Présent lors de la visite du ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage au barrage d’Afignam, Dr Sékouna Diatta, écologue et Directeur général de l’Agence sénégalaise de la Reforestation et de la Grande Muraille verte, a tiré la sonnette d’alarme sur l’ensablement du marigot de Bignona. Il préconise une approche écosystémique pour y remédier, tout en interpellant les populations sur leur responsabilité dans cette dégradation.
Une forêt mise en cause
Selon Dr Sekouna Diatta, l’ensablement du marigot résulte directement de la déforestation et des pratiques agricoles inadaptées. « Le marigot de Bignona est alimenté par son bassin versant, qui inclut une partie de la forêt classée de Tendouck. Or, cette forêt abrite plusieurs digues, essentielles à la régulation de l’eau », a-t-il expliqué. Il insiste sur la nécessité de réhabiliter ces infrastructures pour maintenir l’équilibre hydrique.
L’enseignant en écologie met également en lumière l’impact des activités humaines sur ce phénomène. « La coupe du bois et les feux de brousse mettent le sol à nu. Lors des fortes pluies, l’érosion lessive ces sols et transporte les sédiments jusqu’au marigot, le rendant progressivement non navigable », a-t-il déploré. D’où l’importance, selon lui, d’une gestion intégrée prenant en compte l’ensemble des composantes de l’écosystème, du barrage à la forêt.
Un plaidoyer pour les producteurs de Diatock
Au-delà de l’aspect écologique, Dr Sékouna Diatta a également défendu les intérêts des producteurs de fruits du plateau de Diatock, qui rencontrent des difficultés logistiques pour acheminer leur production. « Le barrage d’Afignam joue un rôle crucial dans la rétention de l’eau de pluie, mais les populations ont exprimé des frustrations au fil des décennies. Nous devons leur laisser du temps pour voir ce que les nouvelles autorités comptent faire », a-t-il déclaré devant le ministre Mabouba Diagne.
Par ailleurs, il a souligné l’urgence d’élargir le pont de la vallée de Diatock, actuellement trop étroit pour permettre un transport efficace des récoltes. « Faute d’infrastructures adaptées, les producteurs doivent emprunter une route plus longue et contourner la zone. Ensuite, les fruits sont transportés par pirogue avant d’inonder le marché de Ziguinchor », a-t-il expliqué, appelant à des aménagements pour fluidifier la circulation des marchandises.
Avec ces différentes problématiques, Dr Sekouna Diatta insiste sur la nécessité d’une réponse globale, intégrant à la fois la protection de l’environnement et le soutien aux acteurs économiques locaux.
Emedia