Le tribunal des flagrants délits de Ziguinchor est le théâtre d’un procès sous haute tension. Ahmet Ndiaye, ancien directeur des bâtiments de l’entreprise Ecotra, se tient à la barre, accusé d’agression, d’intrusion illégale et d’injures publiques à l’encontre de la famille du Premier ministre Ousmane Sonko. À ses côtés, Albert Nala, son ami et co-accusé, comparaît libre, tandis que Ndiaye, extrait de prison, tente de justifier son acte, selon Babacar Touré de Kewoulo.
Dimanche 2 février 2025, sous l’effet de l’alcool et de la colère, Ahmet Ndiaye s’était présenté devant la résidence familiale de Sonko aux HLM Néma, déversant un flot d’insultes et de menaces. Selon lui, le Premier ministre serait responsable des difficultés financières de son entreprise. Mais après 15 jours derrière les barreaux, son attitude a changé. Face aux juges, à la famille Sonko et aux témoins, il apparaît plus mesuré, tentant de convaincre qu’il ne nourrissait aucune rancune envers les proches du chef du gouvernement.
À 30 ans, Ahmet Ndiaye est loin de l’image du simple délinquant. Major de sa promotion en école polytechnique, il était promis à un brillant avenir. Mais son histoire est marquée par des blessures profondes. En 1993, son père, un homme d’affaires influent de la Basse-Casamance, est assassiné par des membres du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance. Dès lors, sa vie bascule : séparé de ses grands frères, il grandit entre Ziguinchor et la Guinée-Bissau, ballotté entre plusieurs familles.
À Grand-Dakar, il se lie d’amitié avec la famille Sonko, une relation aujourd’hui mise à rude épreuve par son acte. Avec le temps, ses blessures psychologiques s’aggravent. Au point de sombrer dans l’alcoolisme et de se couper de son entourage, allant même jusqu’à déclarer sa mère morte en 1994. Pourtant, cette dernière est bien en vie. Présente dans la salle d’audience, elle écoute, impuissante, le réquisitoire du procureur contre son fils.
D’un côté, ses avocats, Me Senghor et son confrère, tentent de plaider les circonstances atténuantes. De l’autre, Me Gaoussou Bodian et Me Djiby Diagne veulent faire de ce procès un exemple, pour dissuader toute récidive. L’ancien directeur d’Ecotra joue son avenir. La sentence pourrait sceller le sort de cet homme au destin aussi brillant que tragique.
Emedia