Lorsque j’ai appris que Macky Sall allait siéger au Conseil d’Administration de la Fondation Mo Ibrahim, une institution mondialement reconnue pour sa promotion de la bonne gouvernance en Afrique, j’ai d’abord cru à une mauvaise blague, un poisson d’Avril
Il convient de rappeler que la Fondation Ibrahim, fondée par le milliardaire anglo-soudanais Mohamed Ibrahim, a lancé l’indice Ibrahim de la Gouvernance en Afrique (IAG), un outil qui évalue la performance des 54 pays africains en matière de gouvernance. Cet indice, une référence dans le domaine, mesure la qualité de la gouvernance à travers divers critères, et il est censé guider les actions des dirigeants africains.
Cependant, dans le contexte actuel où le Sénégal est plongé dans le scandale de la « dette cachée » de 4000 milliards de francs CFA, sans oublier les multiples affaires de malversations liées aux fonds COVID, la présence de Macky Sall, principal responsable des dérives de gouvernance dans son propre pays, au sein de ce Conseil semble non seulement incongrue, mais aussi profondément choquante.
Il existe deux hypothèses possibles concernant cette nomination :
La Fondation Ibrahim ne serait pas au fait de la situation de la gouvernance sous Macky Sall, ce qui témoignerait d’une grave négligence dans son processus de « due diligence » et dans la vérification des antécédents des personnalités qu’elle choisit d’intégrer.
Ou, plus tristement, cette nomination s’inscrit dans un cercle de complaisance entre élites, une forme de « service-camarade » qui compromet sérieusement la crédibilité de l’indice Ibrahim de la Gouvernance.
Quoi qu’il en soit, cette situation est plus qu’inquiétante. Elle soulève de nombreuses interrogations sur l’intégrité du processus et l’indépendance de la Fondation Ibrahim. Comme on dirait dans le pays de Sir Mo Ibrahim, c’est véritablement shocking!
Emedia