension capitale de l’être, et dont la route est solitaire et rudoyée par gros temps. Ndukur, je crois, tenait cette route. Il y aurait beaucoup à dire sur la générosité intellectuelle et la simplicité, le rire et la conversation, la terre et la culture, l’amour et le retrait. Il y aurait beaucoup à dire sur ce pincement étrange au coeur, qui se manifeste quand se retire une sorte de contemporain capital, fût-il « seulement » virtuel.
Mais ces figures, aimées ou non, ne se retirent jamais sans leçon. A chacun de la tirer. Il y aurait beaucoup à dire. Rien, cependant, qui ne dise plus, mieux que les prières pour le repos de l’âme du défunt, et les pensées pour sa famille, ses amis, ses proches.
Publié par ContinentPremier. Com