La suspension de l’aide américaine via l’USAID compromet sérieusement les initiatives de paix en Casamance, selon plusieurs acteurs du processus. L’Initiative de Réunification des Ailes Politiques et Armées du MFDC (IRAPA) alerte sur les conséquences potentiellement désastreuses de cette décision et exhorte l’État sénégalais à engager des discussions avec les autorités américaines ou à prendre le relais des programmes interrompus.
Une situation alarmante
Lamine Coly, coordinateur de l’IRAPA, exprime sa profonde inquiétude face à cette suspension. Selon lui, la nouvelle a provoqué un véritable choc au sein des communautés concernées. « C’est la panique parmi les populations. C’est une désolation pour moi, en tant qu’acteur de paix », confie-t-il.
Ayant sillonné plusieurs zones en Casamance, notamment Sindian et Kataba 1, Lamine Coly témoigne de l’impact positif des initiatives soutenues par l’USAID sur le retour des déplacés. « Quand j’ai appris la nouvelle, je n’ai pas dormi de la nuit. Si j’étais à la place de l’État du Sénégal, j’aurais immédiatement engagé des négociations avec les autorités américaines pour obtenir un retour de leur soutien », ajoute-t-il.
Un coup d’arrêt pour la démobilisation des combattants
L’IRAPA, qui bénéficie du soutien de l’USAID, du Catholic Relief Services (CRS) et de Caritas avec un appui financier du gouvernement américain, craint un coup d’arrêt à ses efforts de dialogue et de réintégration des combattants. « Cette décision nous refroidit dans notre mission de consultation auprès des camps rebelles pour les convaincre de déposer les armes », déplore Lamine Coly.
Le coordinateur de l’IRAPA rapporte également l’inquiétude des chefs de village, qui le sollicitent pour savoir si les programmes de réinsertion se poursuivront. « J’ai reçu de nombreux appels. Les populations se demandent si l’accompagnement prévu aura bien lieu. Jusqu’ici, j’ai encore espoir », assure-t-il.
Un appel à la diplomatie et à l’engagement de l’État
Face à cette impasse, Lamine Coly exhorte l’État à intervenir. « L’État a les moyens d’assurer la continuité des programmes. En vue de l’engagement affiché par les autorités actuelles en faveur des populations, je pense qu’il peut compenser ce retrait », estime-t-il.
Toutefois, il insiste sur la nécessité d’un dialogue diplomatique avec les États-Unis pour tenter de revenir sur cette décision. « Il faut que l’État mène une offensive diplomatique pour faire annuler cette suspension. La paix en Casamance en dépend », conclut-il.
Assane BA, correspondant à Ziguinchor