Alors que les sirènes retentissent et que les systèmes de défense israéliens interceptent des menaces venues du ciel en pleine nuit, un schéma se dessine dans la stratégie balistique iranienne : la nuit comme théâtre d’attaque. Les tirs de missiles iraniens survenus à plusieurs reprises durant les heures nocturnes ne relèvent pas du hasard, mais bien d’une doctrine militaire et technologique pensée pour semer la confusion, prendre l’ennemi par surprise et provoquer la peur.
Si l’obscurité offre naturellement un avantage en matière de dissimulation, ce choix tactique repose sur bien plus que la simple invisibilité. Il résulte d’un ensemble de contraintes techniques, de nécessités opérationnelles et d’objectifs psychologiques, selon une analyse du Jerusalem Post.
Contrairement aux avions, les missiles balistiques ne peuvent pas compter sur l’oxygène de l’atmosphère pour leur propulsion. Ils doivent embarquer à la fois le carburant et l’oxydant nécessaires à la combustion, notamment lorsqu’ils atteignent des altitudes où l’oxygène se fait rare, voire inexistant.
Ce besoin fondamental divise les missiles en deux grandes catégories : ceux à carburant liquide et ceux à combustible solide — chacun ayant des implications stratégiques majeures.
Carburant liquide : une puissance vulnérable
Les missiles longue portée iraniens, à l’instar de la série Shahab, utilisent généralement du carburant liquide. Leur mise à feu nécessite une procédure de ravitaillement complexe, avec deux réservoirs distincts : l’un pour le carburant, l’autre pour l’oxydant. Cette opération est non seulement dangereuse et chronophage, mais elle exige également une infrastructure de lancement fixe et l’intervention d’équipes au sol.
Ce moment de ravitaillement représente ainsi la phase la plus vulnérable du missile, en particulier sous l’œil scrutateur des satellites ennemis et des avions de reconnaissance.
La récente salve de missiles interceptés dans la nuit du 15 juin 2025 au-dessus d’Ashkelon, capturée par les caméras de l’agence Reuters (crédit : Amir Cohen), illustre une nouvelle fois l’ampleur de cette guerre de l’ombre menée par l’Iran, où la nuit devient un champ de bataille stratégique.
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