Une réunion exceptionnelle du Conseil municipal de Thiaroye Gare a été convoquée en urgence pour aborder un problème épineux : le conflit foncier avec le camp militaire qui perdure et qui a atteint un point critique. Les populations en pâtissent et une intervention des plus hautes autorités est réclamée pour éviter une escalade.
Le Conseil municipal de Thiaroye Gare s’est penché sur le conflit foncier et les infrastructures communales. Un différend qui a impacté la vie quotidienne de la population. Selon Abdoulaye Ndiour, membre du conseil municipal de Thiaroye Gare, ce combat n’est pas dirigé contre les forces militaires, mais repose sur une question de droit foncier. «Il ne s’agit pas de s’opposer aux militaires, mais de réclamer ce qui revient légitimement à la commune», précise-t-il. Ce terrain, qui fait l’objet de tensions, appartient à l’État. En 2002, le Président Abdoulaye Wade avait signé le décret N° 2002-535 du 29 mai 2002, aménageant une partie du camp militaire de Thiaroye en «zone spéciale d’infrastructure communautaire». Un second décret, N° 2003- 896 du 9 novembre 2003, avait ensuite octroyé une portion de ce terrain à la ville de Pikine, permettant à
l’État d’y ériger divers édifices publics à vocation socio-éducative.
Un impact sur les écoles, les Asc, l’entreprenariat féminin…
Toutefois, cette décision est aujourd’hui source de conflit, car elle implique le déplacement de certaines activités communales essentielles, dont les conséquences sont lourdes pour les habitants de Thiaroye Gare. Des répercussions majeures sur les élèves et les activités locales. Le conflit foncier a déjà un impact direct et préoccupant sur les jeunes élèves de la commune. Plus de 500 enfants ont dû abandonner l’école en raison des obstacles liés à la fermeture des infrastructures scolaires locales. Là où il ne fallait que cinq minutes pour se rendre en classe, certains élèves sont désormais contraints de parcourir plus de deux kilomètres pour accéder à des établissements hors de la commune. Cette situation a également affecté le secteur sportif local. L’équipe fanion de la commune et les grandes Associations sportives et culturelles (Asc) peinent à trouver des espaces pour pratiquer leurs activités. Les terrains utilisés jusque-là sont devenus inaccessibles à cause du conflit, mettant en péril le développement sportif et culturel de la jeunesse de Thiaroye Gare. En outre, les femmes de la commune sont particulièrement touchées. La maison des femmes, un lieu dédié à la formation sur l’entrepreneuriat féminin, est devenue inaccessible. «Les femmes n’arrivent plus à accéder à cet espace essentiel à leur autonomisation économique», déplore Abdoulaye Ndiour.
Des pertes financières pour la mairie, l’Etat interpelé
La mairie de Thiaroye Gare fait également face à des pertes financières conséquentes en raison de ce conflit. Certains commerçants et camionneurs, autrefois installés à proximité du camp militaire, refusent de s’acquitter des taxes municipales. Ils affirment que les militaires leur auraient demandé de ne plus verser de contributions à la mairie, plongeant ainsi les caisses de la commune dans une situation délicate. Face à cette situation complexe, la détermination du Conseil municipal, appuyé par la population de Thiaroye Gare, ne faiblit pas.
Cependant, l’inquiétude grandit quant à une possible escalade du conflit si les autorités compétentes ne prennent pas rapidement des mesures pour résoudre ce dossier. La réunion d’urgence tenue par le conseil municipal marque une étape cruciale dans ce combat, mais elle met également en lumière l’urgence d’une intervention étatique pour éviter le pire.
Mamadou Lamine FATY