Me Aïssata Tall Sall, présidente du groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal, s’est exprimée devant la presse à l’issue des travaux de la commission ad hoc chargée d’examiner la demande de levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom. Elle a vivement critiqué la procédure, dénonçant un manque de transparence et d’éléments concrets dans le dossier présenté.
Farba Ngom, député réélu à plusieurs reprises, a choisi de ne pas comparaître personnellement devant la commission, préférant se faire représenter par Me Tall Sall en tant que collègue défenseur. Selon cette dernière, cette décision visait à éviter toute pression morale sur les membres de la commission. « Farba Ngom a voulu mettre ses collègues à l’aise en s’abstenant de participer directement aux travaux, conformément à ce que permet la loi », a-t-elle expliqué.
La défense de Farba Ngom a cependant été entravée par le manque d’accès aux éléments constitutifs du dossier. Me Tall Sall a souligné qu’aucun détail précis sur les faits reprochés au député n’a été communiqué. « Personne, en dehors de quelques autorités judiciaires, n’a vu le dossier. Nous ignorons si on lui reproche des coups et blessures volontaires, un accident de la circulation ou autre chose. Tout ce que nous savons, c’est ce que le procureur a écrit dans sa lettre », a-t-elle déploré.
Elle a adressé une demande officielle au président de la commission pour obtenir les éléments de l’accusation. Cependant, en réponse, elle n’a reçu que des lettres de transmission entre différentes autorités judiciaires. « Ces lettres ne constituent pas un dossier. Elles ne détaillent ni les faits reprochés ni les éléments sur lesquels se base la demande de levée d’immunité. Ce n’est pas un travail sérieux », a-t-elle critiqué.
Face à cette situation, Me Aïssata Tall Sall a qualifié les travaux de la commission ad hoc de « parodie » et a décidé de s’en retirer. « Si le dossier n’est pas communiqué, je ne peux pas défendre Farba Ngom. Nous ne pouvons pas accepter qu’une commission ad hoc soit réduite à examiner des lettres de transmission sans faits clairs. Ce n’est pas ce qu’on attend d’une telle instance », a-t-elle déclaré.
Elle a également plaidé pour un principe de procédure plus rigoureux. « Par respect pour la séparation des pouvoirs, la justice, tout en étant indépendante, devrait communiquer les faits de manière claire à l’Assemblée nationale. Ce minimum de transparence est essentiel pour que les députés puissent se prononcer en toute connaissance de cause », a-t-elle ajouté.
Me Aïssata Tall Sall a conclu en appelant à des réformes pour garantir la crédibilité des commissions parlementaires dans de telles affaires. Selon elle, l’absence de transparence et de rigueur dans la procédure risque de fragiliser le respect mutuel entre les pouvoirs législatif et judiciaire.
Elle a quitté les travaux de la commission ad hoc, laissant les membres poursuivre leurs délibérations. « Je ne peux pas m’associer à cette mascarade », a-t-elle déclaré avant de quitter la salle.