
Avec une contribution record de 380 milliards de francs CFA en 2023, le secteur extractif sénégalais confirme son rôle stratégique dans l’économie nationale. Pourtant, la question de la redistribution équitable de ces ressources reste posée, notamment en ce qui concerne les collectivités territoriales. C’est ce qu’a dénoncé Thialy Faye, président de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), lors d’un atelier organisé avec les parlementaires et les acteurs de la société civile.
Selon Thialy Faye, sur les 380 milliards générés l’année dernière, 346 milliards ont été directement injectés dans le budget de l’État. Pour le premier semestre de 2024, les chiffres provisoires indiquent déjà 236 milliards mobilisés, dont 225 milliards dans les caisses publiques. « La contribution du secteur augmente chaque année, grâce à une collaboration renforcée entre l’État, les entreprises extractives et la société civile », a-t-il souligné.
Mais cette progression n’efface pas un déséquilibre persistant : les collectivités locales, souvent situées dans les zones minières, ne perçoivent que peu ou pas des bénéfices issus de l’exploitation de leurs ressources. Le président de l’ITIE rappelle que bien que des prélèvements aient été effectués à cet effet, les fonds n’ont pas été reversés. Deux arrêtés – datés de 2021 et 2022 – prévoyaient respectivement 7 et 8 milliards de francs CFA pour les collectivités territoriales. Des montants restés sans suite concrète.
« Les entreprises minières ne sont pas là pour construire des hôpitaux ou des écoles. C’est à l’État de jouer ce rôle, en mettant en place les mécanismes nécessaires pour que les retombées minières profitent aux populations locales », a insisté Thialy Faye. Il cite notamment les fonds de précompensation, les Fonds d’Appui au Développement Local (FADL), la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et la mise en œuvre du contenu local comme leviers encore sous-exploités.
Face à cette situation, l’ITIE a interpellé le Parlement et la Commission des finances pour faire avancer le plaidoyer auprès du gouvernement, et en particulier du ministre des Finances. L’objectif : garantir une redistribution plus juste des richesses extractives, à la veille de la prochaine validation du Sénégal par l’ITIE prévue en juillet 2025.
Malgré les avancées, l’enjeu demeure donc : faire en sorte que les milliards issus du sous-sol sénégalais bénéficient à ceux qui vivent à sa surface.

Emedia
Photos : Pape Doudou Diallo