
Le CEM de Boukitingho, dans le département d’Oussouye, est devenu un modèle d’Eco-école au Sénégal, attirant universitaires et chercheurs désireux d’étudier son approche innovante en matière d’éducation environnementale. Cet établissement, implanté en pleine brousse, a réussi à transformer un environnement hostile en un véritable modèle d’écologie éducative. L’établissement a accueilli ce week-end des étudiants en Master 2 d’Agroforesterie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Le Dr Sekouna Diatta, directeur général de l’Agence Sénégalaise de Reforestation et de la Grande Muraille Verte, ainsi que professeur et coordonnateur du Master en Agroforesterie, Écologie et Adaptation à l’Université Cheikh Anta Diop, souligne l’importance de ce projet. Selon lui, ce modèle mérite d’être répliqué à l’échelle nationale. « Depuis 2019, des étudiants de l’université viennent ici pour des journées d’échange et de reboisement », explique-t-il. La synergie entre l’agence, l’université et le collège, renforcée par l’implication du conseil départemental de Oussouye, est un exemple de collaboration fructueuse autour de la protection de l’environnement.
Pour Yaye Ciré Fanné, étudiante en master, la découverte du CEM de Boukitingho a été une révélation. « C’est une approche que l’on voyait principalement en Occident. Le fait de le trouver ici, en Casamance, m’a impressionnée », témoigne-t-elle. Elle plaide pour une éducation écologique dès le plus jeune âge, soulignant que les enfants sont plus réceptifs à ces valeurs que les adultes.
Le collège s’est également distingué par la mise en place de pratiques telles que l’agroforesterie et la permaculture. Yaye Ciré Fanné se dit surprise de voir ces techniques, souvent jugées complexes, être intégrées dans un programme scolaire local. « C’est un moyen de renforcer la résilience face aux enjeux écologiques », ajoute-t-elle. Ces méthodes permettent aux élèves de comprendre les mécanismes naturels tout en participant activement à la reforestation et à la culture durable.
Le professeur Mamadou Lamine Djiba, coordonnateur du club Eco-école, raconte comment, en 2018, il a lancé un programme pour sensibiliser les élèves à la protection de l’environnement. Face au manque d’arbres et aux habitudes des élèves de chercher des fruits dans la brousse, il a créé un projet éducatif centré sur l’agroforesterie et la gestion des semences. « Nous avons formé les élèves à récolter, sélectionner et planter des semences », explique-t-il. Cette approche pratique permet aux élèves d’apprendre tout en contribuant à l’embellissement de leur environnement.
Le club Eco-école ne se limite pas à l’éducation écologique. Les élèves y apprennent aussi des compétences entrepreneuriales, grâce à un système de gestion des récoltes et des finances. Chaque élève participe à la vente des produits agricoles, renforçant ainsi leurs compétences en gestion et en entrepreneuriat durable.
Aujourd’hui, le CEM de Boukitingho dispose d’une cour verdoyante, riche en arbres fruitiers et en légumes cultivés grâce à la permaculture. Les élèves sont également formés à la gestion des déchets, en particulier à la lutte contre le plastique. Le programme met en avant des initiatives de développement durable qui ont des effets concrets sur la communauté locale. Ce modèle d’éducation environnementale, alliant théorie et pratique, prouve que l’on peut sensibiliser efficacement à la protection de l’environnement tout en formant des citoyens responsables.
Le président du conseil départemental d’Oussouye, Maurice Diédhiou, met en avant l’autonomie du CEM de Boukitingho, soulignant que l’établissement, bien qu’ayant des besoins comme tout autre, parvient à les gérer efficacement grâce à son projet agricole. Grâce à la production de fruits, légumes et pépinières, l’école génère des revenus qui lui permettent de couvrir ses besoins essentiels sans attendre d’aide extérieure.
Assane BA, correspondant à Ziguinchor