Dans le cadre de la modernisation du secteur du nettoiement, la SONAGED s’aligne sur les objectifs du référentiel Sénégal 2050, une stratégie nationale visant un développement inclusif et durable. Khalifa Ababacar Sarr, Directeur général de la Société Nationale de Gestion Intégrée des Déchets, revient sur cette approche et les actions concrètes mises en place pour transformer la gestion des déchets en un levier économique et environnemental.
Le référentiel Sénégal 2050 prône une gestion durable des ressources. Comment la SONAGED s’inscrit-elle dans cette vision ?
Khalifa Ababacar Sarr : Le référentiel Sénégal 2050 place la transition écologique au cœur des politiques publiques. Il ne s’agit plus seulement d’assurer la collecte des déchets, mais de bâtir un modèle économique circulaire et durable, où les déchets sont perçus comme une ressource et non comme une contrainte.
À la SONAGED, nous avons intégré cette vision dans notre programme « Eksina », qui vise à augmenter le taux de collecte des déchets de 38 % à 65 % d’ici 2028 et à promouvoir leur valorisation industrielle. Nos investissements dans les micro-usines de recyclage à Dakar, Saint-Louis et Kaolack sont des exemples concrets de cette ambition.
Quelles sont les actions concrètes mises en place pour atteindre ces objectifs ?
La SONAGED met un accent particulier sur le renforcement des infrastructures et équipements. Pour optimiser la collecte des ordures, nous avons récemment déployé 15 nouveaux camions-bennes à Ziguinchor. Ce renforcement se poursuit avec l’acquisition d’autres véhicules et équipements modernes afin de couvrir l’ensemble du territoire national et améliorer l’efficacité des opérations.
L’industrialisation du traitement des déchets est également une priorité. À Tambacounda, nous installons des unités de recyclage capables de traiter les déchets plastiques, métalliques et organiques. Cette initiative vise à réduire la pollution, mais aussi à soutenir l’agriculture locale à travers la production de compost. De même, les micro-usines de recyclage en cours de déploiement dans plusieurs villes permettront de transformer les déchets plastiques en pavés et en meubles, contribuant ainsi à la création d’emplois et à la structuration d’une véritable économie circulaire.
L’implication des collectivités et des citoyens est essentielle pour garantir le succès de ces actions. La SONAGED travaille étroitement avec les mairies, les entreprises et les associations locales afin de sensibiliser la population à la gestion responsable des déchets. Nous encourageons les initiatives communautaires et les campagnes de sensibilisation pour que chaque citoyen devienne un acteur du changement.
L’amélioration des conditions de travail des techniciens de surface est une priorité pour la SONAGED. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce sujet ?
Khalifa Ababacar Sarr : Effectivement, les techniciens de surface jouent un rôle clé dans la propreté de nos villes, et leur bien-être est au cœur de nos préoccupations. Nous avons mis en place plusieurs mesures pour améliorer leurs conditions de travail.
D’abord, nous avons renforcé la dotation en équipements de protection : gants, bottes, combinaisons, masques et gilets réfléchissants sont désormais fournis à chaque technicien. Cela permet de garantir leur sécurité sur le terrain, surtout lorsqu’ils travaillent dans des conditions difficiles, telles que le nettoyage des zones urbaines ou sur les bords de routes très fréquentées.
Nous avons également revu les salaires et les conditions contractuelles de ces agents. Jusqu’à présent, beaucoup étaient dans une situation précaire. Nous avons engagé une réforme visant à garantir un salaire décent et une couverture sociale pour chaque technicien. Ce sont des actions concrètes pour améliorer leur quotidien et leur donner la reconnaissance qu’ils méritent.
Quels autres projets sont prévus pour renforcer la reconnaissance et le soutien aux techniciens de surface ?
Nous avons instauré un système de primes et d’incitations pour récompenser l’assiduité et l’engagement des techniciens de surface. Leur travail, bien que souvent invisible, est primordial pour la santé publique et la qualité de vie en ville, et il est important de le souligner.
Par ailleurs, nous travaillons sur l’amélioration des conditions de repos. Des bases de repos et des points d’eau sont installés dans plusieurs régions pour permettre aux agents de se détendre et de se rafraîchir pendant leurs heures de travail.
Enfin, nous mettons également l’accent sur la formation continue des techniciens de surface. Ce programme les aide non seulement à mieux maîtriser les techniques de collecte, mais aussi à se protéger contre les risques sanitaires et à renforcer leur efficacité.
Quels sont les défis à relever pour atteindre ces objectifs d’ici 2050 ?
Le premier défi est le changement de comportement. Tant que les mentalités ne changent pas, même avec les meilleures infrastructures, nous aurons du mal à atteindre nos objectifs. C’est pourquoi nous accentuons nos efforts de sensibilisation à travers des campagnes locales et des partenariats avec les médias.
Ensuite, il y a la question du financement. La gestion des déchets est un investissement lourd, mais nous avons adopté une approche stratégique en explorant des modèles économiques basés sur la valorisation. L’installation des micro-usines de recyclage est une solution qui non seulement réduit l’impact environnemental, mais génère aussi des emplois et de la richesse locale.
Enfin, nous devons renforcer la coordination entre l’État, les collectivités et le secteur privé. La SONAGED ne peut pas tout faire seule. C’est pourquoi nous collaborons avec les partenaires techniques et financiers pour assurer un développement cohérent et structuré du secteur.
Quel message souhaitez-vous adresser aux Sénégalais pour les mobiliser autour de cette vision 2050 ?
Je veux leur dire que chaque Sénégalais a un rôle à jouer dans cette transformation. Un Sénégal propre et durable en 2050, c’est possible, mais cela commence aujourd’hui, par des gestes simples : éviter de jeter des ordures dans la rue, trier ses déchets, participer aux initiatives locales.
Nous avons une opportunité unique de faire de la gestion des déchets un moteur du développement économique et écologique. Ensemble, nous pouvons bâtir un Sénégal où la propreté et la durabilité sont des priorités nationales.
Entretien réalisé par Momar Alice Niang