L’ancien juge Ibrahima Hamidou Dème alerte sur les risques de dérives dans le fonctionnement de la justice financière. Dans une réflexion empreinte de gravité, il établit un parallèle inquiétant entre la situation actuelle et celle survenue il y a une décennie, après la seconde alternance politique de 2012.
À cette époque, rappelle-t-il, une juridiction clé dans la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite, la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), avait été dévoyée par une instrumentalisation au service de l’exécutif. Aujourd’hui, le pool judiciaire financier, qui avait su combler certaines des lacunes de la CREI, semble menacé par une politisation susceptible de compromettre son indépendance.
« L’obligation de redevabilité et l’impératif de recouvrer nos deniers publics spoliés, bien que cruciaux, ne doivent en aucun cas conduire la justice à faillir à son devoir d’impartialité », insiste-t-il. Selon M. Dème, seule une justice indépendante et impartiale peut garantir un procès équitable et préserver la confiance des citoyens dans l’institution judiciaire.
Cette mise en garde intervient alors que la lutte contre la corruption demeure une priorité pour l’État, dans un contexte où l’intégrité des institutions judiciaires est plus que jamais au centre des préoccupations.