Le 26 septembre 2024, le nouveau gouvernement a donné des informations selon lesquelles le régime de Macky Sall n’aurait pas dit la vérité concernant les chiffres sur le budget du Sénégal. Cela pose un problème de crédibilité budgétaire et amène à s’interroger sur la responsabilité de l’Assemblée nationale.
Notion de crédibilité budgétaire
La crédibilité budgétaire est définie comme la capacité d’un gouvernement à assurer la conformité entre les prévisions et les réalisations en matière de recettes et de dépenses. Il ne doit pas y avoir d’écart entre ce qui est programmé et ce qui est exécuté. Mais les prévisions doivent reposer sur des éléments objectifs concernant la situation économique du pays.
C’est pourquoi la crédibilité budgétaire a un volet technique (quantitatif) et un volet « gouvernance » (discipline financière).
Elle garantit l’effectivité des services rendus à la population et détermine le niveau de confiance vis-à-vis de ceux qui nous gouvernent.
Même si on fait une gymnastique statistique pour dire que les objectifs sont atteints, les populations connaissent leurs conditions de vie et n’attendent pas la publication de chiffres pour se faire une idée de la situation du pays. Pour preuve, Ousmane Sonko et son gouvernement ont donné de nouveaux chiffres mais le lendemain la situation de chaque sénégalais est restée la même.
On comprend un peu mieux ceux qui disent que la croissance ne se mange pas au Sénégal. C’est comme si vous déclarez avoir mis 2kg de riz pour votre thiebou djeun alors que vous en avez mis 1 seul ; ne soyez pas étonné si les enfants disent qu’ils ne sont pas rassasiés.
Responsabilité de l’Assemblée nationale
Peut-on occulter le rôle de l’assemblée nationale dans le processus ? C’est elle qui vote la loi de finances et est chargée du contrôle de l’exécution du budget.
Il est vrai que les députés ne peuvent pas avoir toutes les informations si l’exécutif décide de les cacher mais l’assemblée nationale doit avoir les moyens et l’expertise nécessaires pour déceler certaines failles lors du passage en commission technique et en commission des finances (avant la plénière). Mais les députés sont-ils outillés pour comprendre certains aspects présentés par les techniciens du ministère des finances et du budget ? That is the question !
Très souvent, on n’aborde pas des questions de fond lors des débats d’orientation budgétaire. En général c’est la logique d’appartenance politique qui prime sur la représentation effective des intérêts du peuple.
Tout ce débat vient conforter les économistes qui, depuis les années 80, préfèrent insister sur les fondements microéconomiques de la macroéconomie. On doit plus s’intéresser aux sources de la croissance qu’au taux de croissance lui-même, en accordant une attention particulière à la situation des entreprises et aux conditions de vie des ménages.
Pr Abou KANE
FASEG/UCAD