Jadis porteuse d’espoir, la démocratie devait être le garant d’une prospérité partagée. Elle promettait des emplois en abondance, une économie stable et des services publics de qualité. Pourtant, depuis les années 1980, cette promesse semble s’être évanouie, laissant place à une réalité bien moins reluisante.
La croissance économique stagne, les inégalités se creusent et les crises successives depuis 2008 révèlent au grand jour une triste vérité : nos gouvernements semblent peu préoccupés par le sort de leurs citoyens. Ce constat, bien que largement documenté, reste trop souvent ignoré.
Les citoyens sont de plus en plus peu nombreux à faire confiance aux institutions démocratiques. Pourquoi ? Parce que nos dirigeants apparaissent souvent paralysés face aux défis contemporains, hésitant à mettre en œuvre les réformes nécessaires. Et lorsqu’ils agissent enfin, ils peinent à convaincre de la pertinence de leurs choix, donnant l’impression d’être déconnectés des préoccupations réelles de la population.
Dans ce contexte trouble, une multitude de menaces, réelles ou perçues, viennent exacerber les tensions : changement climatique, chômage, épidémies, mouvements migratoires, robotisation, intelligence artificielle, risques de conflits… Ces enjeux, amplifiés par les réseaux sociaux qui créent des bulles idéologiques, polarisent dangereusement l’opinion publique.
L’immigration irrégulière, en particulier, cristallise les inquiétudes économiques et culturelles d’une part croissante de la population. Face à ce phénomène, la réponse ferme des responsables politiques traditionnels ouvre la voie à l’ascension de partis extrêmes, autrefois marginaux, dans de nombreux pays.
Cette crise politique qui secoue les « démocraties » n’est pas une simple remise en question du système économique à gauche comme à droite. Elle traduit plutôt une perte de repères des dirigeants, voire, dans le pire des cas, la mainmise d’intérêts particuliers (ceux des élites et des grands groupes) sur les décisions publiques.
Un autre monde est possible disons-nous mais lequel ? Où se cache cette alternative capable de restaurer la confiance perdue ? Comment concevoir des politiques véritablement bénéfiques pour la majorité ? Comment renouer avec l’idéal d’égalité ?
Il est temps de repenser nos modèles dit « démocratiques » pour qu’ils répondent enfin aux attentes légitimes des citoyens. Cela implique de :
1. La nécessité d’une vision partagée par la Nation entière, ce qui préfigure un leadership fort et engage avec les intérêts du peuple.
2. Le renforcement de la transparence et la responsabilité des institutions ;
3. La garantir l’égalité des chances et l’accès au savoir ;
4. La mise en place des politiques économiques et sociales plus équitables ;
5. L’investissement massivement dans l’éducation et la formation pour préparer l’avenir ;
6. L’adoption d’une approche plus humaine et durable du développement économique et social.
En tant que société, nous devrions nous engager collectivement dans ce processus de renouveau démocratique et en faire un socle partagé, sans qu’il soit question de gommer nos contradictions. Au contraire, cela pourrait les stabiliser. C’est à ce prix que nous pourrons redonner un sens et une substance à la promesse d’une démocratie au service de tous.
Chérif Salif SY